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Alain Soral à propos de la mort de Dominique Venner

 

Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

 

En ces temps de fausses rébellions et d’indignés en peau de lapin, que vous inspire le suicide de Dominique Venner qui, c’est le moins qu’on puisse dire, aura mis sa peau au bout de ses idées ?

D’abord, contrairement aux petites ordures de gauche de l’entourage de Mélenchon qui se réjouissent, par exemple, de la chute et de la blessure de Marine Le Pen, je n’aime pas trop rire ni ironiser sur la souffrance réelle d’autrui. Pour moi, la fin ne justifie pas les moyens… Vous imaginez donc bien que le suicide romain – qui nous rappelle l’acte d’un Mishima – d’un homme de conviction, même si ses convictions n’étaient pas tout à fait les miennes, m’inspire le plus grand respect. Ce sont les actes qui permettent de juger les hommes, et on n’imagine pas, malheureusement, un Daniel Cohn-Bendit se faire hara-kiri pour expier quarante ans de mensonges et de trahison politique !

Manifestement, Dominique Venner entendait provoquer un électrochoc au sein de la population. Croyez-vous qu’un pareil déclic puisse advenir et présenter une éventuelle efficacité politique ?

Malheureusement, non. Dominique Venner représentait une génération d’hommes et un combat des années soixante que peu de gens peuvent comprendre aujourd’hui, et ce d’autant plus que les médias nous abreuvent d’informations mondiales et spectaculaires de tous ordres – politiques et météorologiques – afin que plus rien n’ait de sens et que tout soit très vite oublié…

Le geste de Dominique Venner ne sera donc compris que par le petit nombre des gens conscients qui ont déjà compris. Les autres, l’immense majorité des soumis, n’y verront que « le bon débarras d’un vieux con d’extrême droite » et sont déjà passés à autre chose…

Dans votre mouvement, Égalité et Réconciliation, vous menez un combat politique qu’on peut donner pour « parallèle » à celui naguère conduit par le défunt. Lui estimait manifestement que tout était peu ou prou foutu. Êtes-vous sensible à ce « romantisme du désespoir », ou vous placez-vous dans une optique plus « optimiste » ?

Comme Dominique Venner le disait lui-même, « être c’est vouloir » : l’histoire, qui est une totalité en cours, ne s’arrête par définition jamais, et la notion de « fin de l’histoire », qu’elle soit de gauche (avec l’illusion communiste du marxisme scientifique) ou de droite (avec la naïve arrogance d’un libéralisme intégral à la Fukuyama) n’a pour moi aucun sens. Venner a décidé, par son geste, à la fois de sortir de l’histoire – le combat – et d’entrer dans l’histoire, par le parachèvement de son œuvre, sans doute parce qu’il était fatigué et que le monde qu’il avait chéri et qui l’avait fait, avait, c’est vrai, totalement disparu…

Moi, je suis un Français de la banlieue des années soixante, mes nostalgies, mes valeurs, mes craintes et mes espoirs ne sont donc pas les mêmes, même si je partage une bonne part de son constat sur la France… Je n’ai donc le droit, à mon âge, ni au repos ni au désespoir !

Et, pour être fidèle à cette même idée qu’il avait fait sienne de la vie pour le combat et l’honneur, je me dois de continuer le mien avec des compagnons de route que lui-même, à cause de son âge et de son parcours, ne pouvait apprécier ni comprendre… Je pense, vous l’aurez deviné, entre autres à Dieudonné, un combattant pour moi tout aussi respectable que Dominique Venner, et de la même trempe, mais que Dominique Venner, pour des raisons de génération, ne pouvait pas rejoindre. Le combat continue donc, toujours le même, toujours différent, toujours recommencé…

Paix à son âme et bien à vous,

Alain Soral, le 23 mai 2013

E&R

Commentaires

  • Bien d’accord avec Soral dont l’analyse du geste de Dominique Venner est très lucide !

  • terriblement vrai : un petit nombre d,éclairés (es) et l,immense troupeau des soumis (es)!!
    un combattant nous quitte , un autre continue à porter le flambeau dans notre triste nuit!!
    salutations.

