Impassible dans son jogging bleu et rouge, l’accusé écoute le verdict sans sourciller. « De toute façon, dans un an et demi je suis dehors », murmure-t-il, l’air détaché. Hier, la cour d’assises de Paris a condamné Hicheim Garshallah à neuf ans de réclusion criminelle pour avoir transmis le virus du sida à son ancienne compagne alors qu’il se savait malade.
Entre 2000 et 2008, l’homme âgé de 34 ans — en détention depuis trois ans — a reconnu avoir eu des rapports sexuels non protégés avec au moins trois jeunes femmes. Deux d’entre elles, parties civiles lors de ce procès, n’ont pas été contaminées.
La troisième, Agnès, n’a pas eu cette chance. « C’est une peine assez lourde, mais je ne peux pas dire que je suis heureuse. On ne me rendra jamais ma vie d’avant », a commenté la victime meurtrie.
En 2000, après une vie d’errance et de toxicomanie, Hicheim, sur le point de trouver un travail stable, décide de passer le test de dépistage du VIH. Diagnostiqué séropositif, il ne prend pas la peine de se soigner. « Je me disais que j’allais mourir, quoi qu’il arrive », a soufflé l’accusé, qui assure qu’on ne l’avait « pas informé » des modalités de transmission du virus.
Quatre ans plus tard, après différentes relations sans lendemain, il rencontre Agnès dans un cybercafé. Comme avec ses autres partenaires, le malade n’utilise pas de préservatif. « Ça m’empêche d’avoir des sensations », a-t-il justifié avec un cynisme hors norme devant un auditoire médusé.
Sur la brèche, à la limite de l’agressivité lorsqu’il est pris en défaut, l’accusé finira par bredouiller quelques mots d’excuses à ses trois anciennes conquêtes. « C’était du bidon. Il n’en croyait rien », a réagi Agnès à l’issue du verdict. « L’accusé a bouleversé, fracassé les règles du vivre ensemble », a tonné l’avocat général dans son réquisitoire, évoquant des débats « lourds émotionnellement, comme une apnée au cœur d’un salaud ordinaire ». De fait, Hicheim Garshallah n’apparaît absolument pas bouleversé par le destin brisé de son ex-concubine. Le malade multiplie réponses lapidaires et provocations, allant jusqu’à arracher des soupirs dépités à son propre avocat.
Malgré la lourdeur de la peine, le condamné ne sera astreint à aucune obligation de soins. « Ce n’est pas prévu par la loi pour ce type de faits, il y a un vide juridique à combler d’urgence », a déploré Me Morain, l’avocat d’Agnès.
L’argument avait été repris par le conseil de l’accusé, Me Garbarini, qui avait demandé une requalification des faits en délit, ouvrant la voie à une prise en charge thérapeutique. « C’est un homme qui doit être soigné », a-t-il répété après le verdict, assurant que la possibilité d’un appel « mérite réflexion ».
Quant aux motivations profondes du condamné, elles resteront sans réponse. « Il voulait se venger, estime pour sa part Agnès. Lorsque je lui ai appris qu’il m’avait inoculé le sida, il m’a répondu : Et alors? Moi aussi on m’a baisé. »
Le Parisien - 29/10/11
Commentaires
"L’accusé a bouleversé, fracassé les règles du vivre ensemble », a tonné l’avocat général dans son réquisitoire "
L'accusé a porté tort à la politique du métissage ?
Quant à Agnès , no comment....
Elle a pris des risques, elle le savait.
Juridiquement, bien que ce type soit une raclure, ce n'est pas le problème , cette condamnation peut être discutée dans son principe, à mon avis.
«L’accusé a bouleversé, fracassé les règles du vivre ensemble », a tonné l’avocat général...
On croit rêver (un cauchemar) : les règles du "vivre ensemble" !
Et c'est un avocat général ?
@ téléphobe: les règles du "b.... ensemble" plutôt!
La peine me semble très faible pour cette ordure.
@ Cat: rien ne prouve qu'Agnès savait qu'il était séropositif. Si elle le savait, elle aurait dû refuser tout rapport avec lui, puisque lui refusait les préservatifs. tout de même, c'est un salaud, même si Agnès était inconsciente du danger. Lui savait qu'il était porteur du VIH.
Gaelle
Oui, il savait, mais du point de vue juridique, cela ne me parait pas aussi simple que cela , à moins qu'un article spécifique n'ait été voté sur cette question.
C'est un cas de figure passionnant pour les personnes qui s'intéressent au Droit, sans être juristes forcément.
Cela rentre dans le cas des empoisonnements avec intention de tuer, me semble-t-il.
cet individu est d,un cynisme actuel, d,ailleurs comme il le dit je vais en crever bientot, donc pour lui , plus rien à faire des autres!!
quant à l, avocat général , avec sa régle du vivre ensemble , il nous fait tristement rire!!
salutations.