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Florence Cassez, ce n'est pas Jeanne d'Arc non plus !

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Bon, c’est la fête. On avait oublié de vous dire, Jeanne d’Arc n’est pas morte brulée à Rouen, mais vient d’être libérée du Mexique. Et accueillie en quasi chef d’État, ce jeudi, par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères qui semble, là, être assez étranger aux affaires de la France.

D’accord, soixante années de prison pour Florence Cassez, c’était sûrement un peu trop. Il faut dire aussi qu’au Mexique, on ne l’avait pas arrêtée pour trafic de cigarettes. Elle partageait la vie d’un chef de gang qui lui, a pris quasi perpète pour enlèvement ; sans compter quelques autres présomptions de meurtres à mettre au crédit de son casier, un poil plus lourd que le panier de la ménagère de moins de cinquante ans.

Il parait aussi que la pauvre petite ne savait pas ce que son coquin faisait dans la vie. Évidemment… L’homme qui partageait celle de la défunte Lolo Ferrari était quant à lui persuadé de cohabiter avec une nonne. Tout comme un certain DSK, dans sa suite du Carlton lillois, voyant débarquer deux ou trois nénettes nues sous leurs manteaux de fourrure pour lui jouer du tirlipompon sous la couette, aurait pu jurer sur les Saintes écritures qu’elles étaient bénévoles de l’Armée du Salut.

On ajoutera ensuite que notre « otage » est revenue, pour reprendre la sémantique en vogue dans les médias. Mais « otage » de qui et de quoi ? L’information tourne en boucle sur les paraboles. Mais quel rapport, « en attendant qu’elle se reconstruise », pour reprendre l’involontaire humour de Laurent Fabius, avec ces journalistes de terrain qui eux, mettent leurs idées ou leur métier au bout de leur peau. Allez, comptons large, même Ingrid Betancourt, autre idole du showbiz qui, elle au moins, prit des risques avant de se faire attraper par les FARC colombiennes. Mais Florence Cassez ?

À en croire ce que l’on voit dans le poste, elle a plutôt bonne mine, au propre comme au figuré, la petite Florence. Comme quoi le Mexique n’est pas forcément la Turquie. Ou, tout au moins l’idée qu’on s’en fait à travers des films tels que Midnight Express.

La presse mexicaine, assez peu citée en nos contrées, et c’est bien dommage, ne semble pas donner dans le panneau. « Libre mais pas innocente » pour La Razén. « Indignation des victimes, libération de Cassez » pour El Sol de Acapulco. « L’indignation du pays » pour Tabasco Hoy, équivalent d’un truc local, à mi-chemin entre Le Monde et Voici. Pour résumer, nous la voulions et ils nous l’ont rendue. Et voici l’ambiance politique ainsi décrite.

Car c’est également de politique dont il s’agit : la subite libération de Florence Cassez, nonobstant les indéniables errements des institutions mexicaines, justice et télé-réalité incluses, nous interrogent aussi quant à la manière dont Nicolas Sarkozy avait le douteux talent de vouloir tout résoudre en ce vaste monde, infirmières bulgares retenues en Libye comprises.

Tout d’abord, en prenant le Mexique pour un pays de couillons arriérés. Ce qui, après ses douteuses déclarations relatives à la justice mexicaine – venant de lui, la tortilla ne manque pas de sel, vu ce qui l’attend dans les prétoires –, est à mettre en regard de la diplomatie plus pateline de son successeur, moins agressive à l’évidence, mais en l’occurrence manifestement plus efficace.

À l’heure où ces lignes sont écrites, l’équivalente tropicale de madame Dodo la Saumure devrait donc être reçue sous les ors de la République à l’Élysée. Juste avant, juste après ou entre un autre rendez-vous avec Frigide Barjot, dont le seul crime aura été d’avoir mis plus d’un million de Français dans la rue. Non point pour avoir tenté de sauver l’avenir d’une fille un brin perdue, mais pour avoir seulement voulu assurer celui de l’institution familiale.

Entre ces deux causes, il n’y avait effectivement pas à barguigner. Et François Hollande a tranché.

Nicolas Gauthier, le 24 janvier 2013
 
BOULEVARD VOLTAIRE

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