LE VIEUX CHIEN
Autrefois, enivré de ses membres robustes,
Il sautait dans la haie et griffait les arbustes,
Et ses bonds chaleureux nous fêtaient : aujourd'hui,
Son âmes humble est déjà recouverte de nuit.
Il somnole; le feu lui souffle sa fumée.
Mais quand nous approchons, sa prunelle embrumée
S'ouvre, il lève vers nous la tête avec effort,
Et cherche dans nos yeux si nous l'aimons encor.
(Extrait du recueil Les Familiers)
Un site (en construction) pour découvrir Abel Bonnard, académicien français, si scandaleusement oublié !
17/02/12
Commentaires
Merci chère Gaëlle. Ce poème est magnifique. Vous nous permettez en outre de découvrir un site que je mets tout de suite dans mes favoris.
Ce régime fait la promotion de la vulgarité et de la nullité et cache à tous nos enfants poètes et écrivains de bien grande valeur!
Espérons que le Beau et le Vrai l'emportent enfin.
impossible à notre époque d,entendre de tels auteurs!!
la médiocrité nous tient de culture.
salutations.
@ parvus: Abel Bonnard a écrit ce beau poème à l'age de 22 ans. C'était un grand écrivain. Il est mort à Madrid dans le bannissement et la tristesse de la solitude. Tous ses papiers, écrits, ont été dispersés ou détruits.
Il fallait rappeller son souvenir. En 1932, il était élu à l'Académie française, ce qui à l'époque n'était pas rien.
Le réduite à un surnom caricatural comme "gestapette", ainsi que le fait Zemmour dans la vidéo, m'a paru odieux pour sa mémoire.
@ babotchka: j'ai découvert ce site par hasard, en voulant me renseigner un peu mieux sur Abel Bonnard.
Et ce poème, ainsi que ceux sur les oiseaux, m'a enchantée et émue!
Ce site se construit. Nous allons découvrir d'autres textes, aphorismes, poèmes, de ce grand écrivain français.
Chère Gaëlle, j'avais dans mes favoris ce site:
http://abelbonnard.free.fr/oubli.htm
Serait-ce le même ou bien un autre ?
Abel Bonnard fait partie de ces écrivains que nous aimons. Il faut essayer (malgré tout, malgré EUX) de les faire connaître.
Ce poème du vieux chien est très émouvant, plein de tendresse.
Merci !
Quel poème émouvant ! je le dédie aux chiens sacrés : Pacha et Boule qui sont dans nos coeurs. Animaux chéris !
Merci, Gaëlle, de nous faire découvrir ce poème. Oui, Abel Bonnard fut un grand littérateur.
C'est beau, mais c'est si triste..
J'aime bien l'Epitaphe d'un Petit Chien de du Bellay:
http://www.bartleby.com/244/88.html
Mais sur les poetes oublies..il y en a tant d'oublies! Je les recherche tous les jours..
Charles Guerin
Albert Samain
Francois Coppee et tant d'autres...
@ Nelly: c'est la vie d'un chien, qui du printemps passe à l'hiver... C'est triste oui et non. Au moins il a été aimé, et Abel Bonnard a écrit un poème pour lui.
Merci pour votre lien. J'ai été très émue par le poème de Du Bellay et par le charmant Peloton! Comme il le décrit bien et lui redonne vie et joie !
Je vais rechercher des textes de ces poètes oubliés. Encore faut-il les trouver sur Internet. Ce qui est parfois difficile.
Amicalement
Chère tania, c'est le même site ! Que j'ai mis dans mes Favoris !
Gaelle,
Zemmour n a eu que 3 minutes pour démontrer courageusement et bien a contre-courant, que les homosexuels francais ne furent pas déportés pendant l'occupation. Ne lui en voulons pas d etre passé rapidement sur le Ministre A. Bonnard avec une formule un peu choc, je vous l accorde mais qui sert son argumentation. Il faut également rappeler que Zemmour est fin connaisseur et grand amateur de littérature francaise dont bcp pourrait jalouser le savoir en la matiere, je ne serais pas surprise qu il apprécie A. Bonnard par ailleurs.
