Pour le nouveau pape, les parlementaires français qui « votent » mais qui peuvent aussi « abroger » des lois, doivent travailler à donner « une âme » aux textes loin des « modes et des idées du moment ».
C'est une surprise car la rencontre, samedi midi, entre le pape François et une cinquantaine de parlementaires français, ne devait pas donner lieu à un discours mais le successeur de Benoît XVI a profité de cette occasion pour adresser un message très positif à la France où il parle de sa vision de la laïcité, de l'apport de l'Eglise catholique à la vie politique ce pays mais aussi du rôle clé des élus de la nation.
Constatant «la qualité des relations» entre la France et le Saint-Siège, le pape a commencé par «souligner les relations de confiance qui existent généralement en France entre les responsables de la vie publique et ceux de l'Église catholique». Puis il a suggéré que le «le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l'État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l'animent».
On peut donc, a continué François «se féliciter que la société française redécouvre des propositions faites par l'Église, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun».
Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger.
Sans mentionner l'actualité récente du mariage pour tous qui a vu de fortes tensions entre l'Église et le gouvernement français, il a alors affirmé: «L'Église désire ainsi apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin, de la société et de son destin. Cette contribution ne se situe pas uniquement dans le domaine anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel.»
Le pape François a ensuite encouragé les parlementaires présents, membres de deux associations qui entretiennent des relations régulières avec le Saint-Siège, l'une au Sénat, l'autre à l'Assemblée nationale, à accomplir leur mission «d'élus d'une Nation vers laquelle les yeux du monde se tournent souvent» en visant à «l'amélioration de la vie de vos concitoyens» en répondant à «leurs vraies nécessités». Et en «cherchant toujours le bien de la personne en promouvant la fraternité dans votre beau pays.»
Une tâche, dans l'esprit du nouveau pape qui n'est pas seulement «technique et juridique» et qui consisterait seulement «à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger».
Mais - et toujours sans référence explicite au débat récent sur le mariage pour tous - un travail parlementaire qui doit porter plus haut, c'est-à-dire qui doit toucher à l'esprit même des lois: «il vous est aussi nécessaire de leur insuffler un supplément, un esprit, une âme dirais-je, qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment, mais qui leur apporte l'indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine».
Le Figaro - 15/06/13
Commentaires
Discours intéressant, pour une fois le Pape se mouille un peu et parle de la possibilité d’abroger des lois, phrase lourde de sens dans le contexte de la situation actuelle concernant le prétendu « mariage pour tous » !
Ces prudences de langages n'auront aucun impact. Comme à son habitude ,le clergé louvoie ,ondule ,rampe ,surtout soucieux de ne pas faire de vagues et attentif à se trouver au final du bon côté du manche. Où étaient nos prélats au moment des manifs pour tous ? Quid des brutalités policières subies par de paisibles manifestants ,dont des femmes et des enfants ,s'affichant souvent catholiques dans notre beau pays de France ? Quid des persécutions dont sont victimes les chrétiens en terre d'Islam ? Quid du sort des palestiniens passé sous silence par les instances internationales afin de ne pas importuner le lobby sioniste ? Rien ! pas un mot ! Fidèle à sa tradition ,l'église catholique et en premier lieu le Pape veille à ne pas aborder ,si ce n'est du bout des lèvres les sujets qui fâchent repoussant toujours un plus loin les limites de sa lâcheté chronique. Un tel manque de courage mérite le mépris le plus total. Les reptations papales sont perçues pour ce qu'elles sont aux yeux du monde musulman : un signe fort supplémentaire de la décadence et de l'avachissement des "chrétiens". Agnostiques ,païens et athées ne devraient pas se frotter les mains : qu'ils en soient conscients ou pas ,l'Europe dans sa totalité est assimilée aux "croisés" dans l'esprit des mahométans. Seule une attitude virile ,un langage clair et franc ,loin de l'onctuosité de mise pourraient être constructifs. La victoire n'est pas évidente.
@ ROSSEL: je suis de votre avis. Trop de sujets brûlants évités... alors qu'il faudrait y porter le fer!