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Marseille: l'islam cherche des mosquées

Partout, les salles saturent. D'où le débat : faut-il une grande mosquée ou de plus petites dans les arrondissements ?

Lors de la grande prière du vendredi, la mosquée des Cèdres est trop petite pour accueillir tous les fidèles.

Lors de la grande prière du vendredi, la mosquée des Cèdres est trop petite pour accueillir tous les fidèles.

Photo Guillaume Ruoppolo

Le débat refait régulièrement surface. Et quand on pointe du doigt les pratiques interdites, c'est-à-dire la prière dans la rue, on montre aussitôt le centre-ville. Et pourtant, ce n'est pas dans ce secteur que l'islam est le plus à l'étroit. Non, c'est dans les cités, notamment celle du nord.

L'état des lieux

Marseille possède une demi-douzaine de mosquées dignes de ce nom, qui peuvent accueillir chacune un petit millier de fidèles (Porte d'Aix, Malaval etc.). Et, à côté, il y a les salles de prières. Une soixantaine, sans compter celles qui ne sont pas identifiées. Et ces salles ont des configurations diverses. A Marseille (l'image n'est pas fausse), on prie dans des anciennes caves, comme aux Cèdres (13e). On prie aussi dans des garages à 400 , du Parc Corot à Saint-Just, où la communauté maghrébine en possède trois et les Comoriens deux. Des garages qui ont été soit rachetés, soit offerts.

A Consolat, on s'agenouille dans l'ancien... club house du club de foot. Au Plan d'Aou, en pleine rénovation, la prière se déroule dans un immeuble vide, qui doit être détruit. Et qui n'abrite plus que trois mosquées : une comorienne, une maghrébine, une turque. Et dans la plupart des cas, ces salles sont trop petites.

Des tapis en plein air

Aux Cèdres, à l'heure de la grande prière (le vendredi à 13 h), on doit installer des tapis en plein air, sur une esplanade qui jouxte l'immeuble HLM abritant la salle. Un immeuble qui, comme à Plan d'Aou, doit être détruit. Moins d'un kilomètre plus haut, aux Oliviers, même scénario derrière le centre commercial, avec des fidèles agenouillés dans et à l'extérieur d'un local. Et à la Busserine, près de la halte ferroviaire, on étouffe tous les vendredis. Conséquence : même esplanade et mêmes tapis qu'aux Cèdres. Contrairement à ce qu'on voit au centre-ville, les imams veillent à ce que la prière ne déborde pas sur la route. Mais l'islam est bel et bien dans la rue.

De 7 à 77 ans

Combien sont-ils à prier à Marseille ? On considère qu'il y a environ 200 000 musulmans. Mais combien de vrais pratiquants ? Pour certains, autour de 70 000. D'autres mettent la barre beaucoup plus bas. En considérant que, le vendredi, les six "grandes" mosquées attirent environ 6 000 personnes et les petites salles... autant (100 pratiquants environ pour chacune des 60 salles), on arrive à 12 000 fidèles. Mais peut-être n'y en a-t-il pas plus parce que toutes les places sont prises. Quel que soit le chiffre, une chose est sûre : la pratique de l'islam se développe, les lieux de culte aussi alors qu'il n'en existait presque pas il y a 30 ans.

Les travailleurs immigrés, une bonne partie des 150 000 venus "construire la France" à la fin des années 50, priaient dans des foyers. La deuxième génération est apparue, puis la troisième. La tradition s'est transmise et, l'accès à la culture aidant, ils sont de plus en plus nombreux à pratiquer, surtout les jeunes. Et contrairement à une idée répandue, l'islam n'est pas forcément un refuge pour démunis. Ces derniers vont prier mais les classes moyenne et aisée également. Il y a quelques jours, un musulman en costume-cravate a déployé un tapis sur le parking de Grand Littoral et s'est lancé dans la prière. Tourné vers la Mecque évidemment.

La stratégie pour créer des places

Avec la construction de la grande mosquée de St-Louis (si elle voit le jour), le nombre de places devrait augmenter de près de... 50 %. C'est qu'on en prévoit 5 000 pour les hommes et un petit millier pour les femmes.

Reste que tout le monde ne voudra pas aller prier à Saint-Louis (sauf pour les grandes fêtes, les deux Aïd). Il faudra développer les lieux de cultes dans les cités, ce à quoi s'attelle la Ville, en marge du Grand Projet de Ville (GPV). Un exemple : dans le 13e, Omar Messikh et son association "La mosquée des Cèdres" vont hériter d'un terrain, à deux pas de leur salle, où ils comptent bâtir une mosquée pour environ 600 personnes.

L'association signera un bail emphytéotique et financera son édifice par des dons. "Le gros oeuvre devrait coûter autour de 750 000 , explique Omar. Et l'intérieur sera aménagé par les propres fidèles." Un fidèle électricien, un fidèle plombier, un fidèle maçon etc. "Et ce sera une mosquée pour toutes les communautés. Tous les fidèles seront les bienvenus." L'idée de la Ville est de permettre l'agrandissement des lieux de culte, comme aux Cèdres et à Saint-Mauront, mais aussi de les regrouper. Et les sortir des HLM.

Au Plan d'Aou, les trois salles ne devraient faire qu'une. Busserine-Picon doit également opérer un regroupement de trois mosquées sur un terrain de 800 m² (1 500 fidèles) sur les anciens courts de tennis. Dans le "bastion de l'islam" que sont les 13e et 14e, on semble décidé à pousser les murs. Reste à connaître le calendrier.

Fin 2013, les musulmans devraient avoir "pendu la crémaillère". Ce chantier terminé, il faudra songer à libérer les bailleurs sociaux de quelques salles illégales. Et à se pencher sur le cas de ceux qui ne sont pas vraiment à l'aise dans leurs locaux. Au Parc Corot, on aurait certainement préféré éviter les garages.

La Provence- 12/12/11

Commentaires

  • L'islam est bigleux, il y a des mosquées "en veux-tu , en voilà" au pays du Maghreb.
    Nous ne sommes pas du tout intéressés par ce non-problème.

  • turigol , non ! l,islam n,est point bigleux , mais entends bien que le territoire soit couvert de mosquées , et ceci avec la complicité des pouvoirs publics!!
    salutations.

Les commentaires sont fermés.