Les forces du nouveau régime libyen, qui disaient avoir cerné les derniers fidèles de Mouammar Kadhafi dans deux quartiers de Syrte, ont reculé de deux kilomètres jeudi sous leur feu nourri, selon un journaliste sur place.
Le Conseil national de transition (CNT), l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend la chute de Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, pour proclamer la "libération totale" du pays et reprendre ses discussions en vue de former un gouvernement chargé de gérer la transition.
"Nous avons dû nous retirer vers le QG de la police (pris mardi, près de la place centrale de la ville) et nous allons utiliser l'artillerie lourde pour frapper les forces de Kadhafi", a déclaré Hamid Neji, un combattant pro-CNT sur la nouvelle ligne de front.
"Plus tôt dans la journée, nous étions engagés dans des combats de rue, mais nous avons arrêté. Les pro-Kadhafi tirent sur nous des roquette, des mortiers et des bombes", a déclaré Faysal Bringo, un autre combattant pro-CNT qui revenait de la ligne de front.
Mais selon Rawad Friwane, chirurgien à l'hôpital de campagne situé à l'entrée ouest de Syrte, les pertes enregistrées jeudi --quatre pro-CNT tués et 40 blessés-- étaient dues en majorité à des tirs fratricides et aux balles des tireurs embusquées pro-Kadhafi toujours positionnés dans la ville.
"Il y a encore 500 combattants pro-Kadhafi dans Syrte et nos forces en ont arrêté 15 aujourd'hui" (jeudi), a affirmé Faysal Bringo, assurant que "le quartier n°3 est libérée" mais faisant toujours état de "violents combats dans les quartiers n°1 et 2", au bord de la Méditerranée dans le nord-ouest.
Le contrôle des différentes zones de la ville est toutefois régulièrement annoncé puis démenti par les diverses brigades engagées dans les combats sur les fronts Est et Ouest de Syrte.
Outre Syrte, les forces du CNT assiégeaient toujours l'oasis de Bani Walid, un autre bastion pro-Kadhafi à 170 km au sud-ouest de Tripoli.
Mais Youssef Amrou, un combattant de l'une des principales brigades engagées sur ce front, a annoncé qu'elle avait reculé d'une trentaine de kilomètres mercredi en raison d'un différend avec d'autres brigades accusées de ne respecter aucune consigne.
Le chef du comité local du CNT de Bani Walid, Al-Haj Mbarak Al Fatnani, a démenti et expliqué que les combats étaient suspendus pour préparer la prochaine offensive. Selon lui, il reste 1.500 combattants pro-Kadhafi dans Bani Walid, dont 5% des habitants n'ont pas encore fui.
Mercredi soir, des tirs de joie et des concerts de klaxon ont résonné à Tripoli et à Misrata pour saluer l'annonce de l'arrestation à Syrte de Mouatassim, l'un des fils Kadhafi, mais cette information a été démentie jeudi.
Après avoir confirmé l'arrestation mercredi soir, Abdelkarim Bizama, conseiller du chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, est revenu jeudi sur ses propos.
"A Syrte, le commandant Wissam ben Ahmed, l'un des chefs des opérations du CNT sur le front Est, a assuré que Mouatassim Kadhafi n'avait pas été arrêté.
"Mais certains prisonniers que nous avons capturés disent que (Mouammar) Kadhafi se trouve à Syrte", a-t-il ajouté. L'ancien dirigeant est en fuite depuis la chute de son QG à Tripoli le 23 août, après 42 ans au pouvoir.
Les annonces erronées ou non confirmées sur l'arrestation, la fuite ou le décès de proches de M. Kadhafi se sont multipliées ces derniers mois.
Jeudi matin, un combattant pro-CNT a raconté avoir arrêté la veille avec quatre camarades le mufti de Libye, Khaled Tantouche, plus haute autorité religieuse sous le régime Kadhafi, alors qu'il avait changé d'apparence et tentait de fuir Syrte.
Dans un rapport publié jeudi, Amnesty International (AI) a exhorté le CNT à mettre rapidement fin aux détentions arbitraires et aux mauvais traitements des prisonniers, faisant valoir que cette réminiscence du régime déchu ternissait leur image.
Nombre de prisonniers ont été battus, et "dans certains cas, il y a des preuves de tortures pour obtenir des aveux ou punir" les personnes soupçonnées de liens avec le régime déchu, tout particulièrement les Noirs, selon AI.
Sur le plan économique le gazoduc Greenstream, le seul reliant la Libye à l'Italie et à l'Europe, a été relancé jeudi, près de huit mois après sa suspension en raison du conflit, a annoncé le géant pétrolier et gazier italien ENI, qui gère ce gazoduc avec la compagnie libyenne NOC.
"NOC (National Oil Corporation) et ENI (...) ont entamé aujourd'hui les activités d'injection de gaz naturel dans le gazoduc Greenstream qui relie l'unité de traitement de Mellitah, sur la partie ouest de la côte libyenne, à Gela", en Sicile, selon un communiqué d'ENI.
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Le Nouvel Observateur - 13/10/11
Commentaires
Les bombardiers de l’OTAN n’ont pas massacré assez de libyens : ils vont devoir reprendre leurs bombardements pour venir en aide aux rebelles. Pauvre Libye : il ne restera pas une pierre debout !
L’occident mondialiste peut être fier : il a détruit l’Irak, il est en train d’essayer de détruire l’Afghanistan, et il va détruire la Libye et bientôt ce sera le tour de la Syrie. Pendant ce temps, pour compenser, il ne reste pas inactif : il détruit peu à peu l’Europe en la livrant aux émigrés et à l’Islam. Mais, par contre, son grand objectif reste un rêve : comment détruire l’Iran ?