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Nouvelle journée de violences meurtrières en Egypte: 11 morts

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(Cliquez sur la photo)

LE CAIRE (Reuters) - La police égyptienne appuyée par l'armée a de nouveau entrepris dimanche soir de déloger par la force les manifestants réunis sur la place Tahrir au Caire pour réclamer aux militaires une accélération du transfert du pouvoir aux civils.

L'Egypte n'avait quasiment plus connu de telles scènes de violences depuis le renversement d'Hosni Moubarak le 11 février par un soulèvement populaire.

L'agence de presse Mena a fait état de trois morts et 192 blessés dimanche, au deuxième jour de ces violences, à un peu plus d'une semaine du début des élections législatives le 28 novembre. Ces chiffres portent à au moins cinq morts et plus d'un millier de blessés le bilan des affrontements depuis samedi.

De sources médicales, on a signalé 11 morts pour la seule journée de dimanche.

Les autorités affirment que la police n'a pas ouvert le feu sur les manifestants mais ces derniers ont brandi des cartouches, des douilles et des grenades vides de gaz lacrymogènes.

"Le peuple veut la chute du régime", ont scandé des milliers de manifestants avant et après la charge de la police, appuyée par des militaires qui étaient jusqu'à présent restés en retrait.

Tandis que la nuit tombait, les forces de sécurité sont intervenues sur la place Tahrir à coups de matraques et de grenades lacrymogènes.

Sur des images de télévision, on a pu voir un groupe de manifestants former un cordon face à la progression de la police.

"L'armée envoie ses soldats sur la place Tahrir pour aider la sûreté de l'Etat à disperser les manifestants. Ils nous cognent fort dessus", a dit un manifestant, Ragab Chemiekhi.

Les forces de sécurité ont procédé à des dizaines d'arrestations, a rapporté un témoin, ce qui n'a pas empêché les manifestants de revenir sur la place, épicentre du soulèvement de janvier et février derniers.

2.000 MANIFESTANTS À ALEXANDRIE

"Le conseil militaire se bouche les oreilles, il nous ignore, il n'en a rien à faire de nous et nous allons continuer à occuper les rues et à revendiquer nos droits. La justice finira par triompher", a dit Amal el Mohandes, 31 ans.

L'armée a pris les rênes du pays après la chute d'Hosni Moubarak et les manifestants soupçonnent les militaires d'oeuvrer en coulisses pour conserver le pouvoir tandis qu'ils supervisent le processus de transition.

Les généraux du Conseil suprême des forces armées (CSFA) démentent ces accusations et le gouvernement qu'ils ont formé a répété dimanche que les élections débuteraient bien le 28 novembre. Ce scrutin, étalé sur plusieurs semaines, doit aboutir à la formation d'une assemblée qui désignera une commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Une élection présidentielle sera ensuite organisée, certainement pas avant fin 2012.

Des manifestations ont aussi eu lieu dans d'autres villes du pays dimanche.

Plus de 2.000 personnes ont assisté aux obsèques de Bahaa el Senoussi, manifestant tué à Alexandrie. Plusieurs centaines d'entre elles se sont ensuite rassemblées devant la préfecture en criant "Les responsables du ministère de l'Intérieur sont des voyous".

Des manifestants ont aussi défilé dans l'est de l'Egypte, à Suez et Ismaïlia, et dans le nord du Sinaï, par solidarité.

Le gouvernement a tenu une réunion extraordinaire ce dimanche avec les membres du Conseil suprême des forces armées.

"Le gouvernement est décidé à procéder à des élections à la date prévue", a-t-il dit dans un communiqué diffusé après cette réunion et repris à la télévision publique.

Au Caire, les heurts ont éclaté samedi lorsque les policiers ont tenté une première fois d'évacuer les quelque 500 manifestants qui se trouvaient toujours sur la place, au lendemain d'une grande manifestation qui avait réuni 50.000 personnes.

"PRATIQUES DE L'ANCIEN RÉGIME"

"Nous sommes au bord du danger", a dit le général Mohsen Fangary, membre du CSFA. "Ceux qui demandent la chute du gouvernement demandent la chute de l'Etat."

Les Frères musulmans, dont le parti Liberté et justice fait figure de favori des élections, ont condamné l'intervention des forces de sécurité au Caire même si eux-mêmes s'étaient auparavant retirés de la place Tahrir. "Cela rappelle les pratiques du ministère de l'Intérieur de l'ancien régime", disent-ils dans un communiqué.

Mohamed ElBaradeï et Abdallah al Achaal, tous deux candidats potentiels à l'élection présidentielle, ont dénoncé les violences contre les manifestants et réclamé la formation d'un gouvernement de salut national, a rapporté l'agence de presse Mena.

Par la voix de Catherine Ashton, sa représentante diplomatique, l'Union européenne a invité les autorités égyptiennes à mettre fin aux violences contre les manifestants et à garantir le bon déroulement de la transition vers la démocratie.

Catherine Ashton a fait part de sa "profonde préoccupation" et a demandé le respect des droits de l'homme dans les opérations de maintien de l'ordre.

La manifestation de vendredi, rassemblant islamistes et libéraux, visait à dénoncer des dispositions du projet de réforme constitutionnelle du gouvernement.

Le texte incriminé accorderait à l'armée une autorité exclusive sur la gestion de ses affaires et de son budget et lui confierait des pouvoirs étendus dans le domaine de la sécurité nationale.

Ces projets ont été amendés mais pas suffisamment aux yeux des manifestants.

A l'issue de la réunion ministérielle de dimanche, le vice-Premier ministre, Ali al Silmi, a prévenu: "Nous ne reculerons pas sur les derniers amendements proposés au texte constitutionnel."

Jean-Philippe Lefief et Bertrand Boucey pour le service français

Yahoo!Actu - 21/11/11

Commentaires

  • Aussi en Égypte, mais concernant la Syrie :

    - « Le Caire: une délégation syrienne tabassée par des opposants au régime d'Assad »

    http://fr.rian.ru/world/20111120/192052273.html

    Les « démocrates » soutenus par l'occident ne sont pas très tendres. Et notre presse fort peu éloquente sur cet événement.

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