La cité de la Visitation à Marseille - (Cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Le réseau inscrivait tout sur un petit bloc-notes. Ce document rare a été saisi par la police de la Cité phocéenne.
La police marseillaise a mis la main sur un document exceptionnel: la comptabilité d'un caïd local du trafic de stupéfiants, méticuleusement détaillée sur les feuillets d'un petit bloc-notes. Une version simplifiée des livres de comptes d'Al Capone, en somme, découverte dans les parties communes d'un immeuble annexées par les trafiquants, dans la cité de la Visitation, dans les quartiers nord de la Cité phocéenne, là où se multiplient les règlements de comptes à la kalachnikov entre jeunes de 17 à 20 ans.
Le «bénéfice», inscrit en toutes lettres par ce scribe consciencieux du commerce de cannabis et de cocaïne, dépasse les 100.000 euros par mois. Pour une seule cité! Plus d'un million d'euros d'argent sale par an, empochés «net d'impôts», dans un seul point de vente de la ville. On comprend mieux les enjeux de la guerre de la drogue à Marseille, où le nouveau préfet de police, Alain Gardère, a focalisé son action sur 25 cités sensibles.
Le gang de la Visitation a été, pour l'essentiel, mis hors d'état de nuire à la mi-novembre par l'antenne marseillaise de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS). Mais l'affaire est loin d'être terminée. Elle a donné lieu à une nouvelle arrestation cette semaine. Il y a un mois, deux des interpellés, âgés de 26 et 51 ans, avaient été présentés comme les chefs du réseau. «L'un d'eux était sans doute l'auteur des feuillets de compte», estime un policier, en attendant d'éventuelles analyses graphologiques.
«Chefs d'entreprise»
Le précieux document éclaire, en tout cas, sur la psychologie de cette nouvelle génération de voyous. «Ils brassent tellement d'argent qu'ils se rêvent désormais en chefs d'entreprise!», estime un commissaire de la PJ locale.
La demi-douzaine de membres de la bande subvenait aux besoins de familles entières. Le seul «coût de fonctionnement» du réseau s'élevait à 50.000 euros par mois, pour payer les intermédiaires et l'armée des petites mains impliquées dans le trafic. Les seules «nourrices», qui gardent la marchandise, recevaient un vrai salaire de cadre: 19.000 euros à se diviser en quatre. «De quoi ruiner la valeur du travail!», se désole un officier de police des quartiers nord.
À la Visitation, point de vente conquis de haute lutte, le réseau démantelé avait installé un véritable «drive-in» de la drogue, avec des dizaines de clients par jour. Un café servait à passer commande. Une jeune femme de 25 ans alimentait les halls d'immeuble au gré des transactions. Le client n'avait plus qu'à faire un petit crochet en voiture pour payer et être servi. La drogue était achetée en gros en Espagne, les fournisseurs répondant aux «coups de chauffe» par des approvisionnements complémentaires depuis la région parisienne.
Un limier de la PJ locale l'assure: «La Visitation n'est pas le plus gros point de vente de la ville. Certaines grosses cités font vivre quatre ou cinq lieux de deal similaires.» Le policier l'assure également: «Si les balles fusent, ces derniers temps, c'est parce que la justice a mis derrière les barreaux des caïds dont le commerce, laissé en friche, suscite des convoitises.» Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le milieu qui s'étripe à Marseille serait un signe que la police fait son travail...
Un petit commerce de drogue à « 110.950 € de bénef par mois»
Le petit livre de comptes du réseau de la Visitation, à Marseille, n'omet aucun détail. On y décrit la «paye des employés (gérant, vendeur, guetteur)», les frais de «nourriture» et les «arrangements», sous forme de «remises clients», pour un total de 31.200 euros par mois. Les «nourrices» ont perçu, dans le même temps, 19.100 euros, Pour un total de «coût de fonctionnement» du réseau chiffré à 50.300 euros par mois.
Le prix du kilo de haschich est fixé à 2250 euros. Le «bénéfice sur la coupe (passage du kilo aux morceaux» atteint 101.250 euros. Le «spé», autre produit, rapportait quant à lui «60.000 euros par mois».
Suit un petit calcul d'écolier: «60.000 + 101.250 = 161.250 - 50.300 =110.950 € de bénef par mois».
L'un des points de guet était visiblement une maternelle. Le «guetteur maternelle» touchait, en tout cas, à lui seul, 4 800 euros par mois. Celui d'une «entrée» émargeait, pour sa part, à 6 000 euros, soit 100 euros la demi-journée. Le «vendeur» et le «gérant» n'étaient pas trop gourmands, puisqu'ils ne percevaient «que» 9000 euros.
Le Figaro - 30/12/11
Commentaires
On notera que depuis plusieurs jours, avec les fêtes, on nous assomme avec les contrôles d’alcoolémie en dénonçant « l’alcool au volant ». Mais jamais on ne nous parle de « la drogue au volant », qui est bien plus dangereuse !
vu les salaires que se verse tout ce petit monde , comme le relate le policier , cà ruine la valeur du travail, surtout pour celui qui touche le smic au bout de 30 ou 40 ans de labeur!!
l,Etat, sur ces prises d,argent ,devrait en refiler aux pauvres ou boucher certains trous , au lieu de nous assommer avec la dette éternelle!!
d,ailleurs s,il y a des trafics , c,est que la demande est bien présente!!
salutations.
UN SEUL reméde : peine de mort immédiate ! là ,les iraniens ou les vietnamiens ont bien raison de faire ainsi .GAUTHIER MICHEL