Mohamed Merah était ''un marginal'' et ses sept assassinats à Montauban et Toulouse ''un acte isolé'', insiste Jamel Debbouze, qui s'indigne des amalgames faits dans cette affaire.
«C'est terrible ce qu'on est en train de faire avec cette histoire de Toulouse. Au lieu de dire que Mohamed Merah est un marginal, que son acte est un acte isolé, on lui donne une idéologie qu'il n'avait pas au départ, c'est certain»: Jamel Debbouze a réagi aux suites de l'affaire Merah, en s'indignant de certains commentaires qui ont suivi les sept assassinats de Montauban et de Toulouse et la mort du tueur, abattu par les hommes du Raid.
Le comédien, qui a grandi en banlieue, a poussé son coup de gueule dans une interview au quotidien belge Le Soir, dans le cadre de la promotion du film Sur la piste du Marsupilami, dont il est l'un des acteurs et qui sort le 4 avril. «Je les connais, les Mohamed Merah, il y en a plein, des Mohamed Merah. Mais qui ne deviennent pas des Mohamed Merah. Là, on est en train de mettre dans la tête de jeunes qui ont le potentiel de Mohamed Merah de devenir des Mohamed Merah. Car, d'un coup, ce Mohamed Merah a défié le Raid tout entier».
''N'importe qui peut basculer''
«Pour certains imbéciles, il y a une espèce de fierté et ils en font une sorte de héros. C'est là où c'est grave, où c'est dangereux. La récupération est terrible! Par Marine Le Pen, par exemple. Or, c'est con d'instrumentaliser un truc qui peut avoir des conséquences aussi dramatiques», poursuit Debbouze.
L'acteur réfute les raisons idéologiques qui auraient pu pousser Mohamed Merah à agir. Pour lui, «n'importe quel frustré est un malade potentiel, on le sait. N'importe qui peut basculer. (…) Donc, évidemment, un gamin instrumentalisé par la société –il est sorti frustré de prison; on lui a dit non pour le service militaire; on lui a dit non pour la Légion où, normalement, on accepte tout le monde–, exclu de la société, a tous les risques de basculer».
Il votera pour François Hollande
Interrogé par ailleurs sur l'élection présidentielle, Jamel Debbouze, qui avait soutenu Martine Aubry il y a quelques mois, affirme clairement ses intentions de vote: «Je suis de gauche. Je vais voter François Hollande. C'est clair et net. Je vois ce qu'on a subi ces dernières années. J'ai vu la France régresser physiquement (…). Je suis pour le socialisme, pour une certaine idée du partage. Maintenant que j'ai, je suis encore plus conscient du monde. Je suis du côté imposable mais j'ai été du côté non-imposable. Je peux vous dire que ça souffre».
L'acteur plaide notamment pour une meilleure politique de la ville et une amélioration de l'urbanisme dans les banlieues qui facilirait l'intégration: «Les cités sont toujours séparées du centre-ville par une nationale ou un fleuve. Contournez ces nationales ou ce fleuve, rasez ces cités, faites venir des zones d'activités, construisez des immeubles de trois étages avec des petits parcs arborés pas loin du centre-ville et là, vous aurez madame Françoise et monsieur Paul qui cohabiteront avec monsieur Djialo et madame Benmimoun sans avoir peur l'un de l'autre. C'est parce qu'on est séparé qu'on a peur. La dame de la Creuse, elle votera Front national parce qu'elle n'a jamais vu d'Arabes!»
Commentaires
Debbouze …. de vache ! Bon, c’est facile, mais tellement vrai!
"La dame de la Creuse, elle votera Front national parce qu'elle n'a jamais vu d'Arabes!"
Quelle chance elle a ;o)
@ téléphobe: quelle phrase stupide! C'est en fait tout le contraire qu'il se passe!
Debbouze est marocain d'origine, je crois? Il a fait je crois aussi un beau mariage. C'est une "tête", comme on dit à Marseille des gens qui pensent beaucoup...