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Vive émotion chez les avocats marseillais après l'assassinat de Me Raymonde Talbot

Maître Raymonde Talbot, âgée de 66 ans, a été découverte morte dans son cabinet, hier, en début de soirée

Pour le procureur de la République, Jacques Dallest

Pour le procureur de la République, Jacques Dallest "le doute est levé, il s'agit d'un homicide".

Photo Thierry Garro

Un nouveau drame a endeuillé, hier, Marseille. À deux pas de la préfecture de police. Rue Saint-Ferréol, l'artère la plus commerçante de la ville. Au troisième étage d'un immeuble, situé en face de Virgin mégastore, c'est une avocate, cette fois, qui a perdu la vie. "Il s'agit d'un homicide !", a confirmé, vers 22 heures, le procureur de la République Jacques Dallest, après plus de trois heures de vérifications pour évacuer la thèse du suicide.

Le cadavre de Raymonde Talbot, avocate âgée de 66 ans, spécialisée dans le droit à la famille et le recouvrement de créances, avait été découvert en début d'après-midi par son associé. "Il était inquiet car elle ne répondait pas à ses appels, indique une source proche de l'enquête, confiée immédiatement à la brigade criminelle de la police judiciaire de Marseille. Il s'est donc rendu au cabinet..." Me Talbot gisait à côté de son fauteuil, une plaie béante à la gorge. Une blessure mortelle.

Le médecin légiste et les techniciens de l'identité judiciaire, lors de l'examen externe du corps, mettront également en évidence des coupures au niveau des épaules, du cou et de la carotide, probablement faites au moyen d'un cutter. "Mais l'arme du crime n'a pas été retrouvée", regrettait hier Jacques Dallest. Si une autopsie sera diligentée dans les prochains jours, les causes de la mort semblent être entendues pour les enquêteurs.

"Dès que j'ai appris le drame, j'ai fermé à clé la porte de mon cabinet"

En revanche, reste le mobile. Vengeance d'ordre privé ? Crime crapuleux ? Violences mortelles liées à son activité professionnelle ? Si la victime, une mère de famille mariée à un élu de Gardanne, ne faisait pas de droit pénal, elle traitait en revanche les nombreux divorces qu'elle traitait ainsi que les cas de recouvrements de créances ont pu la conduire à recevoir un client qui aurait basculé dans le crime face à une situation désespérée. "La priorité pour l'instant est de reconstituer son emploi du temps", souligne le procureur de la République. Avec un horaire clé : 17 heures. "C'est à peu près vers 17 heures que j'ai entendu crier, témoigne une voisine. Les murs sont fins. Puis, trèsvite, les pompiers sont arrivés". Suivis des policiers, du préfet, du bâtonnier Gavaudan, du procureur de la République, du patron de la police judiciaire et de son adjoint.

L'annonce de la mort violente de cette avocate, appréciée dans le quartier, a été accueillie avec effroi par les voisins commerçants. "C'est pas possible, mais pourquoi ? Que lui a-t-on fait ?" lâche, terrifié, un ami. "C'était une femme adorable et généreuse", confie, bouleversé, un autre. "Maintenant on vient tuer une avocate dans son cabinet ! Mais ça va s'arrêter un jour ?", se désespère un passant, les bras chargés de cadeaux de Noël.

Même incompréhension chez les avocats. "Dès que j'ai appris ce drame, j'ai fermé la porte de mon cabinet à clé", confie, sous le choc, une consoeur de la victime. "Nous ne pouvons qu'être révulsés, s'indigne Caroline Pozmentier, élue à la sécurité, par un acte odieux qui ébranle une profession mais aussi toute une ville". Une ville qui, malheureusement, en a vu d'autres : deux crimes de sang en moins d'une semaine, dont celui d'un chauffeur de bus, lundi, qui venait boire un café dans un bar de Mazargues.


Le bâtonnier Jérôme Gavaudan a réuni un conseil de l'ordre exceptionnel : vive émotion chez les 1 850 avocats marseillais

Le bâtonnier Jérôme Gavaudan, chef de file des quelque 1 850 avocats marseillais, s'est immédiatement rendu sur les lieux du drame, dès qu'il a appris la triste nouvelle hier soir. Reclus dans l'appartement en compagnie du procureur de la République de Marseille Jacques Dallest et des enquêteurs de la brigade criminelle de la police judiciaire, il n'en sortira que très tard, peu avant 22 h, quand il a appris qu'il s'agissait d'un homicide.

Un mort de trop chez les robes noires, comme celui qui a coûté la vie le mois dernier, à Ajaccio, sur la route des Sanguinaires, à un avocat corse, Me Antoine Sollacaro, pénaliste très connu sur l'île de Beauté, mais qui venait aussi très souvent plaider dans les dossiers de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille. Pendant de longues heures, le bâtonnier de Marseille est resté hier attentif aux investigations menées sans cacher son émoi.

Il a vécu en direct les investigations de la police technique et scientifique en quête du moindre indice qui permettrait d'orienter définitivement les investigations. "Je tiens à exprimer, au nom du barreau de Marseille, ma profonde sympathie à la famille, aux amis, aux proches de Me Talbot. Ce drame est particulièrement désarmant et choquant. C'est d'autant plus traumatisant pour le barreau que c'était quelqu'un d'ouvert, quelqu'un qui recevait volontiers, qui pacifiait les relations".

Le bâtonnier a pris la décision de réunir un conseil de l'ordre exceptionnel à 23 h, afin d'évoquer le cas de sa consoeur décédée. "Ce n'est pas seulement l'émoi du barreau de Marseille. C'est l'émoi de tous les avocats qui s'est concentré sur Marseille ce soir. Je reçois des appels de tous les coins de France. J'en ai même reçu de la conférence des bâtonniers, qui fédère tous les avocats." L'arbre de Noël du barreau de Marseille, --700 personnes prévues-- qui devait avoir lieu aujourd'hui, a été annulé.

La Provence

Commentaires

  • on peut comprendre l,émoi dans cette profession , mais vu l,insécurité totale qui régne dans ce pays , rien d,étonnant que de tels actes et bien d,autres surviennent , et malheureusement ce n,est pas prés de finir!!
    salutations.

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