  • Alain Soral voit très clair et ne se trompe pas d'ennemi.

    Il SAIT.

  • Je m'en excuse humblement , mais j'apprécie très modérément l'équipe de Soral .
    C'est un cabotin doué , un radoteur impénitent et un confusionniste hors concours .
    Il lui arrive de nous transmettre certains des dégoûts qu'il a ressentis ; c'est le cas lorsqu'il évoque l'impudeur d'Albert Cohen et de quelques autres écrivains consacrés par " La Pléïade " .
    Sa clientèle de banlieue m'horripile .
    Je ne la veux pas à mes côtés .

  • Que vous n'aimiez pas Alain Soral n'a pas d'importance, après tout.

    Moi j'apprécie sa grande intelligence, vaste et éclairée.

    Et je ne crois pas faire partie de sa "clientèle de banlieue". Vous ne me vexerez pas!

  • albert , je regarde régulièrement ses entretiens mensuels qui vont d,ailleurs passer bi-mensuels , je ne trouve pas qu,il radote , mais expose plutôt bien ses analyses sur nombre de domaines , à rendre jaloux un BHL et consorts !!
    sa clientèle qu,elle soit de banlieue ou d,ailleurs est peut-être moins sotte que certains souchiens (es) enfumé par les drh et autres promesses de bonheur éternel sur cette planéte !!!!!
    donc comme Gaelle , je ne suis point vexé , car toutes les opinions doivent se déroulés dans la bonne humeur !!
    cordialement.
    salutations.

  • Il est vrai que j'ai un peu forcé la note .
    Mais si j'accepte chez Soral la volonté de concilier la gauche du travail avec la droite des valeurs , je conteste absolument la nation " arc-en-ciel " qu'il propose .
    Ce n'est pas viable . Une race , c'est une culture et les cultures sont des mondes passablement fermés .
    - Soral se réclame du double héritage de Karl Marx et de Charles Maurras .
    Il se trouve qu'ayant lu l'un et l'autre , je me tournerai plutôt vers le premier ,à condition de
    - remplacer la lutte des classes par ce qu'elle est vraiment : une lutte des races
    - reconnaître qu'en aucun cas cette lutte ne prendra fin
    - remplacer l'internationalisme par la constitution d'espaces continentaux autocentrés
    - Instaurer un élitisme méritocratique , voire une nouvelle noblesse .

    Dites-moi que j'exagère , je ne m'en formaliserai pas .

  • @ albert: je connaissais à Paris une historienne, Marie-Madeleine Martin, diplômée de l'Ecole ds Chartes, qui disait qu'il y avait au moins deux races "superposées" en France: la première race remontant à la préhistoire et DEJA présente sur la terre "gauloise" quand étaient arrivées les grandes invasions du nord ( disons la 2ème race pour simplifier). Ces deux "races" ne se sont jamais réellement mélangées: paysans et seigneurs, et bourgeois des villes. D'où des luttes et des conflits qu'on retrouvait à notre époque et qui tenaient à la lutte de ces deux races qui se haïssaient. On croyait à des luttes politiques alors qu'il s'agissait d'une différence raciale très très ancienne qu'aucun métissage n'avait effacée au cours des temps, car les paysans se mariaient entre eux, entre gens de la terre sachant la cultiver depuis des milliers d'années et y élever des bêtes.

  • Vaste question Gaëlle, remontant aux Néanderthaliens et Cro-Magnons ! Qui l'a emporté sur l'autre ? Quid des métissages entre les deux races au fil de dizaines de milliers d'années ? Ils ont constitué sans partage, d'après D.Venner 20 000 ans d'histoire sur les 30 000 de notre civilisation européenne
    Puis beaucoup plus récemment, la vague de colonisation indo européenne - à l'exception de quelques ilôts (Basques, Finnois, Hongrois) - ce que vous désignez comme "la seconde race" je suppose. Et encore plus récemment, dans les premiers siècles de notre ère, les "Grandes invasions" venues du Nord (et massives ici dans le nord de la France). Tous ces peuples sont de race blanche et se sont plus ou moins fondus en sauvegardant de très nombreuses spécificités raciales locales, bien dépeintes par les racialistes d'une époque où on pouvait encore aborder cette discipline à l'Université (voir L.F.Clauss, ou les fameuses cartes de Montandon). On a écrit que la Révolution de 1789 était une révolte de l' "ancien peuple" contre les aristocrates (les "sangs bleus"), d'origine indo-européenne, ou des "Gaulois" contre les "Francs" (mais les Gaulois sont également indo-européens). Je n'y crois pas trop.
    Par contre, il est exact que les campagnes ne connaissaient pas le métissage de masse. Celui-ci trouvant son terreau dans les villes et les ports, et ce que dit MM Martin a un fond de réalité scientifique, mais bien difficile à cerner aujourd'hui.

