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Laurent Gbagbo conteste la légalité de son transfert à La Haye

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L'ex-homme fort d'Abidjan, qui comparaît devant la CPI pour crimes contre l'humanité, dénonce un «enlèvement». 

La défense de l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, manifestement prise de cours par l'annonce subite de son transfèrement, mardi dernier, vers le siège néerlandais de la Cour pénale internationale (CPI), entend maintenant reprendre l'initiative. Me Emmanuel Altit, qui doit l'assister ce lundi lors de sa première comparution, s'est rendu vendredi à La Haye pour définir une stratégie de défense avec l'ancien chef d'État. Il dit y avoir rencontré un détenu «sous le choc» mais «résolu à dénoncer un enlèvement qui viole toutes les règles du droit international» .

S'il semble délicat pour Laurent Gbagbo de contester la compétence de la CPI - il l'a formellement reconnue en signant, le 18 avril 2003, un courrier réclamant une enquête sur la tentative de coup d'État dont il avait été la cible six mois plus tôt -, ses conseils entendent démontrer que les droits de la défense n'ont pas été respectés dans la procédure de transfèrement. À entendre Me Altit, les avocats ivoiriens de l'ex-président auraient été convoqués mardi à Korhogo, localité du Nord où il était détenu depuis son arrestation, le 11 avril, par les combattants pro-Ouattara, sous le prétexte «fallacieux» d'une audience portant sur de présumés «crimes économiques». «Sur place, ses conseils ont découvert l'existence du mandat d'arrêt international émis le 23 novembre par le procureur Ocampo. Malgré leur insistance, les magistrats de la chambre d'accusation ont refusé de recevoir leur mémoire et d'entendre leur plaidoirie. L'après-midi même, Laurent Gbagbo s'envolait pour Rotterdam avec pour tout vêtement une chemisette et un pantalon qu'il porte aujourd'hui encore», s'étonne Me Altit, qui entend demander la remise en liberté de son client.

«Justice de vainqueur» 

L'argument, dont la pertinence juridique reste à débattre devant la CPI, promet de trouver écho sur la scène politique ivoirienne, où une partie des partisans de Laurent Gbagbo boycottent le processus de réconciliation engagé par le président Ouattara. Dénonçant un «hold-up politico-juridique», ils accusent le nouveau pouvoir d'appliquer une «justice de vainqueur» visant à travers l'ancien chef d'État un adversaire politique qui, même détenu à l'autre bout de la Côte d'Ivoire, menaçait d'empoisonner les législatives convoquées le 11 décembre prochain.

Dans le camp Ouattara, on soutient au contraire que «la détention et le transfert de Laurent Gbagbo se sont effectués dans le strict respect de son intégrité physique et de ses droits». En septembre, le président ivoirien avait justifié dans un entretien au Figaro son choix de saisir la CPI, affirmant : «[Il] a plongé la Côte d'Ivoire dans une crise sans précédent qui a fait des milliers de morts. Nous n'avons pas la capacité de juger de tels crimes.» Entre l'élection présidentielle du 16 décembre 2010 et sa chute, Laurent Gbagbo est soupçonné d'avoir planifié et coordonné des exactions qui ont fait plusieurs milliers de morts. De graves exactions imputées aux partisans d'Alassane Ouattara, notamment dans l'ouest du pays, sont aussi visées par l'enquête de la CPI. À ce jour, le nouveau pouvoir ivoirien n'a pas clairement indiqué s'il accepterait de livrer d'éventuels suspects issus de son camp.

Le Figaro - 03/12/11

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