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Le trajet du paquebot est désormais connu grâce aux images satellites enregistrées par une société hollandaise. On y voit le bateau pivoter à 180 degrés juste avant son échouage.
Après avoir « talonné » un rocher avec son flanc arrière gauche, le paquebot a continué sa route avant de pivoter à 180 degrés.
A 20 heures, 45 minutes et 18 secondes en temps universel. C’est très exactement l’heure à laquelle le « Costa Concordia » a percuté un rocher vendredi 13 janvier au large de l’île italienne du Giglio. Alors que les opérations de pompage du carburant de l’épave doivent débuter aujourd’hui, et que deux nouveaux corps ont été découverts lundi, on connaît désormais au mètre près les derniers instants de navigation du paquebot géant.
La société hollandaise QPS vient en effet de communiquer sur son site Internet le relevé des données dites AIS correspondant au naufrage. Ce système, à l’image du contrôle aérien dans l’aéronautique, capte en temps réel la position et la vitesse des navires. Il est basé sur un millier de stations réparties sur toute la surface du globe, dont les informations sont croisées avec celles des enregistreurs AIS embarqués à bord des bateaux. En clair : même quand le « Costa Concordia » s’est retrouvé privé d’électricité, les autres bâtiments croisant dans le secteur enregistraient sa route.
« D’ordinaire, nous gardons ces données confidentielles, explique Bert Jeeninga, le directeur général de QPS. Mais, vu l’ampleur du drame et les mauvaises interprétations qui en ont parfois été faites, nous avons décidé de les rendre publiques. » Et leur analyse est riche d’enseignements. Concrètement, après avoir « talonné » un rocher avec son flanc arrière gauche, le « Concordia » a continué sa route sur son « erre » — c’est-à-dire son élan —, avant de pivoter à 180 degrés grâce à ses hélices latérales branchées sur les générateurs de secours, pour finalement sombrer à quelques dizaines de mètres du principal port de l’île.
« Cela oblige forcément à reconsidérer le rôle du commandant, estime anonymement un spécialiste français du monde maritime. Il a fait ce qu’il y avait à faire : rallier la côte pour s’y échouer. » « Juste après l’impact, le bateau pointait vers le continent, développe de son côté Giovanni Luca Barbera, directeur pour la Méditerranée de l’armateur suédois Wallenius, cité par l’agence de presse Ansa. Puis il est reparti vers l’île », en direction d’un banc de sable et de récifs susceptibles de le stabiliser. Un choix qui ne doit, selon Barbera, rien au hasard. « Cette route ne peut avoir été dictée par le choc contre les rochers et les courants marins. C’est une opération délibérée. »
« Maintenant, nous ne pouvons pas savoir qui, dans l’équipage, a fait ce choix et réalisé la manœuvre », nuance Bert Jeeninga. Une chose est sûre : elle a vraisemblablement permis d’éviter les centaines de morts qu’aurait provoquées un naufrage dans une mer profonde dans cette zone d’une centaine de mètres.
Les résultats des tests de détection de stupéfiants sur le commandant Schettino se sont révélés négatifs.
Source Le Parisien - 24/01/12
Commentaires
"Le commandant Schettino a effectué la bonne manoeuvre et épargné des centaines de vies" certes, mais vu qu'il avait provoqué la voie d'eau par son irresponsabilité c'était la moindre des choses et son comportement ultérieur n'apparaît pas très estimable.
@ Pharamond: l'enquête n'a pas encore prouvé qu'il était responsable du choc avec l'écueil. Costa Croisières veut évidemment le rendre responsable et l'accable, mais s'il était si incapable que ça, pourquoi lui avoir donné le commandement de ce bateau?
Je ne comprends pas la prise de position dominante sur ce blog, position idéologique, qui consiste a prendre la défense du Cdt Schettino sous prétexte de l'amoralité mondialiste qui préside au choix des équipages exploités du tiers-monde, choix, certes odieux, pratiqué par tous les croisiéristes.
Je dirais ni Schettino ni exploitation.
Ce Cdt a manifestement commis une imprudence impardonnable en s approchant inconsidérément d une cote pour des raisons d arrogant panache ("l'inchino a l'isola"), projecteurs allumés, sirenes hurlantes, mais quel age mental a-t-il ?
