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A Marseille, la guerre d'Algérie expliquée aux petits

 

Publié le dimanche 13 mai 2012 à 16H52

 

Depuis leur exode, 50 ans ont passé sans toujours calmer la peine et les rancoeurs des Pieds-Noirs. Hier, ils étaient 1 500 à Marseille. Leur préoccupation commune : comment transmettre leur histoire aux jeunes générations ?

Trois générations dans la même procession : Jeannine Altea-Hernandez, sa fille et ses petites-filles, Marion et Virginie

Trois générations dans la même procession : Jeannine Altea-Hernandez, sa fille et ses petites-filles, Marion et Virginie

Photo Cyril Sollier

Il suffisait hier à Marseille de se laisser glisser d'une église à l'autre, de Saint-Laurent à La Major. Cinquante ans après leur départ précipité d'Algérie, ils étaient encore près de 1 500 à oublier les douleurs de l'âge pour défiler en procession derrière les saints de leur jeunesse. Les Algérois derrière Notre-Dame d'Afrique, les Oranais, en nombre, avec Notre-Dame de Santa-Cruz. Pas d'élu mais au premier rang des processionnaires, des gosses et des minots en tee-shirts, représentants d'une génération que leurs parents et surtout leurs grands-parents aimeraient bien rattraper.

Manon a 17 ans. Elle vit à Grasse. Ce qu'elle sait de la guerre d'Algérie, c'est ce que "ma grand-mère m'a raconté". Au collège, c'était un chapitre du cours d'histoire de 3e. Elle a oublié ce que le prof lui en a dit. En revanche, elle sait tout du 19 juin 1962. Ce jour-là, Jeannine Altea, n'aurait pas dû partir de l'aéroport de La Sénia pour Marignane. "Un homme lui a donné sa place pour qu'elle parte." À son âge, "il y a des choses que je ne comprends pas. Mais c'est ma grand-mère, c'est mon histoire".

"Ne pas vivre dans le passé"

Une deuxième petite fille est présente dans la foule. L'Algérie de Jeannine, Virginie, 28 ans, Aixoise "en entend parler depuis toujours, surtout des souvenirs d'enfants, sur la façon dont on vivait là-bas, comparé à ici", dans cet immeuble du quartier de La Marine où la famille occupait tout un immeuble. "Ce serait difficile aujourd'hui de vivre les uns sur les autres. Mais nous restons avec un esprit de famille plus développé que les autres." Se sent-elle pied-noire ? "Je ne me suis jamais posée la question." Jeannine, heureuse de constater "qu'elles s'y intéressent" n'a rien gardé pour elle.

Elle en a toujours parlé aux plus jeunes. "Il ne faut pas lâcher ça. Je veux qu'on se rappelle toujours. Moi, je ne peux pas oublier." Ses petites filles compatissent mais la poussent à tourner la page : "Il faut aller de l'avant, ne pas vivre dans le passé" lui répète Virginie. Concédant : "Si mon gouvernement me demandait de tout quitter à mon tour, pour des raisons politiques, ce serait aussi très difficile."

"Transmettre la mémoire"

Plus haut dans la procession, Oriane Montaner, 17 ans, est entourée d'enfants et d'adultes dont aucun n'a tiré un trait sur l'Algérie. Pour un devoir de Première, elle a travaillé avec une copine algérienne, petite-fille d'un combattant FLN. Il était important pour elle de croiser "des points de vue différents" sur les violences et souffrances "qu'il est difficile d'imaginer aujourd'hui". La génération de ses grands-parents a disparu ou n'est plus en état de témoigner. Sa mère Ghislaine, née à Oran en 1957, a pris le relais. "Je fais partie de cette communauté de souffrance" qu'elle soigne par "une grande ouverture d'esprit". Si sa propre mère et toutes ses tantes sont atteintes d'Alzheimer, elle y voit la traduction physique des traumatismes qui les ont poursuivies toute leur vie.

Ghislaine est souvent retournée en Algérie. Après chaque voyage, "elle a parlé au fur et à mesure" à ses enfants de ce pays qui lui tient tant à coeur. Bientôt, elle emmènera Oriane là-bas. Muriel a déjà franchi le pas. Avec son père et son fils, alors âgé de 14 ans, elle est retournée à Oran. "Tous les rapatriés du groupe s'adressaient à lui comme à leur propre petit-fils." L'ado a beaucoup écouté, beaucoup visité. Devant l'émotion de ces papys et mamies se confiant à lui, il est resté silencieux. Un ado n'a pas l'habitude de voir les vieux pleurer. Les organisateurs du "cinquantenaire de l'exode" ont édité une médaille, remise hier à tous ces minots pour "transmettre la mémoire". Ils espéraient que cette cérémonie soit émouvante. Ils n'ont pas été déçus.

La Provence

Commentaires

  • mais ces jeunes qui n,ont pas connu l,Algérie Française , et connaisse plus la France Algérienne , peuvent ils (elles) étre au diapason avec les précédentes générations , vu le formatage politique médiatique passé et actuel sur la repentance , la colonisation et l,armée Française etc. . !!
    salutations.

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