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L'histoire de l'Afrique doit-elle être enseignée dans le secondaire aux dépenses des fondamentaux de l'hisoire de France ?

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Royaume malien au XIVe siècle - (Cliquez sur la photo)

Par Bernard Lugan

L’histoire des mondes non européens a toujours figuré dans les programmes scolaires, cependant, elle n’était pas enseignée aux dépens de l’histoire de France. De plus, cette nécessaire ouverture ne se faisait qu’à partir du moment où les fondamentaux de notre histoire étaient acquis par les élèves. Aujourd’hui, il en va tout autrement avec la réforme Darcos qui prépare le délitement de l’imaginaire historique national, ce précieux socle auquel les Français sont encore arrimés.

Les ravages commencent désormais dès la classe de 5e qui a subi des amputations insensées et même proprement « ubuesques » de son programme d’histoire. Or, ces amputations ont été rendues nécessaires afin de dégager autant de plages horaires destinées à l’étude des civilisations non européennes, qu’elles soient africaines, asiatiques ou autres. Pour ce qui concerne l’Afrique, seront ainsi étudiés plusieurs royaumes avec un point central, celui du Mali. Pour leur « faire de la place », Louis XIV a donc été relégué en toute fin de programme et il ne sera donc « survolé » que si le Monomotapa (!!!) a été vu. De même que les crédits de l’armée constituent la variable d’ajustement des déficits de l’État, l’histoire de France devient quant à elle la variable d’ajustement des apprentis sorciers du ministère de l’Éducation nationale.

Toute éducation supposant l’acquisition de fondamentaux et de connaissances de base sans lesquelles il est impossible ou vain de vouloir aller plus loin, il est donc insensé de vouloir faire apprendre l’histoire du Mali à des enfants qui ne savent pas si Napoléon a vécu avant ou après Louis XIV…Les « docteurs Folamour » du pédagogisme ne l’ignorent pas. Ils en sont même parfaitement conscients, mais ce sont d’abord des militants dont le but est de casser tous les enracinements européens considérés par eux comme susceptibles de déclencher des réactions identitaires.

Ne nous cachons pas derrière notre pouce et disons les choses clairement : le premier but de cette aberrante réforme de l’enseignement de l’histoire est de toucher le public de ces établissements mosaïques dans lesquels 30 à 40% d’élèves possédant moins de 350 mots de vocabulaire, ne sachant ni lire, ni écrire, ni même raisonner et encore moins comparer, pourrissent littéralement l’apprentissage de classes entières. Les assassins de notre mémoire espèrent, grâce à cette réforme, capter l’attention de ces auditoires « difficiles » et avant tout peu intéressés par l’histoire de France, en leur proposant une histoire sur mesure, une histoire à la carte, une histoire ethno sectorielle en quelque sorte.

Les élèves d’origine mandé-malinké de Tremblay en France seront peut-être attentifs à l’histoire de l’empire du Mali qui fut constitué par leurs ancêtres, mais il risque de ne pas en être de même avec les petits soninké de Garges les Gonesse, héritiers, eux, du royaume de Ghana qui fut détruit par les premiers… De plus, comment vont réagir les rejetons des nombreux autres peuples africains ? N’y a-t-il pas une forme de discrimination à leur égard ? En effet, pourquoi privilégier le Mali ou le Ghana et passer sous silence l’empire Luba et le royaume zulu ?

Un autre but de ce programme qui fait naturellement de continuelles références à la traite des esclaves vue comme une sorte de fil conducteur de la matière, est de tenter de faire croire aux élèves que l’histoire du monde est d’abord celle de la confrontation entre les méchants, lire les Européens, et les bons, lire les autres. L’ethno culpabilité est décidément sans limites !

De plus, et là est peut-être le plus important, l’histoire de l’Afrique a son propre temps long qui n’est pas celui de l’Europe. Elle s’appréhende avec une méthodologie particulière impliquant une maîtrise de la critique des sources orales, une connaissance approfondie de l’anthropologie, de l’archéologie, de la linguistique, etc., Or, les professeurs qui vont devoir enseigner cette histoire à leurs jeunes élèves n’ont pas été formés pour cela.

Un exemple : la connaissance que nous avons de Philippe le Bel repose sur des dizaines de milliers d’études, de thèses, de documents d’archives, de mémoires, de correspondances, de traités etc. Son contemporain, Abu Bakr II empereur du Mali (+- 1310-1312), dont l’existence n’est même pas certaine, n’est connu que par des traditions orales tronquées, des sources arabes de seconde ou même de troisième main et par une chronologie totalement erronée établie par Maurice Delafosse en 1912. L’histoire de son bref règne, s’il a véritablement eu lieu, est pourtant largement enseignée en Afrique où ce souverain est présenté comme une sorte d’explorateur conquistador parti à la tête de 2000 ou même 3000 pirogues pour découvrir les Amériques.

Les professeurs des classes de 5e qui vont devoir parler du Mali, cœur du nouveau programme, devront évidemment étudier cet empereur. Or, sont-ils formés pour expliquer à leurs élèves que l’histoire scientifique ne se construit pas sur des légendes? De plus, le seul fait, dans un cours, de consacrer le même temps d’étude à un personnage historique attesté d’une part, et à un autre, largement légendaire d’autre part, conduira automatiquement les élèves à prendre le virtuel pour la réalité, ce qu’ils sont déjà largement enclins à faire avec les jeux électroniques.

