Marine Le Pen a réussi en partie son pari : recueillir aux alentours de 20 % des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle. Avec 20 % des voix, elle double presque le score de son père en 2007, qui avait à peine dépassé les 10 %. Mme Le Pen avait formulé clairement cet objectif lors de son entretien au Monde du 12 avril.
Si la candidate du FN n'est pas parvenue à réitérer l'exploit de 2002 de la qualification au second tour, il n'en demeure pas moins qu'elle s'installe en très solide troisième position, loin devant Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche (10,7%). Et à environ 5,5 points de Nicolas Sarkozy. Elle dépasse largement le score recueilli par son père, Jean-Marie Le Pen, en 2002, où il avait atteint 16,86 % des voix. Cette année, la participation est beaucoup plus importante qu'il y a dix ans, ce qui implique mécaniquement une augmentation substantielle du nombre de voix qui se sont portées sur la candidate du FN.
Agée de 43 ans, Marine Le Pen prend en outre date pour 2017, en position de force par rapport à son principal adversaire : l'UMP. De tels chiffres pour sa première campagne présidentielle en tant que candidate, ont de quoi la satisfaire. Elle était partie très tôt à l'assaut de l'Elysée - en septembre 2010 - lors de la campagne interne au FN, qu'elle désignait alors comme des "primaires".
Elle n'a pas ménagé sa peine : avec un parti aux effectifs réduits et à l'implantation locale inégale, elle a dû se démultiplier entre ses meetings hebdomadaires, ses sorties sur le terrain et les plateaux de télévision. "Ce fut une campagne professionnelle par rapport à 2002", soulignait, avant de connaître les résultats, Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du FN. Pour elle, "en 2002, c'était un vote protestataire. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas".
FAIRE "IMPLOSER LE SYSTÈME"
Que signifient ces résultats pour le FN, mais aussi pour la droite en général ? Ce succès, car c'en est un, pour le parti d'extrême droite, ouvre le champ des possibles pour une formation politique qui, jusqu'à présent, n'était pas parvenue à briser le "plafond de verre" qui se situait dans les étiages classiques du FN, à savoir entre 15 % et 16 % des voix. Avec ce score, Marine Le Pen peut espérer atteindre un autre objectif : faire "imploser le système", selon ses propres mots. Selon les cadres du parti, elle souhaite désormais se positionner comme la "chef de l'opposition".
Marine Le Pen croit en ses chances. Pas question de négocier entre les deux tours de la présidentielle pour avoir un accord avec l'UMP. Elle n'appellera à voter ni pour Nicolas Sarkozy ni pour François Hollande. Selon elle, la recomposition à droite se fera à ses conditions ou ne se fera pas. C'est en tout cas ce qu'elle déclare avec constance depuis un an et demi.
Lors des élections législatives en juin, le FN, qui espère être présent au second tour dans au moins 100 circonscriptions, bénéficiera de la dynamique présidentielle. Et exercera une pression très forte sur les élus locaux UMP. En effet, pas question, là encore, de désistement au profit de l'UMP. Avec en ligne de mire, la constitution d'un groupe parlementaire FN. A quelques jours du premier tour, Mme Le Pen ne cachait pas ses ambitions : " Je suis une chef de troupe et je veux un groupe", a-t-elle lancé, jeudi 19 avril à quelques journalistes.
DISLOCATION DE L'UMP
Les stratèges frontistes parient sur la peur de certains députés sortants, craignant pour leur réélection, et qui pourraient, dès lors se rapprocher du Front national. Ce qui pourrait aboutir à une dislocation du parti présidentiel et une recomposition autour du parti d'extrême droite, devenu, non seulement incontournable, mais surtout attractif. En effet, selon Louis Aliot, numéro deux du FN, résume cette stratégie par une métaphore empruntée au registre du rugby : "Quand on a un adversaire sous la semelle, il faut appuyer dessus."
Pour lui, "la machine qui va se gripper, c'est celle de l'UMP". Reste à savoir si la ligne officielle de l'UMP, malgré cette menace, restera le respect de la politique dite du "cordon sanitaire", qui interdit toute alliance avec le parti d'extrême droite.