Gaelle,
Zemmour n a eu que 3 minutes pour démontrer courageusement et bien a contre-courant, que les homosexuels francais ne furent pas déportés pendant l'occupation. Ne lui en voulons pas d etre passé rapidement sur le Ministre A. Bonnard avec une formule un peu choc, je vous l accorde mais qui sert son argumentation. Il faut également rappeler que Zemmour est fin connaisseur et grand amateur de littérature francaise dont bcp pourrait jalouser le savoir en la matiere, je ne serais pas surprise qu il apprécie A. Bonnard par ailleurs.
Il y a aussi ce magnifique texte de Céline à propos de la mort de sa chienne Bessy. Très dur à lire quand on possède comme moi une chienne de bientôt 17 ans et qu'on l'aime autant qu'un enfant...!
...le même mystère avec Bessy, ma chienne, plus tard, dans les bois, au Danemark... elle foutait le camp... je l'appelais... vas-y !... elle entendait pas !... elle était en fugue... et c'est tout!... elle passait nous frôlait tout contre... dix fois !... vingt fois !... une flèche !... et à la charge autour des arbres !... si vite vous lui voyiez plus les pattes ! bolide ! ce qu'elle pouvait de vitesse !... je pouvais l'appeler! j'existais plus!... pourtant une chienne que j'adorais... et elle aussi... je crois qu'elle m'aimait... mais sa vie animale d'abord ! pendant deux... trois heures... je comptais plus... elle était en fugue, en furie dans le monde animal, à travers futaies, prairies, lapins, biches, canards... elle me revenait les pattes en sang, affectueuse... elle est morte ici à Meudon, Bessy, elle est enterrée là, tout contre, dans le jardin, je vois le tertre... elle a bien souffert pour mourir... je crois, d'un cancer... elle a voulu mourir que là, dehors... je lui tenais la tête... je l'ai embrassée jusqu'au bout... c'était vraiment la bête splendide... une joie de la regarder... une joie à vibrer... comme elle était belle !... pas un défaut... pelage, carrure, aplomb... oh, rien n'approche dans les Concours !...
C'est un fait, je pense toujours à elle, même là dans la fièvre... d'abord je peux me détacher de rien, ni d'un souvenir, ni d'une personne, à plus forte raison d'une chienne... je suis doué fidèle... fidèle, responsable... responsable de tout!... une vraie maladie... anti-jeanfoutre... le monde vous régale !... les animaux sont innocents, même les fugueurs comme Bessy... on les abat dans les meutes... je peux dire que je l'ai bien aimée, avec ses folles escapades, je l'aurais pas donnée pour tout l'or du monde... pas plus que Bébert, pourtant le pire hargneux greffe déchireur, un tigre !... mais bien affectueux, ses moments... et terriblement attaché ! j'ai vu à travers l'Allemagne... fidélité de fauve...
A Meudon, Bessy, je le voyais, regrettait le Danemark… rien à fuguer à Meudon!… pas une biche!… peut-être un lapin?… peut-être!… je l’ai emmenée dans le bois de Saint-Cloud… qu’elle poulope un peu… elle a reniflé… zigzagué… elle est revenue presque tout de suite… deux minutes… rien à pister dans le bois de Saint-Cloud!… elle a continué la promenade avec nous, mais toute triste… c’était la chienne très robuste!… on l’avait eue très malheureuse, là-haut… vraiment la vie très atroce… des froids -25°… et sans niche!… pas pendant des jours… des mois!… des années!… la Baltique prise…
Tout d’un coup, avec nous, très bien!… on lui passait tout!… elle mangeait comme nous!… elle foutait le camp… elle revenait… jamais un reproche… pour ainsi dire dans nos assiettes elle mangeait… plus le monde nous a fait de misères plus il a fallu qu’on la gâte… elle a été!… mais elle a souffert pour mourir… je voulais pas du tout la piquer… lui faire même un petit peu de morphine… elle aurait eu peur de la seringue… je lui avait jamais fait peur… je l’ai eue, au plus mal, bien quinze jours… oh, elle se plaignait pas, mais je voyais… elle avait plus de force… elle couchait à côté de mon lit… un moment, le matin, elle a voulu aller dehors… je voulais l’allonger sur la paille… juste après l’aube… elle voulait pas comme je l’allongeais… elle a pas voulu… elle voulait être un autre endroit… du côté le plus froid de la maison et sur les cailloux… elle s’est allongée joliment… elle a commencé à râler… c’était la fin… on me l’avait dit, je le croyais pas… mais c’était vrai, elle était dans le sens du souvenir, d’où elle était venue, du Nord, du Danemark, le museau au nord, tourné nord… la chienne bien fidèle d’une façon, fidèle au bois où elle fuguait, Korsör, là-haut… fidèle aussi à la vie atroce… les bois de Meudon lui disaient rien… elle est morte sur deux… trois petits râles… oh, très discrets… sans du tout se plaindre… ainsi dire… et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue… mais sur le côté, abattue, finie… le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d’où elle venait, où elle avait souffert… Dieu sait!…
Oh, j’ai vu bien des agonies… ici… là… partout… mais de loin pas des si belles, discrètes… fidèles… ce qui nuit dans l’agonie des hommes c’est le tralala… l’homme est toujours quand même en scène… le plus simple…
Merci à babotchka pour ce très émouvant texte de Céline sur sa chienne Bessy.