Mais allons encore au-delà et abordons l’essence même de la question. Face à ces élèves « en difficulté» (traduction en langage politiquement incorrect : enfants dont la langue maternelle n’est pas le français), les enseignants oseront-ils, sans risquer un hourvari, expliquer qu’un tel voyage n’a jamais eu lieu ? En effet, si tout est faux dans cette légende c’est parce que les Africains de l’Ouest -à la différence de ceux de l’Est-, ne pouvaient affronter la haute mer car ils ignoraient l’usage de la voile ainsi que celui de la rame et parce que leurs pirogues étaient sans quille.

Les mêmes enseignants sont-ils armés pour faire comprendre à leurs classes que pour atteindre l’Amérique, les hommes d’Abu Bakr II auraient été contraints de pagayer durant plus de mille kilomètres à travers l’océan atlantique avant de rencontrer enfin le courant des Canaries, seul susceptible de leur permettre de dériver ensuite vers l’Ouest… et cela sur 6000 km ? Enfin, seront-ils en mesure de mettre en évidence l’incohérence majeure de cette légende que certains considèrent comme une histoire vraie, à travers un exemple clair : comment l’expédition de l’empereur malien aurait-elle pu atteindre l’Amérique alors que les Africains ignoraient l’existence de l’archipel du Cap-Vert situé à 500 km « à peine » de la péninsule du Cap-Vert, point le plus occidental du littoral ouest africain contrôlé par l’Empire du Mali et qui leur barrait la voie du grand large ? En effet, cet archipel était vierge et vide d’habitants en 1450, au moment de sa découverte par le Génois Antonio Noli qui était au service du Portugal… [1]

L’enseignement de l’histoire africaine ne s’improvise pas !

Hier la méthode d’apprentissage de la lecture dite « globale » fabriqua des générations d’illettrés et de dyslexiques; la réforme des programmes d’histoire donnera quant à elle naissance à des générations de zombies incapables de rattacher des événements ou des personnages à une chronologie et ayant pour toute culture historique celle du volapük mondialisé.

Bernard Lugan – 23/09/2011

[cc] Novopress.info, 2011, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d'origine [

Commentaires

  • non , chaque pays son histoite ! GAUTHIER13

  • Cela ressemble à un canular tellement c'est grotesque, les élections approchent, alors lancer des bruits ou des idées malsaines dans ce but, puis se faire élire en matamore du genre : "Je vous ai compris, cela ne passera pas" , et le tour sera joué.
    Sinon, les parents doivent réagir durement, c'est un devoir, car tuer la mémoire des enfants pour y substituer du poison, c'est criminel et à plus ou moins long terme, la destruction de notre Civilisation, la seule Vraie, d'où découlera la souffrance des enfants de maintenant.

  • Merci à Bernard Lugan pour sa pertinente analyse de cette réforme de l’enseignement de l’histoire : il s’agit maintenant d’enseigner une histoire totalement fantasmatique à la place de l’histoire réelle, et en même temps de gommer l’histoire de France. Ainsi on voudrait faire croire que les Africains auraient découvert l’Amérique, alors qu’ils ne connaissaient pas la roue avant que les Européens l’introduisent en Afrique Noire à l’époque moderne. Cette nouvelle manœuvre de propagande échouera comme toutes les précédentes : ainsi, les politiciens auront tout essayé dans l’espoir de «pacifier » le comportement des «d’jeunes», aussi appelés «boursiers». Ils avaient commencé il y a une vingtaine d’années avec la théorie des ascenseurs qu’on ne répare pas, puis avec les banlieues déshéritées, les quartiers difficiles, les admissions d’office dans les grandes écoles, enfin la repentance : rien n’y fait ; aujourd’hui ils tentent l’enseignement d’histoires fantasmées, mensongères totalement irréelles. Le résultat sera le même : les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets !

  • @ abad: merci à Bernard Lugan, et aussi merci à vous pour votre commentaire!

    Hier, chez des amis, j'ai vu une petite fille de onze ans, qui est en 5ème dans un collège privé catholique: eh bien, elle aussi est obligée d'apprendre "les royaumes maliens"! Mais heureusement ses parents lui enseignent l'histoire de France, et comme elle est intelligente, et même brillante, tout se passe très bien! Il est indispensable que les parents regardent ce qu'on apprend à leurs enfants, toutes ces légendes sans queue ni tête, ni aucune vérité historique! Scandaleux!

  • Lugan est un historien hors-pair concernant l,histoire de l,Afrique !!
    mais il est évident une fois de plus que l,enfumage devant étre mis en place , pour remplir des petites tétes , permet au Systéme , de faire des futurs zombies , et en méme temps de détruire l,héritage historique Européen!!
    le plan.
    salutations.

  • Cela nous rappelle l histoire des "Pharaons noirs" nubiens d un interet ethnologique certain, d aucuns veulent nous faire croire qu ils sont le berceau de nos civilisations ...

  • Décée , dans feu l,empire colonial Français ,les petits Africains récitaient à l,école de la république , nos ancétres les Gaulois, dans le nouveau monde , les derniers petits blancs réciteront nos ancétres les Africains. Rires!!!
    salutations.

  • Les ressortissants du Mali causeNT plus de mali que de boni en France .

  • Au fait , la civilisation Egyptienne est enseignée au début du cycle d' études secondaires et l' Egypte se trouve bien en Afrique .

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