  • Gaelle ,
    Vous avez raison de rappeler ce type de problématique . Je n'ai jamais lu Mme Martin , le thème ayant été maintes fois abordé . Il fut repris par un historien un peu oublié aujourd'hui , Augustin Thierry . Le petit génie de Trêves dénatura son idée de lutte des races .
    Impossible de comprendre l'histoire de notre pays en ignorant cette problématique .Il semble que ce soit le cas de l'histoire de la Grèce antique , de Rome et j'en passe .
    Les Khmers rouges dont il est de bon ton de dénoncer les exactions incarnent un peuple de la forêt utilisant les circonstances pour punir un peuple racialement distinct de citadins .
    -la lutte des races a de l'avenir .
    Ce qui me chagrine , c'est la prolifération de peuples peu intelligents , peu travailleurs auxquels personne en Occident n'ose résister .
    Le problème avait pourtant été abordé de façon sereine par le Dr.Alexis Carrel , Maurice Bardèche et Konrad Lorenz .
    .

  • @ albert: elle a publié plusieurs livres, a eu des prix, mais elle a voulu fonder sa propre maison d'éditions et s'est ruinée, ou a été ruinée. Elle est morte dans la solitude et un grand dénuement. Ses idées étaient très politiquement incorrectes.

  • Vous avez raison de signaler cette historienne à notre attention . Les questions qu'elle pose sont judicieuses .
    Je vais me procurer ses livres . Il y en a déjà un tel fatras chez moi ( moins que chez A. de Benoist ) .
    Ma femme , pourtant bibliothécaire , s'en plaint .
    Bien cordialement

  • @ Albert: cette historienne devait avoir 30 à 40 ans de plus que moi quand je l'ai connue à Paris, alors que j'étais journaliste pour une revue qui est devenue aujourd'hui "Monde & Vie". C'était une vieille dame, pauvre mais très fière, à l'esprit rapide et mordant. Elle avait dû être très jolie femme, mais ne s'était pas mariée. Certaines éditions catholiques lui avaient porté tort et elle était en procès avec elles. C'était une lutteuse, tempérament que j'aime! - Je ne sais si on trouve encore ses ouvrages, sinon d'occasion. Et je ne sais s'ils vous intéresseront! - Je vais chercher sur le net si on trouve sa trace.

  • Gaelle ,
    Il y en a beaucoup - PriceMinister et AbeBooks .
    Les livres d'occasion ont rarement été lus .
    "Le Monde et la Vie " : mes parents l'achetaient régulièrement . Je me souviens seulement des articles , remarquables , de Thomas Molnar .
    Très cordialement

  • @ albert: je connaissais bien "Le Monde et la Vie" car j'y ai publié beaucoup d'articles, de reportages, d'interviews! Et j'ai connu aussi Thomas Molnar!
    Et j'étais aussi fort bien payée pour des articles que j'écrivais librement, sur toutes sortes de sujets, sans jamais être censurée par un des directeurs de la rédaction, Jean Sodini, si gentil avec moi.

  • P.S. Je venais de terrminer Sciences-Po mais je ne voulais qu'écrire, m'exprimer tout à fait librement selon mes idées et opinions. L'ancien "Le Monde & La Vie" me convenait parfaitement.
    Cependant, j'ai travaillé aussi pour le nouveau, rebaptisé "Monde et Vie" , mais ce n'était du tout plus pareil. C'est là que j'ai rencontré deux ou trois fois M.-M. Martin. Et que je l'ai écoutée.

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