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Jean-Marie Le Pen: " Nicolas Sarkozy sera battu"

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Le fondateur — aujourd’hui d’honneur — du , Jean-Marie Le Pen, juge le bilan du président sortant « globalement négatif ».

a finalement eu ses signatures. Cela a été si difficile?
JEAN-MARIE LE PEN.
Oui, ça a été très dur, car le nombre de maires qui acceptent de parrainer diminue.

 

Les élus qui ont signé sont l’objet de persécutions, d’insultes, de menaces. Tous ceux qui en doutent n’avaient qu’à venir au Carré (NDLR : le siège du FN) pour le constater. Les gens n’auraient pas passé leurs samedis après-midi à téléphoner à des maires si on avait eu les signatures. J’en ai moi-même eu un qui m’a dit : « Monsieur, je reconnais que je suis un lâche : je voterai pour Marine Le Pen, mais je ne peux pas signer pour elle car j’ai une subvention à conserver pour mon chemin vicinal. » La première usine qu’il faut faire en France, c’est une usine à couilles!

La tentative de dédiabolisation du FN n’aura donc servi à rien?
Ce n’est pas le problème. Villepin n’a pas réussi à réunir 500 signatures et il n’est pas Le Pen. Lui, c’est un ancien Premier ministre! C’est difficile pour tout le monde.
Nicolas Sarkozy promet de changer le système avec des parrainages de citoyens s’il est réélu…
Ce que dit M. Sarkozy n’a aucune importance puisqu’il ne tient aucune de ses promesses. Quand un pays est décadent, il l’est dans toutes ses structures.

Pensez-vous qu’il puisse l’emporter?
Je pense que Nicolas Sarkozy sera battu. Par un candidat de remplacement, car le vrai candidat du PS, c’était Strauss-Kahn. Mais Hollande se révèle être un candidat très convenable. C’est un bon orateur. Il s’est pris un petit peu au jeu, et, bon… il fait des propositions de gauche, c’est normal.

Mélenchon remplit les salles. Pourquoi séduit-il autant?
La cour le pousse parce qu’il est d’une gauche comme elle les aime. Ce n’est pas le bourgeois gentilhomme, c’est le bourgeois méchant homme, mais c’est un bourgeois. Après avoir été un élu assez effacé, il a brusquement le démon de midi. Il se révèle en leader révolutionnaire… de façade! Il a été sénateur pendant vingt ans et n’a pas fait trembler le Sénat par ses éclats révolutionnaires. Et puis, Hollande fait une campagne sociale-démocrate. Du coup, Mélenchon est le seul à pouvoir tonitruer à gauche. C’est le cache-sexe du Parti communiste. Je l’appelle merluchon, un petit merlu, qui est le chef de l’équipe des requins qui suivent derrière.

Evoquant la guerre d’Algérie, Mélenchon a dit que vous aviez du sang jusqu’aux coudes…
Par retour du courrier, il a eu une assignation en diffamation. Raide comme balle. Et il sera condamné bien sûr.

Demain, c’est le cinquantenaire du cessez-le-feu en Algérie. La France doit-elle faire un geste vis-à-vis des Algériens?
On leur a déjà donné beaucoup. Et puis reconnaître quoi? C’est un pays qui s’est séparé de nous dans des conditions qui, de notre part, ont été abjectes contre les harkis et les pieds-noirs. Le fait d’avoir livré les harkis après les avoir désarmés est une des félonies rarissimes dans l’histoire du monde.

Marine Le Pen doit-elle s’appuyer davantage sur les fondamentaux du FN, comme l’immigration, l’insécurité?
L’immigration est un phénomène principal. C’est la tare de la Ve République, gauche et droite confondues. Avoir permis l’immigration de 12 millions d’étrangers dans notre pays et la continuation de ce flux à la cadence de 300 000 nouveaux immigrants par an modifie en profondeur la France et son identité.

Sarkozy veut réduire de moitié l’immigration légale et renégocier les accords de Schengen…
Il dit ça au bout de dix ans de pouvoir… C’est du bidon pour les gogos. Aujourd’hui, on sort les drapeaux tricolores, tout le monde chante « la Marseillaise », même Mélenchon! Le FN a fait école. Mais comment M. Sarkozy pourrait-il garder les frontières européennes alors qu’il est incapable de garder les frontières françaises?

Comment jugez-vous son bilan?
Il a ouvert les frontières comme jamais, il a été le champion du chômage et du déficit dans tous les domaines. Comme disait Georges (Marchais), c’est un bilan globalement négatif.

Quel rôle jouez-vous dans la campagne de votre fille?
Je suis parti par la porte, ce n’est pas pour entrer par la fenêtre. Marine mène sa campagne comme elle le souhaite. Moi, je fais des meetings, je donne mon avis… je suis un militant d’élite!

Vous serez candidat aux législatives?
Qui peut le dire? Je n’en ai pas l’envie.. Mais si la nécessité s’en faisait sentir, je le ferais… De toute façon, je n’ai jamais eu la notion de retraite. Je mourrai sans doute à la tâche. Si toutefois Dieu me garde ma faculté de m’exprimer, de penser, de me déplacer…

Vous redoutez la mort?
Personne n’y échappe. Ni César, ni Jean-Paul II, ni Staline, ni Hitler! J’espère y passer le plus tard possible. Moi, je me suis battu en défensif tout le temps. Toutes les guerres que j’ai faites, c’était en repli. Ce n’est pas la position la plus facile.

Vous êtes pessimiste sur l’état du pays?
Non, je suis réaliste. Si on analyse objectivement, il y a quelques raisons d’être pessimiste, comme l’émigration de nos élites ou la dette. Ce que nous avons fait, c’est la honte de notre génération. Nous avons vécu par l’emprunt, avec de l’argent qu’on sera incapables de rendre. Mais je suis d’un tempérament heureux, et puis je vais vous dire une chose très égoïste : il y a au moins 83 ans qu’ils n’auront pas. Mes enfants, mes petits-enfants ne peuvent pas en dire autant. Mais je ne suis pas insensible. Je ressens des solidarités concentriques. Moi, je n’aime pas le monde entier, encore que je puisse être ému par un petit nègre qui pleure ou un petit Chinois qui meurt de faim. Mais je n’éprouve aucun mépris parce que j’ai été camarade de combat de gens de races et de couleurs différentes. L’autre jour à la télévision, un Noir disait : « La race, ça n’existe pas. » Mais il y a bien quelque chose pour nommer ce qui nous différencie, non? On veut supprimer le mot de la Constitution? Alors là, ça arrête tout, parce que s’il n’y a plus de race, il n’y a plus de racisme (il rit).

Quelle est votre position sur les événements actuels en Syrie?
Je suis choqué par le parti pris des médias français. Il semble que les troupes de Bachar al-Assad tuent femmes et enfants alors que les troupes rebelles ne tueraient jamais personne. C’est extraordinaire, non? C’est une guerre civile. Le pouvoir réprime car s’il ne réprime pas il laissera la place aux rebelles. Or ces derniers prouvent-ils qu’ils sont légitimes? Non. Et quand ils le prouvent, comme en Libye, ça aboutit à la torture, au massacre des vaincus et à la charia…

 

Le Parisien - 18/03/12

 

 

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