Ce résultat, c'est aussi un autre pari, gagné encore une fois, de la présidente du FN. La stratégie dite de "dédiabolisation" a été conçue, d'abord, pour banaliser le FN et lui "retirer la tunique de Belzébuth", du "soupçon d'antisémitisme" qui pèse sur lui, selon les termes de Mme Le Pen. Surtout, Mme Le Pen voulait, lors de cette campagne présidentielle, élargir son électorat, en axant ses thèmes autour de l'économie, de la sortie de l'euro et de la condamnation de l'Union européenne. Autant de sujets plus ou moins ignorés par Jean-Marie Le Pen.
Toute sa première partie de campagne a donc été tournée vers la sortie de l'euro, notamment sous l'impulsion de son directeur de campagne, Florian Philippot. Une stratégie qui n'a pas recueilli l'unanimité dans son entourage proche, notamment de la part de Jean-Marie Le Pen, et qui pouvait parfois dérouter tant le ton employé était "techno". Ce virage était nécessaire selon Marine Le Pen pour apparaître comme un parti capable de gouverner et qui ne se cantonne pas à un discours de dénonciation de l'immigration et de l'insécurité. Au vu des résultats de ce soir, "l'opération crédibilité" a fonctionné.
Abel Mestre
Le Monde
Commentaires
Bien mérité ! Et c'est ce qu'on attend !
Une fois de plus les instituts de sondage téléguidés par les tenants du systéme se sont plantés.
20% des voix et pour un peu elle n'avait pas 500 signatures!
Honte à ces maires qui lui ont refusé leur parrainage. Système pourri à revoir.
Le résultat favorable aux deux autres ne vient que du fait des étrangers nantis d'un droit de vote né de l'arbitraire le plus crapuleusement anti Français.
Tous les clandestins ont été appelés à donner leur avis dans nos affaires, ces clandestins ne sont pas uniquement les inconnus officiellement, mais tous ceux qui sont franssets de papier sans l'accord du Peuple Français, aucun referendum n'a été lancé pour que la France choisisse ou non cette intrusion, une seule exception toutefois, un maire courageux a autrefois, lancé une telle action dans sa ville pourtant socialiste, et une majorité écrasante des Français avait rejeté l'invasion immigration, sous toutes ses formes.
Le préfet, au nom de la démocratie ( que de crimes en son nom justement on a commis), condamna l'action de ce maire PS.
En France on marche sur la Tête, c'est obligatoire sous peine de racisme et autre antimachin.
Ce fruit pourri a un goût très amer, il engendre une juste colère....à suivre...
@ babotchka: très juste remarque! On a tremblé pour ces 500 signatures, et les ignobles se réjouissaient!
L'UMP va s'adapter pour éviter d'être broyé.
On constate cette volonté chez Rioufol (Figaro).
Ils veulent miser sur leur représentants de la "droite populaire" (une 30 ène de personnes).
Je pense qu'au vu des scores du FN, dans les 5 prochaines années, l'UMP (sous l'impulsion d'un Co*pé certainement) va donc probablement tenter de déployer cette composante sous exploitée pour faire croire à de vraies idées frontistes dans les programmes de l'UMP.
Cela pourrait faire fera perdre 10 ans de plus à la France.
Seul une crise profonde comme en Grèce, empêcherait cette manoeuvre en cassant directement l'UMP.
L'avenir reste toutefois au FN, à terme, dans tous les cas.
Les tendances observées au cours de cette présidentielle sont irréversibles jusqu'au dénouement final.
La stratégie de Marine est une grande victoire : celle d'avoir sorti le parti de l'étiquette "extrême" (et de griller les journalistes qui l'utilisent aux yeux des citoyens).
Elle place, dans l'esprit des Français (tandis que les journalistes et les politiques, font tout, pour le maintenir dans un parti de honte), notre parti dans les trois partis capables de gouverner.
Et c'était une étape indispensable.
Preuve que Marine et son équipe ont un plan, et une vision d'échiquier de la situation, qu'ils ont une feuille de route qui justement tient très bien la route.
Marine a aussi montré une grande habileté : celle de savoir maîtriser et dominer les ruses des journalistes (notamment) en les exposant au grand jour des citoyens.
Les idées nationalistes se déploieront demain grâce à cette femme.
Cher raul, permettez-moi de vous dire que votre analyse est absolument remarquable. Merci!
Raul
bien vu!