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Meurtre d'Agnès: "Nous avons entendu deux grands cris"

INTERVIEW - Paul était un ami d'Agnès. Il connaissait aussi très bien Mathieu, son assassin présumé. Scolarisé au collège-lycée Cévenol en 3e, dans la même classe que la victime, il livre un témoignage terrifiant sur la tragédie, vécue de l'intérieur.

LE FIGARO. - Comment s'expliquer un tel drame?

PAUL. - Nous sommes tous persuadés qu'il a été prémédité. Mathieu a appâté Agnès avant de l'entraîner en forêt. Il avait tout prévu. Une semaine avant les faits, il est même venu nous voir pour nous demander le prix d'une bouteille d'essence. On s'était dit qu'il allait s'en servir pour recharger son briquet Zippo. Jamais personne ne se serait douté de ce qu'il allait faire. Agnès était très gentille et sociable, pas du tout timide. Bonne élève, elle était pleine de projets et voulait notamment devenir cinéaste. Elle était drôle et elle nous manque…

Personne ne s'était méfié de Mathieu?

Non, car il est assez cultivé et, en apparence, plutôt sympathique. Scolarisé en première, c'est un fana d'informatique, assez fort en hacking. Pour brouiller les pistes, il s'était inventé une vie, en nous mentant en permanence. Il disait avoir 19 ans et ne parlait jamais de son passé. Il nous avait juste raconté des problèmes rencontrés avec des consommations de stupéfiants.

Quand avez-vous éprouvé vos premiers soupçons?

Mercredi dernier, pas avant. Vers 17h30, tout le monde était revenu à l'étude. Il ne manquait qu'Agnès, ce qui n'était pas dans ses habitudes car elle était studieuse. En remarquant son absence à l'heure du dîner, on a commencé à avoir tous peur pour elle. En dépit de l'interdiction du surveillant, nous avons commencé à fouiller le domaine de notre établissement, puis nous sommes partis vers la forêt voisine.

Et alors?

Une quarantaine d'élèves, des volontaires de toutes classes confondues, ont parcouru les bois, par endroits difficiles d'accès qui s'étendent sur 18 hectares. Dans la nuit tombée, nous avons entendu de façon flagrante deux grands cris. Cela ressemblait à deux hurlements. Nous avons tenté d'aller vers cette direction mais c'était une zone infranchissable, personne ne pouvait plus avancer. Puis une odeur de brûlé est parvenue jusqu'à nous. À ce moment, nous avons cru à un feu de bois quelque part mais la panique commençait à nous gagner. Vers 20 heures, nos recherches étaient interrompues.

Vous êtes donc tous revenus au collège-lycée?

Oui. C'est à ce moment que des élèves ont surpris Mathieu en train de ressortir de la forêt. Il était seul et avait le visage caché par une écharpe. Ce n'est qu'après que l'on a vu des griffures sur sa joue. Sans rien dire, il a pris une douche pendant une heure. En ressortant, les copains ont vu qu'il n'était pas normal. Il transpirait et ne nous regardait pas dans les yeux. Il a d'abord expliqué s'être griffé le visage en tombant dans une flaque, puis à l'internat, puis dans des buissons. On a alors compris à 100% qu'il était lié à la disparition d'Agnès. On a fait part de nos doutes le lendemain au conseiller principal d'éducation qui nous a aussitôt dit de prévenir les gendarmes. Mathieu a été embarqué dans la foulée, mais on ne savait pas ce qu'on lui reprochait…

Vous ignoriez encore tout de la fin tragique d'Agnès?

Nous avons appris sa mort vendredi soir. Tous les élèves étaient réunis devant la télévision quand un responsable de l'établissement a demandé de couper le poste car il avait «quelque chose à nous dire» avant de dire «on a retrouvé un corps en forêt». Même si le prénom n'a pas été prononcé, tout le monde a compris qu'il s'agissait de notre Agnès. Pendant plusieurs heures, professeurs, membres de la direction, surveillants et élèves ont fondu en larmes. Maintenant, chacun essaie de comprendre pourquoi, et surtout comment, un assassin en puissance a été accepté parmi nous.

Le Figaro - 21/11/11

Commentaires

  • Ce récit révèle un autre dysfonctionnement du collège : «En dépit de l'interdiction du surveillant, nous avons commencé à fouiller le domaine» : un fonctionnement normal aurait été de prévenir le surveillant immédiatement et celui-ci aurait dû organiser les recherches avec l’appui de la gendarmerie ; les enfant ont fait ce qu’ils ont pu, mais cela n’a mené à rien et ils n’ont pas pu sauver Agnès alors qu’ils ont entendu son assassinat !

  • Cher abad, il l'a ligotée à un arbre, l'a violée, et l'a peut-être brûlée vive. D'où ces deux hurlements terrifiants.

    Ce collège est bien trop laxiste... D'autant plus que les élèves ne sont pas des anges au départ. La tolérance... On voit où ça mène...

    La famille a de bonnes réactions: pas de marches blanches, des actes. Et pas de récupération politique par l'UMP! Or, c'est bien ce que fait Guéant et Mercier...

  • Rectification: ce que FONT Guéant et mercier

  • Pourquoi les parents de cette toute jeune fille ont-ils mis leur enfant dans un établissement pareil, en internat? Cet établissement (voir wikipedia) est bien bizarre ...

  • Chère tania, leurs motivations exactes ne sont pas connues. Ils pensaient sans doute qu'elle serait bien, en pleine nature, que ce serait mieux que les collèges de Paris... Comment savoir?
    Personnellement, je n'y aurais jamais mis ma fille. Je ne l'aurais pas éloignée.

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