Le Kosovo accède lundi à sa "pleine souveraineté" quatre ans et demi après la proclamation de son indépendance de la Serbie, mais les célébrations sont assombries par des révélations de Belgrade sur un trafic présumé d'organes durant le conflit serbo-kosovar (1998-99).
Le Groupe d'orientation sur le Kosovo (ISG, "International Steering Group"), qui a supervisé le Kosovo depuis la proclamation de son indépendance en 2008, se réunit dans l'après-midi à Pristina pour prononcer sa dissolution marquant ainsi la pleine souveraineté de ce territoire.
Mais la veille, une nouvelle polémique a éclaté entre Belgrade et Pristina après que le procureur serbe chargé des crimes de guerre eut révélé que ses services disposaient d'un témoin ayant participé au trafic présumé d'organes prélevés sur des Serbes durant le conflit du Kosovo, dont est accusée la guérilla kosovare.
Cette affaire fait également l'objet d'une enquête internationale menée par le procureur américain John Clint Williamson.
Les responsables kosovars ont constamment nié ces allégations dont les premières remontent à 2008.
Pristina a répondu par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Enver Hoxhaj, qui a dénoncé une "tentative de la Serbie de ternir un grand jour pour le Kosovo".
Au printemps 1999, pour mettre fin à la répression des forces serbes contre la guérilla indépendantiste kosovare albanaise, l'Otan avait mené des raids aériens au Kosovo et en Serbie qui se sont traduits par le départ des force serbes du Kosovo.
Puis un médiateur de l'ONU, le Finlandais Martti Ahtisaari, avait fait adopter un processus d'accession à l'indépendance du Kosovo, "sous surveillance internationale", notamment avec une administration sur place de l'ONU, processus constamment rejeté par la Serbie.
Lundi, la présidente du Kosovo, Atifete Jahjaga, s'est réjouie de la décision attendue de l'ISG, soulignant qu'ainsi, son pays remplissait "toutes les conditions pour devenir un Etat avec des perspectives claires d'intégration dans les structures euro-atlantiques".
Présent à Pristina, le sous-secrétaire adjoint du département d'Etat américain, Philip Reeker, a une nouvelle fois souligné "le soutien des Etats-Unis à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale du Kosovo sur son chemin vers l'intégration euro-atlantique".
La dissolution de l'ISG "ne représente pas la fin du puissant soutien international y compris celui des Etats-Unis" accordé au Kosovo, a-t-il ajouté.
A Belgrade, le Premier ministre serbe, Ivica Dacic, a réitéré que la Serbie ne reconnaissait pas l'indépendance du Kosovo, "qu'elle soit supervisée ou non-supervisée".
La dissolution de l'ISG qui regroupe 25 pays ayant soutenu l'indépendance du Kosovo -- dont les Etats-Unis, plusieurs Etats de l'Union européenne et la Turquie --, se traduira sur le terrain par la fermeture du Bureau civil international (ICO) dirigé par le diplomate néerlandais Peter Feith qui est également le Représentant spécial de l'UE. L'ICO jouissait de pouvoirs discrétionnaires pouvant imposer des lois ou sanctionner des responsables gouvernementaux, qu'il n'a toutefois jamais utilisés.
Qualifiée par Belgrade d'"erreur historique et tragique", la décision de l'ISG ne change toutefois rien aux missions en cours de l'Office Eulex de police et de justice de l'Union européenne, dont le mandat vient d'être prolongé jusqu'en 2014, et de la Force de l'Otan au Kosovo (Kfor).
L'indépendance du Kosovo a été reconnue par quelque 90 pays, dont la Belgique, mais la Serbie, qui s'y oppose fermement, encourage les 120.000 Serbes qui représentent 6% de la population et vivent essentiellement dans le nord du Kosovo, à braver les autorités de Pristina.
Néanmoins, l'amélioration des relations avec le Kosovo est la principale condition à remplir pour que la Serbie, qui a obtenu le statut de candidat à l'adhésion à l'UE en mars, puisse obtenir une date pour l'ouverture des négociations avec Bruxelles.
7sur7 - 10/09/12
Commentaires
Ce genre de malhonnêteté peut se reproduire avec la même audace, un peu partout, par exemple : " Le Languedoc accède à l'indépendance, son premier président est reconnu par les nations ( à la botte), il se nomme Momo "" , la France ( ce qu'il en reste) est tenue de se tenir tranquille, ses ennemis veillent.
Bis repetita placent, pas toujours.