Réponse dans son abandon du navire ... crime puni de mort du temps de la marine a voile si je ne me trompe.
Je suis d'accord, attendons la fin de l'enquête mais je ne dis pas que c'est un incapable, seulement que c'est l'épreuve qui révèle l'individu et que l'on est parfois surpris, dans un sens comme dans l'autre.
@ Pharamond: je suis bien d'accord avec vous sur ce point. Personnellement, je pense que ses nerfs ont lâché. Il y a une obligation morale pour un capitaine, celle de quitter le dernier le bateau, de ne pas l'abandonner. Francesco Schettino fait partie d'une longue lignée de marins, à Meta di Sorrento, et tous ses proches et amis cherchent à comprendre pourquoi il a ou aurait manqué à l'honneur. Je cherche à comprendre cette lâcheté, si il y a eu vraiment lâcheté de sa part.
Ce document montre qu'il a fait une bonne manoeuvre après le choc du Concordia, qu'il a eu le bon réflexe, faire échouer ce mastodonte. Cela peut être porté à son actif. Puis... que s'est-il passé? L'enquête le dira peut-être.
Il m'est pénible de penser qu'un capitaine puisse être si peu courageux, et perdre son honneur, être "la honte de l'Italie" comme certains médias italiens l'ont écrit.
Je ne suis pas d'origine italienne, mais ce qui est arrivé à cet homme me touche, je ne saurais vous dire pourquoi.
@ Décée: cette "révérence" ou "inchino" devant l'île de Giglio était demandéee par Costa croisières pour sa publicité! Schettino l'avait déjà faite les années précédentes et cela plaisait beaucoup aux passagers comme aux gens de l'île. C'était une "animation touristique" attendue.
Toutes les semaines, le Concordia venait accoster à Marseille. Ce capitaine est bien connu des pilotes marseillais, qui le jugeaient très bon marin, habile dans ses manoeuvres.
Pour l'abandon (incompréhensible) de son bateau, ce qu'il nie, je pense qu'il faut attendre les résultats de l'enquête.
S'approcher des côtes permettait en outre de faire des économies de carburant. Toutes les économies étaient bonnes, y compris celles sur un équipage comprenant 60 nationalités, qui avaient du mal à se comprendre entre elles. Ils ne parlaient pas tous anglais! C'était une vraie tour de Babel.
La compagnie Costa Croisières cherche évidemment à se défausser sur le commandant...
Je me refuse à penser a priori que ce capitaine italien ait pu être un lâche, sans aucun sens de l'honneur élémentaire.
Ce naufrage est une tragédie.
Mais qui en est réellement responsable?
Personnellement, je pense qu'il nous manque beaucoup d'éléments nécessaires pour juger de l'honneur de ce capitaine, de son comportement étrange après avoir échoué ce mastodonte au plus près de la côte, au lieu de le laisser sombrer par cent mètres de fond.
La reconstitution du trajet exact du paquebot est importante et elle apporte d’ores et déjà des éléments intéressants. Mais il faut attendre les suites de l’enquête.
Cher abad: oui la reconstitution du trajet du Concordia est importante, car le commandant le suivait depuis 2006 et passait devant l'île de Giglio pour la "saluer", comme cela se fait dans ces sortes de croisières où les "animations touristiques" sont fort prisées des passagers. Mais cette fois-ci, il y a eu ce récif immergé, qui a ouvert une brèche dans la coque. Schettino a dit que cet accueil ne figurait pas sur les cartes marines. Le sonar est-il en fonctionnement pour l'avertir de ce danger? On l'ignore.
Ce que je ne voudrais pas, c'est qu'on accable ainsi un homme, qu'on le traite de lâche (Les Italiens seraient-ils des lâches? On glisse vite vers ce genre de généralisation...) alors qu'on ne sait encore rien de précis, d'exact sur ce naufrage. Il a eu assez de sang-froid pour faire échouer le Concordia au plus près de la côté, ce qui a facilité le sauvetage de centaines de passagers en pleine panique.
Attendons le résultat del'enquête avant de le juger aussi sévérement. Les choses de la mer ne sont pas simples.