Mélenchon: "L'insurrection citoyenne des Français est commencée !"

Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes rassemblées sur la plage du Prado à Marseille, Jean-Luc Mélenchon a plaidé pour la république sociale et une Méditerranée apaisée.

Après les grands rassemblements populaires de Paris et Toulouse, le candidat du Front de Gauche est ce samedi en meeting à Marseille AFP/Gérard Julien

Après les rassemblements de la Bastille, à Paris (18 mars) et de la place du Capitole, à Toulouse (le 5 avril), Jean-Luc Mélenchon a tenu un troisième et dernier meeting en plein air samedi après-midi sur la plage du Prado, à Marseille. Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes (120.000 selon les organisateurs), le candidat du Front de gauche a salué la mobilisation de la cité phocéenne, « la plus française des villes de la République ». « Comme vous êtes émouvants, comme vous êtes grands, comme vous êtes beaux », a dit l'ex-sénateur en ouverture d'un discours de près d'une heure et demie.

A Marseille, qui « vous dit que notre chance est le métissage », Jean-Luc Mélenchon est venu recevoir « le baiser de la Méditerranée, notre bonne mère à tous ! ». « Le socle de l'identité républicaine de la patrie est dans la Méditerranée », a-t-il déclaré. Un espace qu'il souhaite tranformer en une « zone de progrès humain commune ».

« Nous continuons à refuser obstinément l'idée morbide et paranoïaque du choc des civilisations », a-t-il proclamé. « Les peuples du Maghreb sont nos frères et nos sœurs. Il faut répéter qu'il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères ». L'hommage s'est même transformé en appel solennel lorsque le natif de Tanger (Maroc) a prié pour une réconciliation entre la France et l'Algérie : « La guerre est finie. Maintenant nous sommes en famille ! ».

Fustigeant l'interdiction du travail des « pêcheurs artisanaux » et l'autorisation « des forages dangereux pour des hydrocarbures dont nous ne voulons pas », le député européen s'en est également pris à Nicolas Sarkozy - « qui vient à Marseille uniquement pour parler de la sécurité qu'il n'est pas capable d'assurer » - et au Front national. Notre première tâche est de « mettre le rouge du drapeau loin devant le blanc », symbole de la monarchie. Les médias, dont « le plus extrémiste d'entre-eux : L'Express », n'ont pas non plus été épargnés.

S'attardant longuement sur sa « révolution citoyenne », dont la principale force « est que nos adversaires n'y comprennent rien », Jean-Luc Mélenchon était aussi et surtout venu à Marseille pour parler de son programme, sa « colère (qui) porte un nom : L'Humain d'abord ». « Nous écrivons une page de l'histoire de la gauche. Nous sommes la renaissance de cette gauche qui ne transige pas », a-t-il estimé, précisant que « nous ne sommes pas (simplement) l'addition de colères confuses ».

Pour le candidat du Front de gauche, cette saine colère débouchera sur la VIe République qui prendra la forme d'une « république sociale ». « Inéluctablement, notre heure viendra et le gouvernement du Front de gauche viendra », a-t-il assuré. Dans cette optique, Jean-Luc Mélenchon propose l'instauration d'un « droit et d'un devoir d'alerte écologique » confié aux comités hygiène sécurité et conditions de travail (HSCT). Il souhaite également mettre en place un « droit de veto des représentants du personnel sur les licenciements collectifs », la localisation du travail et les restructuration, de même qu'un « droit de préemption de la propriété de l'entreprise » et « une sécurité sociale professionnelle ».

Prédisant une attaque de la France par la finance au lendemain du second tour, le chef de file du Front de gauche est sûr d'une chose : « La France ne cèdera pas ! Nous ne sommes pas de moutons, nous ne serons pas tondus, nous rendrons les coups ! ». Pour lui, « l'insurrection citoyenne des Français est commencée ».

Raillant « l'attroupement de la Concorde et (le) rassemblement du bois » - clin d'œil aux meetings en plein air organisés dimanche par Nicolas Sarkozy place de la Concorde et François Hollande sur l'esplanade du château de Vincennes - Jean-Luc Mélenchon, qui, citant Jean Ferrat, « rêve d'un printemps ininterrompu », a appelé au rassemblement le 19 avril, pour son dernier meeting au Parc des exposition, à Paris. « La capitale verra de nouveau de quoi nous sommes capables ».

« Une déferlante populaire a envahi Marseille », avait auparavant proclamé Pierre Laurent, président du conseil national du Front de gauche, devant les dizaines de milliers de militants rassemblés sur les pelouses du Prado, « face à cette mer (la Méditerranée, ndlr) berceau de la démocratie ». Et fustigeant les attaques de Laurence Parisot et du Medef contre un programme jugé « trop cher », le secrétaire national du Parti communiste prévient : « Oui, nous allons vous coûter très cher ».

Clémentine Autain (La Fédération pour une alternative sociale et écologique), s'était quant à elle chargée de critiquer le bilan du président-sortant Nicolas Sarkozy. « Cette droite mérite une chose : c'est une bonne gauche ! Et cette gauche c'est nous ! », a-t-elle déclarée. Et déplorant le positionnement de François Hollande - le candidat du Parti socialiste a récemment déclaré dans une interview à Libération qu'il voulait être le président du « possible » plutôt que celui du « souhaitable » - Clémentine Autain répond sans trembler : « Nous sommes candidats à rendre possible le souhaitable ». Il reste désormais une semaine au Front de gauche pour convaincre les derniers « désorientés ».

Par De notre envoyé spécial à Marseille, Philippe Peter

 

France-Soir - 14/04/12