Comme je comprends l'émotion qui étreint celui qui est l'ami d'un animal !
Et il faut avoir vécu ce départ, ce regard silencieux fait de renoncement, de gratitude, de pudeur muette du compagnon fidèle qui aura passé sa vie à nous aimer, à nous accompagner, qui, le moment venu nous offrira le plus doux des regards de tendresse...cet instant douloureux ô combien et en même temps, si plein de connaissance, de re-connaissance !
Je me dis parfois que certains chagrins sont si doux, si intenses qu'ils sont comme un présent offert à notre coeur.
Merci, chère tania, pour votre commentaire si juste et si touchant.
Céline était d'une extrême sensibilité, on le voit dans ce texte pudique et bouleversant.
Merci à babotchka !
Tania vous venez d'écrire de très jolies lignes. Merci.
C'est en cherchant des précisions sur la vie d'Abel Bonnard, je lis actuellement son livre sur la Chine, que je découvre votre blog. Merci d'avance de bien vouloir m'indiquer si le projet de création d'un site consacré à cet homme de lettres éminent a entre-temps pris corps.
Le seul site que j'ai trouvé à l'instant sur Internet est en construction.
Il semble qu'il n'existe pas de blog dédié à Abel Bonnard. C'est regrettable.
Cordialement
Grand merci à J.G. de Wargny de nous avoir rappelé ce post ancien de Gaelle et son émouvant poeme.
" ... et cherche dans nos yeux si nous l aimons encor."
Notre tragédie humaine est bien partagée en effet avec ces compagnons, de facon plus aigue encore, puisque eux n'ont pour nous QUE de l'amour, sans envie ni orgueil.
Sans compter leur drolerie naturelle qui nous divertit tant.
La France est le pays qui compte en Europe le plus grand nombre d'animaux domestiques et à Paris (ou Asnières), un cimetière des chiens. Je n ai jamais entendu qu'il en existe ailleurs ...
Dans ma bibliothèque "droitière", il y a une plume qui se distingue de toutes les autres par la qualité de l'écriture, c'est celle d'Abel Bonnard. Plus personne n'écrit comme lui aujourd'hui. Je vous conseille la lecture des "Modérés", le meilleur et le plus cruel réquisitoire contre les "modérés", c'est à dire les bourgeois, les libéraux, les socio-démocrates, cette masse de gens sans convictions sur les sujets essentiels.
J'en relis parfois des passages rien que pour le style de cet authentique aristocrate.
Jeune , Olivier Mathieu s'est beaucoup intéressé à Abel Bonnard . Il voulut le remettre à sa véritable place .
Le délicieux écrivain termina sa vie hors de son pays . Comme je le comprends !
Il ne le reconnaissait pas , précisant même : " Il y a trop de nègres dans ce qu'est devenu Paris ".
Rappelons ces remarques de Paul Léautaud consignées dans son précieux Journal : " Abel Bonnard et Abel Hermant ont été déclarés exclus de l'Académie française ...Moi , je vote l'exclusion de Duhamel pour niaiserie et de François Mauriac pour tartuferie ".