RÉACTIONS - L'ancien patron du FMI a déclaré à l'AFP «n'avoir aucun commentaire à faire» sur les révélations du New York Review of Books, qui ont relancé la thèse du complot dans l'affaire Diallo.
Le princiipal intéressé gardera pour lui ce que lui inspire l'enquête du New York Review of Books sur l'affaire Nafissatou Diallo, qui a relancé la théorie d'un complot visant à «détruire politiquement» Dominique Strauss-Kahn. Vingt-quatre heures après la publication du papier, DSK a confié à l'AFP n'avoir «aucun commentaire à faire sur les articles de M. Epstein».
Certains de ses sympathisants ont été moins discrets. Le club DSK souhaite que le parquet enquête sur ces révélations qui «viennent confirmer la possibilité d'un tracquenard politique visant à espionner, voire à éliminer le principal concurrent du chef de l'Etat avec la complicité du parti majoritaire et d'un groupe international français (le groupe Accor, proporiétaire du Sofitel)!». «Le parquet doit se procurer les fadettes des communications téléphoniques et e-mails entre l'Elysée, l'UMP et New York», ajoute ce club de partisans .
Côté majorité, on préfère railler les points soulevés. «On est en vrai fantasme. Ce n'est pas parce que DSK a égaré son téléphone qu'il y a complot», s'est moqué, dimanche, Claude Guéant sur Europe 1. Le ministre de l'Intérieur a nié avec la plus grande fermeté tout «complot» contre l'ancien patron du FMI. Les deux hommes du Sofitel qui se seraient réjouis, selon le journaliste américain, des ennuis de DSK «n'étaient pas des policiers français», a souligné le locataire de la place Beauvau. Et de conclure : «Si quelqu'un estime qu'il y a complot, il n'a qu'à déposer une plainte auprès de la justice mais qu'on arrête avec les suppositions, les rumeurs !»
Samedi déjà, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé était monté au créneau pour démentir l'implication de son parti dans une hypothétique machination. «Imaginer que ce qui serait arrivé à M. Strauss-Kahn serait l'objet de je ne sais quelle complicité de l'UMP c'est quand même un peu gros comme ficelle», a protesté le député-maire de Meaux alors que le New York Review of Books affirme que l'UMP aurait eu accès à un courriel privé de DSK adressé à Anne Sinclair via un BlackBerry qui aurait pu être piraté. «Nous sommes dans une espèce d'ambiance où se multiplient rumeurs, ragots», a déploré Jean-François Copé. « Le petit numéro sur le complot à six mois de la présidentielle, on commence à nous le servir sur tous les sujets. Je me demande si on ne devrait pas voir, pour le même prix, une certaine responsabilité de l'UMP dans l'assassinat de Kennedy (sujet sur lequel a aussi travaillé l'auteur de l'enquête, ndlr)», a-t-il ironisé. Selon les Inrocks, l'UMP réfléchirait aux «suites judiciaires à donner, notamment pour diffusion de fausses nouvelles».
Le démenti d'Accor «lui reviendra comme un boomerang»
Les révélations du New York Review of Books ont aussi scandalisé la défense de Nafissatou Diallo. Douglas Wigdor souligne qu'il est «au-delà du grotesque de dire que sa cliente a pris part à un complot d'Etat pour piéger DSK». Accor a également taclé les éléments soulevés par Edward Epstein. Le groupe affirme que les deux employés du Sofitel, filmés selon le journaliste en train se réjouir, n'apparaissent que huit secondes, et non trois minutes, sur les bandes de vidéosurveillance. Ils n'exécutent «aucune danse de joie». Interrogés par le Sofitel, ils nient que cet échange ait quelque lien que ce soit avec Monsieur Strauss-Kahn».De même, personne n'occupait la chambre 2820, proche de la suite présidentielle de Dominique Strauss-Kahn. Les clients avaient réglé la note et quitté l'hôtel au moment des faits.
Ce démenti ne perturbe pas Edward Epstein.Sur son compte twitter, le journaliste passionné par les mystères, assure que les dénégations d'Accor lui reviendront comme «un boomerang».Tous les documents sur lesquels son enquête a été basée proviennent d'une «source, une seule, qui a eu accès à l'investigation menée par le bureau du procureur, une fois la procédure pénale achevée». «Je n'ai pas dit que c'était un complot politique, mais je dirais que des gens ont voulu trouver des preuves d'un mauvais comportement de sa part de façon à faire capoter sa candidature (à la présidentielle française,ndlr), voire même son poste au FMI», décrypte le reporter. «Si c'est une affaire politique, elle est française. Ça peut venir de l'UMP, ça peut venir des services secrets, ça peut même venir de quelqu'un qui s'intéressait aux activités du FMI.» Evoquant cette fameuse scène de réjouissance ostentatoire, «j'ai tout vu, scène par scène», jure-t-il à Europe 1 et au Journal du Dimanche. «Si cette séquence de danse de la victoire est rendue publique un jour, le monde entier croira au complot». Epstein évoque aussi 26 textos échangés entre Brian Yearwood, le chef des services techniques du Sofitel et un des supposés «danseurs», et John Sheehan, le directeur de la sécurité chez Accor. En revanche, Epstein dédouane Nafissatou Diallo. «Cette pauvre femme, qui est montrée assise sur un banc, seule, en train d'attendre, n'y est sans doute pour rien».
Le Figaro - 27/11/11