Le poète français Gérard de Nerval publie une traduction du poème de Goethe dans La Bohème galante (1855). Il existe également d'autres traduction d'auteurs français, comme Charles Gounod.
- Il était un roi de Thulé
- À qui son amante fidèle
- Légua, comme souvenir d’elle,
- Une coupe d’or ciselé.
- C’était un trésor plein de charmes
- Où son amour se conservait :
- À chaque fois qu’il y buvait
- Ses yeux se remplissaient de larmes.
- Voyant ses derniers jours venir,
- Il divisa son héritage
- Mais il excepta du partage
- La coupe, son cher souvenir.
- Il fit à la table royale
- Asseoir les barons dans sa tour ;
- Debout et rangée alentour,
- Brillait sa noblesse loyale.
- Sous le balcon grondait la mer.
- Le vieux roi se lève en silence,
- Il boit, — frissonne, et sa main lance
- La coupe d’or au flot amer !
- Il la vit tourner dans l’eau noire,
- La vague en s’ouvrant fit un pli,
- Le roi pencha son front pâli…
- Jamais on ne le vit plus boire.
- (1774)
Commentaires
Merci Gaelle pour ce magnifique poeme plein de reves et des références que nous aimons.
Il faut également en admirer cette traduction, si parfaite qu'elle fait mentir l'adage italien que vous connaissez "traduttore : traditore" (traducteur égal traitre). Goethe qui était francophone y aurait vu ici son génie s y glisser tel son ame, exacte dans un nouveau corps.
Très beau poème, admirablement traduit par de Nerval. Schubert en fit une splendide mélodie que Goethe ne sut pas apprécier. Ce grand poète, qui fut pourtant, aussi, un authentique savant naturaliste et physicien, ne comprenait pas grand-chose à la musique.
Maria Callas l'interprete dans Faust:
http://www.youtube.com/watch?v=288u-gTn7kk
Très belle traduction de Gérard de Nerval!
Merci,chère Gaëlle,pour ce beau lied(un des trois lieder que Goethe fait dire à Marguerite,dans son Faust),émouvante ballade qu'elle fredonne le soir de sa première rencontre avec Faust,où Thulé est ce lieu magique situé ...quelque part...,là où l'on voit au-delà du possible!
Merci Gaëlle pour ces poésies qui nous rappellent la richesse des Lettres européennes.
Cette traduction de Nerval est tellement réussie, qu'on se demande ce que doit être l'original de Goethe que je ne connais pas ! Pas un mot de trop, un rythme naturel, une chute nette. C'est "techniquement" et "émotionnellement" parfait !
dirk, c'st une merveilleuse traduction. Je ne connais pas l'allemand, mais je pense qu'on ne pouvait guère fait mieux. Je fais entièrement confiance à Gérard de Nerval.
@ dirk: le beau et noble visage de Goethe! Notre Europe qu'on veut détruire!
Merci à vous aussi, nelly !
J'aime beaucoup Maria Callas!