mercredi 21 décembre 2011
Ils sont moins de trois millions sur une population qui en compte 177. Pour cette minorité, cantonnée aux petits emplois, il n'est pas facile de vivre sa foi. Reportage dans un bidonville de la capitale.
Le petit Kallis est accroupi sur le sol poussiéreux avec des dizaines d'autres enfants. Un marteau à la main, il frappe avec application sur un clou. « J'ai une mission importante, cette année, pour Noël, dit-il avec un sourire malicieux. Je participe à la construction d'une crèche pour la colonie. » La colonie Faysal est l'un des bidonvilles chrétiens de la capitale pakistanaise, Islamabad.
Shaman Kanwal, 40 ans, supervise le travail des enfants, mais son enthousiasme est plus modéré. « Bien sûr, Noël est une fête très importante. Mais, cette année, les prix ont flambé. Comme beaucoup d'hommes ici, je suis au chômage, alors ça va être difficile d'acheter des habits aux enfants pour Noël », soupire-t-il, accolé à un mur qui surplombe une décharge à ciel ouvert.
Au Pakistan, les chrétiens - moins de 2 % de la population - sont majoritairement pauvres et occupent de petits emplois (balayeurs, chauffeurs, cuisinier).
Le blasphème puni de mort
Derrière les murs d'enceinte de la colonie résonnent les chants rythmés de l'église où des femmes, enfouies sous des voiles colorés, chantent avec ferveur. L'église est à quelques ruelles de la maison d'Asghar Masih. Il vit dans deux pièces exiguës avec ses trois enfants et sa femme. Au fond de sa chambre trône un sapin illuminé. « Nos relations avec les musulmans ne sont pas mauvaises, assure-t-il, mais, avec les mollahs, c'est autre chose : ils ne nous veulent pas de bien. Ils sont venus à l'église et ont expliqué au prêtre qu'on faisait trop de bruit quand on priait et qu'on jouait des percussions, ils ont dit : ' Le 24 décembre, il faudra être silencieux ' et tout ça, c'est plein de menaces. »
Pour les chrétiens du Pakistan, les deux dernières années ont été éprouvantes. En novembre 2010, Asiaa Bibi, une mère de famille chrétienne, a été condamnée à être pendue après avoir été accusée de blasphème par ses voisines musulmanes. Depuis, elle croupit en prison dans l'attente de son sort. Quelques rares politiciens ont pris sa défense et dénoncé la loi sur le blasphème, une loi qui punit de mort quiconque est accusé d'avoir insulté le prophète.
En janvier, le gouverneur de la province du Penjab a été tué par un policier chargé de sa protection pour avoir critiqué cette loi. Deux mois plus tard, c'est Shabaz Bhatti, le ministre chrétien des minorités religieuses, qui était assassiné en pleine rue pour la même raison.
« Cette loi n'est pas nouvelle, souligne Asghar Masih. On vit avec, on a peur bien sûr, mais on recommande à nos enfants de ne jamais parler religion avec les musulmans. »
Cette année, les percussions résonneront sans doute un peu moins fort dans le bidonville de la colonie Faysal, le soir de Noël.
Nadia BLÉTRY
Ouest-France
Commentaires
mais pour la bien-pensance européenne , cela est une situation normale, d,ailleurs certains doivent méme penser s,ils veulent étre tranquille qu,ils se convertissent à l,islam!!
salutations.
C’est au Pakistan et en Inde que la persécution des chrétiens est la pire et la plus violente ! Mais aucun grand médiat n’ose en parler, tellement ces pratiques sont contraires à la propagande officielle qu’on veut nous faire avaler !