Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Hommage de Hollande à Jules Ferry : 1ère polémique du quinquennat ?

 

 

L'hommage que doit rendre François Hollande mardi après-midi à Jules Ferry fait débat. Le père de l'école publique était en effet également un colonialiste convaincu.

 
Jules Ferry
 

Première sortie officielle, première polémique. En choisissant de rendre hommage à Jules Ferry, le nouveau président de la République François Hollande a réveillé un vieux débat qui avait gangréné le camp républicain à la fin du XIX siècle. Pour sa première journée en tant que chef de l'État, l'ex-candidat du Parti socialiste à la course à l'Élysée, qui sera officiellement investi mardi matin, a en effet programmé une cérémonie tout en sobriété à partir de 13h45, aux Tuileries, devant la statut de l'ancien ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts de la IIIe République (poste qu'il a occupé à trois reprises entre 1879 et 1883).

François Hollande entend par ce geste imposer les « priorités de son quinquennat » - que sont « la jeunesse », « l'éducation » et le respect de la « laïcité » - dès le premier jour de sa prise de fonction, tout en saluant la mémoire d'un fondateur de la République. Selon Vincent Peillon, probable futur ministre de l'Éducation nationale, le nouveau locataire de l'Élysée honorera donc mardi le Jules Ferry « des grandes lois scolaires, de la lettre aux instituteurs, de la scolarité obligatoire, de la laïcité, de la gratuité de l'école ». « La France républicaine s'est toujours conçue dans un rapport (...) à son école, à la raison, à l'instruction, à la liberté du jugement », a expliqué dimanche l'eurodéputé sur Radio J.

Colonialiste et raciste

Pourtant, au-delà de l'image idéalisée de fondateur de l'identité républicaine se cache un personnage bien plus ambigu. Si Jules Ferry est aujourd'hui connu pour être le père de l'école gratuite, laïque et obligatoire, cet avocat de formation aux favoris foisonnants était également un ardent défenseur de la politique coloniale française. Pis, il l'avait même justifiée en s'appuyant sur des théories raciales déjà contestées à l'époque par une partie de la classe politique, en particulier la gauche républicaine et un certain Georges Clemenceau.

Surnommé le « Tonkinois » du fait de son implication dans la mise sous tutelle progressive de ce qui prendra plus tard le nom d'Indochine, Jules Ferry avait notamment déclaré qu'« il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ». L'obsession expansionniste de l'ancien ministre de l'Instruction publique lui sera finalement fatale puisqu'il est forcé de démissionner de son poste aux Affaires étrangères à la suite de l'affaire du Tonkin en mars 1885.

Luc Ferry outré

Pour Luc Ferry, dont le fondateur de l'école publique est un lointain ancêtre, Jules Ferry fut « non seulement un grand colonisateur, mais c'est quelqu'un qui fonde la colonisation sur une vraie théorie raciste. De même qu'il faut éduquer les enfants, il faut éduquer les Africains, c'est ça l'idée ». « Si j'avais à célébrer une grande figure de la République, malgré le nom que je porte, j'aurais plutôt célébré Clemenceau que Jules Ferry », a ajouté sur France Inter l'ancien ministre de l'Éducation nationale des gouvernements Raffarin I et II.

Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), a quant à lui estimé dans un communiqué que « François Hollande peut tout à fait saluer en Jules Ferry le fondateur de l'école républicaine, mais il devrait aussi rappeler en même temps la part d'ombre de cet homme, et de toute une partie de l'histoire de France ».

À noter que François Hollande visitera également mardi l'Institut Curie où il honorera Marie Curie, prix Nobel de physique (en 1903) et de chimie (en 1911). Il se rendra par ailleurs vers 15 heures à l'Hôtel de Ville de Paris.

Par Philippe Peter
FRANCE- SOIR - 14/05/12

Commentaires

  • Curieux ces hommages :
    1) il honore un raciste colonialiste : faut le faire !
    2) Si Marie Curie mérite notre reconnaissance, il ne faut pas oublier son mari Pierre à qui elle doit tout !

  • Et le passé de tueur des langeus régionales de Ferry, il est oublié?

  • une admiration surement secréte de son oeuvre civilisatrice!
    quelle déception pour le cran et consorts!!
    salutations.

  • Ils ont beau jeu de défausser Jules Ferry de ses propos sur les races inférieures et supérieures, propos soi-disant dans l'air de son temps...
    Qui a déclaré : "Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d'attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler au progrès" ?
    Réponse : Léon BLUM en 1925 !...qui admettait donc que nous étions une "race supérieure" !

  • On pourrait parier que notre nouveau président ignorait les orientations sauvagement colonialistes de J. Ferry !
    Cette ignorance crasse de l'histoire laisse mal augurer d'un décideur politique, pire que ce que l'on imaginait ...

  • @ Décée: il est curieux tout de même qu'il soit si ignorant pour un énarque! Car de son temps, l'Histoire était une discipline enseignée avec sérieux.

  • Gaelle, il s,agit de mémoire sélective!!
    salutations.

Les commentaires sont fermés.