Cette pièce de métal de 960 kg a été sortie de l'eau, hier, à la Pointe Rouge
Après un long traitement, l'ancre de 3,80 m de long sera exposée à l'entrée du musée d'Histoire.
Photo Patrick Nosetto
La sortie de l'eau hier de l'ancre du Grand Saint-Antoine, le bateau maudit qui avait amené la peste à Marseille en 1720, a été suivie avec beaucoup d'attention et d'émotion par près de 300 spectateurs réunis à l'Institut national de la plongée professionnelle (INPP) de la Pointe Rouge.
C'est en effet à l'entrée du bassin de l'institut que le précieux et imposant objet, long de 3,80 m et d'une masse de 960 kg, avait été réimmergé peu après sa découverte, en 1982, dans l'attente qu'une solution à la fois technique et financière soit trouvée pour le mettre en valeur. Une ancre qui constitue le témoignage le plus concret et le plus émouvant de la terrible épidémie qui allait emporter en quelques mois 120 000 à 160 000 Provençaux, dont 48 000 Marseillais, la moitié de la population phocéenne de l'époque...
11 000€ nécessaires à la réussite de l'opération
Invités du commandant Paul Gavarry, directeur de l'INPP, de très nombreux représentants du monde maritime local, de la plongée et de l'archéologie sous-marine étaient ainsi rassemblés autour du sénateur-maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin et du président du directoire de la Caisse d'Epargne Provence Alpes Corse, Alain Lacroix, mécène de l'opération, pour assister à la levée de l'ancre ; tous avec la ferme impression de participer à un événement d'une grande portée historique et symbolique.
On notait d'ailleurs la présence de l'archevêque de Marseille, Mgr Georges Pontier, du directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), Michel L'Hour, ou encore de l'éditrice Jeanne Laffitte. C'est en effet par son entremise qu'Alain Lacroix avait eu connaissance du projet porté par Michel Goury, pugnace président de l'Association de recherches historiques et archéologiques (Arha).
Dès lundi, l'ancre sera donc expédiée dans les ateliers de la société arlésienne A-Corros, spécialisée dans le traitement des objets métalliques menacés de corrosion, afin de subir un long processus de conservation qui devrait durer entre 16 et 18 mois. Si tout se déroule comme prévu, l'objet devrait être présenté au public à la fin de l'année 2013, installé à l'entrée du musée d'Histoire dont il constituera le totem emblématique.
Découverte au milieu des années 70 dans la crique nord-ouest de l'îlot de Jarron (archipel du Frioul), par des plongeurs qui n'avaient pu l'identifier avec précision, l'épave du Grand Saint-Antoine avait été déclarée en juin 1978 par Christian Barsacq et Daniel Moyssinat, permettant l'ouverture d'un chantier de fouilles en bonne et due forme ; chantier qui allait notamment permettre de découvrir l'imposante ancre en acier du bateau.
Une période riche d'enseignements
"Certains s'étonneront que l'on puisse se mobiliser pour sauvegarder le symbole d'un événement chargé d'autant de noirceur, indiquait Alain Lacroix dont la banque a offert les quelque 11 000 € nécessaires à la réussite de l'opération. Mais les Marseillais ont le devoir de transmettre à leurs enfants l'histoire de leur ville. Or cette période a été particulièrement riche d'enseignements en tous genres. Elle a notamment révélé des êtres exceptionnels qui par leur sacrifice, ont racheté la cupidité de beaucoup d'autres."
Quand au maire de Marseille, il soulignait que "l'événement ne pouvait pas mieux tomber, à la veille des journées du patrimoine consacrées cette année à la mise en valeur de ses éléments cachés."
La Provence
Commentaires
Il y a malheureusement une autre peste qui s'abat sur Marseille et l'Europe ! Souhaitons qu'il y ait d'autres " êtres exceptionnels qui par leur sacrifice, rachèteront la cupidité de beaucoup d'autres."
Un historien qui avait étudié les ravages de la peste en Europe avait remarqué que dans les pays de buveurs de bière, il y avait eu beaucoup moins de victimes (sans doute en raison du traitement de l'eau).
J'dis ça, j'dis rien ! :-)