Dans la nuit de mardi et mercredi, de jeunes opposants pacifiques au mariage pour tous ont été arrêtés dans Paris après une partie de cache-cache avec les forces de l'ordre pour «manifestation non-déclarée».
Après la «fête gâchée» du PSG, les policiers ont vite retrouvé des cibles plus faciles… Au jeu de la «téléportation pour tous», ils semblent encore plus habiles que les opposants au mariage gay. Ce nouveau concept, imaginé par des jeunes militants ulcérés par le «deux poids-deux mesures» entre les traitements réservés aux «manifestants pacifiques» et aux "hooligans", consiste à scander, dans des endroits fréquentés, des slogans contre la loi Taubira. Quand la police arrive, la bande se disperse, pour se «téléporter», par petits groupes, ailleurs. Dans la nuit de mardi à mercredi, selon la préfecture, «52 personnes sur... une cinquantaine» ont été interpellées pour «manifestation non-déclarée». Sans incident, précise un porte-parole, ni dégradations.
«L'opération a commencé près des Invalides, à la station Varenne, raconte Louis, qui «court plus vite que la police». Des policiers étaient là, visiblement au courant de l'opération, alors certains sont allés à Sèvres-Babylone, d'autres gare de Lyon, et on s'est retrouvés place de Carrousel, entre le Louvre et les Tuileries». Ce conseiller en défiscalisation de 29 ans, qui a déjà été arrêté 9 fois en marge de manif pour tous, a réussi à échapper aux CRS ce soir-là. Mais pas Roch, un étudiant de 21 ans, qui lui «ne faisait que regarder», à l'écart, en parlant avec deux amis. «On a vu des gens courir dans tous les sens, raconte le jeune homme. Moi, je n'ai pas compris pourquoi on m'attrapait et me menottait, mais un CRS m'a dit ‘on vous expliquera ensuite'».
Pas même le temps, pour Roch et ses deux amis, de mettre un antivol sur leurs motos. Au commissariat du XVe arrondissement, ils apprennent qu'ils sont appréhendés pour «participation à une manifestation non autorisée et entrave à la circulation». «Devant mes protestations, poursuit Roch, le capitaine, une femme, m'a dit qu'ils avaient des instructions pour ratisser large, et que je pourrais toujours porter plainte, mais cela n'aboutirait pas…»
«Créer un climat d'insubordination» parmi les policiers
Même mésaventure pour Cyril, un informaticien de 28 ans. «Je buvais un verre après le sport avec cinq amis, indique-t-il. Alors oui, on était en jogging, mais pas de la manif pour tous!». A travers les vitres du bar, ils voient arriver une dizaine de camions de CRS, gyrophares en action. «Ces clients sont sortis au mauvais moment, témoigne José, le patron du Vauban. On a eu beau dire qu'ils étaient restés chez nous à consommer, les six ont tout de même été embarqués». En compagnie de participants à la partie de cache-cache, qui évoluaient aux alentours. «Les agents de police nous ont indiqué qu'ils ne faisaient «qu'exécuter les ordres», rapporte Cyril. Au commissariat, on a passé trois heures. Il n'y a rien de grave en soi, mais on va porter plainte».
Les initiateurs de ce nouveau «jeu de potaches», eux, ne porteront pas plainte pour arrestations abusives. Ils savent très bien qu'en narguant ainsi les policiers, ils risquent de finir au poste. «L'objectif, c'est de provoquer une prise de conscience chez les policiers, explique Louis. Cette nuit-là, nous étions manifestement infiltrés par des policiers en civil n'ayant rien de mieux à faire. Ils ont été jusqu'à envoyer la BAC (brigade anticriminalité) pour courir derrière après une cinquantaine de gamins qui ne commettaient aucune dégradation!» Et selon Louis, «cela commence à marcher». «Les gendarmes et CRS nous disent qu'ils ne nous en veulent pas à nous, mais aux ordres qu'ils trouvent de plus en plus ridicules, affirme-t-il. Certains nous encouragent. On est en train de créer un climat d'insubordination: bientôt, ils diront, «stop! Je pose mon bouclier et je m'occupe des vrais criminels».
Le Figaro - 15/05/13
Commentaires
faut pas réver ! on n,est bien loin de l,époque ou l,armée refusait de tirer sur le bon peuple !!
la police est de notion républicaine , donc obéis aux ordres quand elle en service et sur le terrain , après les fonctionnaires peuvent avoir des états d,ame et voter pour le bon sens !!
salutations.