Par Arnaud de La Grange Mis à jour le 14/06/2012 à 14:30
Une jeune femme a été contrainte d'interrompre sa grossesse au septième mois au nom de la loi de l'enfant unique.
De notre correspondant à Pékin
La mort au seuil de la naissance. Une mère chinoise a été forcée à avorter par les autorités, au septième mois de sa grossesse. Et cette barbarie suscite une flambée d'indignation sur l'Internet chinois. Le choc est d'autant plus violent qu'une photo terrible a été postée sur le Web, celle du fœtus de sept mois sanguinolent posée près de la jeune femme étendue sur son lit d'hôpital.
Le drame s'est produit dans la province du Shaanxi, dans le nord du pays. Selon des militants des droits de l'homme, Feng Jianmei aurait été forcée à avorter car elle ne pouvait payer les 40.000 yuans (4800 euros) d'amende pour avoir enfreint la règle de l'enfant unique. Les autorités du district de Zhenping, elles, affirment que la jeune femme avait accepté l'avortement. Ses proches assurent au contraire qu'elle et son époux s'y sont opposés. Et les internautes ne croient pas un mot des dires des officiels. Ils s'insurgent avec violence contre ces actes, les comparant à ceux «des nazis ou des Japonais pendant la guerre». Un internaute de Wuhan dénonce un «crime commis au nom de la loi». Même le quotidien officiel Global Times, prompt à défendre les agissements du Parti, écrit que les avortements forcés tardifs devraient être «interdits». Tout en précisant que ces cas extrêmes ne suffisent pas à remettre en cause le principe de la politique de l'enfant unique.
Indignation nationale
Cette politique mise en place en 1980 aurait, selon Pékin, permis d'éviter 400 millions de naissances supplémentaires depuis cette date. Il y a des exceptions locales mais d'une manière générale les habitants des villes ne peuvent avoir qu'un enfant et ceux des campagnes deux lorsque le premier est une fille. Les minorités peuvent aussi avoir deux enfants. Depuis longtemps, de nombreux démographes chinois appellent à la révision de cette politique, en raison du vieillissement annoncé de la population chinoise. Elle a aussi causé un profond déséquilibre hommes-femmes (ratio de naissances de 120 garçons pour 100 filles), le choix se portant souvent sur un garçon si on ne peut avoir qu'un enfant.
Devant cette indignation nationale, les autorités centrales ont promis ce jeudi une «enquête transparente», qui sera menée par une commission spéciale. Des responsables nationaux du planning familial ont même demandé que les coupables soient punis. Les autorités locales de Zhenping se sont d'ailleurs empressées de faire disparaître de leur site Internet le communiqué selon lequel l'avortement était consenti.
Apaiser l'ire des internautes est d'autant plus important pour Pékin que l'affaire renvoie à celle si sensible de l'avocat aveugle Chen Guangcheng. La lutte contre les avortements et les stérilisations forcés était la grande cause du militant, qui a pu gagner les États-Unis le mois dernier au terme d'une crise qui a secoué les relations sino-américaines. C'est ce combat qui lui a valu le violent harcèlement des autorités locales du Shandong. L'histoire de Feng Jianmei semble montrer qu'il est loin d'être terminé.
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Le Figaro
Commentaires
Voilà un avortement qui va mettre en joie Gisèle Halimi, simone veil, et toutes les féministes : elles sont aux anges quand une femme a enfin accès à l’avortement que d’horribles réactionnaires continuent d’interdire ! Ah, la Chine quel beau pays !