Il a exécuté un coup d’éclat digne de figurer dans Heat, son film fétiche : Redoine Faïd s’est échappé, hier matin, de la prison de Sequedin. L’action fut rocambolesque : pose d’explosifs sur cinq portes, prise d’otages, incendie d’une voiture et disparition dans la nature. Un mandat d’arrêt a été diffusé dans l’espace Schengen (comprenant les territoires de 26 Etats européens) et une centaine de policiers ont déjà été mobilisés. En 2005, alors incarcéré pour une autre affaire, l’homme avait déjà tenté, en vain, de réaliser une évasion spectaculaire.
Aujourd’hui, la plupart des médias de la presse généraliste se contentent de quelques éléments biographiques sommaires pour dresser le portrait du fugitif : le multirécidiviste, âgé de 40 ans, est associé au profil du jeune des quartiers devenu un as du grand banditisme. On parle de lui comme d’un « ex-petit délinquant des cités », un « gamin de banlieue » : manière délicate d’évoquer, entre les lignes, sa condition de fils d’immigré maghrébin. Le Franco-Algérien Redoine Faïd a grandi effectivement dans la cité de Creil, en banlieue parisienne. Très jeune, il se fait remarquer par son succès dans le braquage de fourgons et un charisme indéniable qui suscite même l’admiration des policiers de l’Oise.
Pourtant, un élément singulier de la vie du braqueur évadé est omis aujourd’hui dans l’ensemble des commentaires de presse à son sujet : son rapport atypique avec l’Etat d’Israël. Il faut se référer aux articles parus à l’occasion de la promotion de son livre d’entretiens -publié fin 2010- pour découvrir cet aspect biographique.
Redoine Faïd a entretenu, à la fin des années 90, un lien étroit avec la mafia israélienne. A tel point qu’il avait « fait le projet », comme le rapporta Le Parisien en 2002, de se convertir au judaïsme afin de pouvoir s’installer discrètement dans l’Etat hébreu.
Le journaliste Frédéric Ploquin, proche des services de police et des institutions judiciaires, avait évoqué la question sur son blog hébergé par Marianne. A propos de sa disparition -début 2011- consécutive à un braquage raté qui s’est soldé par la mort d’une policière municipale, il écrivait ceci :
« On le disait en Israël, pays où il s’était adroitement replié lors d’une première cavale, prompt à porter la kippa et à apprendre l’hébreu.
Autodidacte du braquage, il avait vite appris, peaufinant son savoir technique auprès d’un ancien militaire israélien.
Et s’était rapidement hissé dans le petit cercle des braqueurs de fourgons blindés, l’aristocratie du crime organisé ».
Curieusement, cette mention truculente d’un fugitif prêt -dans le passé- à se fondre dans la population israélienne a été reprise par l’antenne anglophone de l’Agence France-Presse (et dans les médias anglo-saxons par la suite) mais demeure ignorée par sa contrepartie francophone.
En janvier 2011, Le Parisien était plus explicite que Marianne :
« C'était lui, le boss, il montait les équipes, voyageait en Israël pour suivre des entraînements paramilitaires et se procurer des armes de guerre et des explosifs. Le braquage du fourgon de Villepinte (Seine-Saint-Denis) en juillet 1997 marque son apogée ».
Selon ses confidences publiées en 2010, Redoine Faïd a également investi en Israël, pays pour lequel il affichait alors son admiration. Il en parle d’ailleurs la langue.
Se faire la belle en Israël
Quelques mois après la sortie de son livre, la nouvelle coqueluche des médias était à nouveau traqué par la police. Disparu de la circulation, l’homme en liberté conditionnelle était soupçonné, selon un enquêteur interrogé par Le Parisien, de s’être envolé pour Tel Aviv : « Il est susceptible de se rendre à l’étranger et notamment en Israël, comme il l’a déjà fait ». Le pari était probable au regard du passé du délinquant : en 1998, le fugitif Redoine Faïd, présent « dans une agence de voyage du quartier de l'Opéra à Paris », avait été arrêté « alors qu'il achetait des billets d'avion pour Israël ».
Détail supplémentaire : dans son livre, Redoine Faïd racontait qu’il utilisait régulièrement la Suisse comme une « excellente couverture pour aller à l’étranger » avec des« faux papiers ». Gagner Tel Aviv depuis Genève : tel pourrait être l’objectif immédiat de l’homme en cavale. Voilà qui contredirait le pari du co-animateur du site arabophobe Fdesouche : sur Twitter, le dénommé « Pierre S.» envisageait, pour Redoine Faïd, un départ vers le Maghreb, «direction le bled ». Avec une touchante naïveté, l’ultra-nationaliste semble confondre la terre d’origine et la patrie de cœur.
Oumma.com
Commentaires
aurait-il fait l,admiration des policiers Israéliens en cas de braquage et mort de policier (ére) ?? j,en doute fort!!
investir en Israel et devenir citoyen de ce pays pour ne pas risquer l,expulsion et la prison en France , tout un programme .
nos prisons sont de véritables chateaux de cartes , point de la faute des surveillants de la pénitentiaire!
à gauche certains (es) doivent applaudir ce nouveau Mandrin!!
salutations.
Pas bête ce Faid : il a compris quel est le pays fournissant les meilleurs moyens pour s’entraîner aux hold-up et au terrorisme !
Cher abad;; Merah était allé lui aussi faire un tour en Israël... Comme ça se retrouve!