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Marseille: démantèlement d'un important trafic d'ames de guerre: deux légionnaires arrêtés

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C'est un réseau d'importance qui vient de tomber. Un de ces réseaux faits d'intermédiaires fourmis, où la discrétion est la règle, où les protagonistes cultivent le secret, gage évident de réussite, où chacun doit rester à sa place, au risque de faire éclater l'ensemble de la pyramide. Mais cette fois, deux renseignements anonymes ont aiguillonné les enquêteurs . "D'un côté la police judiciaire, de l'autre le Service départemental d'information générale (Sdig, ex-Renseignements généraux), mais des renseignements complémentaires et convergents",explique le directeur adjoint de la PJ, Christian Sivy.

Des semaines d'écoutes et de filatures avec l'aide de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) et de la Brigade de répression du banditisme (BRB) pour un coup de filet samedi à proximité de la zone commerciale de Plan-de-Campagne. Six interpellations.

Un joli coup aux allures de flagrant délit

Un joli coup aux allures de flagrant délit. Quand les policiers interviennent, ils saisissent 14 armes de guerre, des pistolets mitrailleurs de type Scorpio, de calibre 7.65, de conception tchèque, très prisées pour les combats rapprochés, dangereuses à faible distance. Une arme d'autant plus appréciée qu'elle est courte - moins de 30 centimètres de long -, et très compacte - elle pèse à peine plus d'un kilo. 12 armes sont découvertes dans la voiture des acheteurs, 2 sont encore dans celle des fournisseurs.

Les enquêteurs saisissent aussi en perquisition quelque 6 000 euros en espèces. Mais surtout, ils mettent la main sur au moins deux fournisseurs au profil singulier, deux légionnaires âgés d'une trentaine d'années. L'un est d'origine hongroise, l'autre roumaine. Un légionnaire de troupe et un sous-officier. L'un faisait partie du 1er Régiment étranger d'Aubagne, le second du 1er Régiment étranger de Génie de Laudun (Gard). "Ils font partie du groupe auquel on attribue la fourniture de ces armes", précise le procureur adjoint de la République de Marseille, Christophe Barret. Faisaient-ils cela depuis longtemps ? Et, surtout, qui ont-ils approvisionné jusque-là ? Des caïds de cités ? Des membres du milieu traditionnel ?

Il semble pour l'heure que les acheteurs soient des membres de la communauté des gens du voyage. Les deux principaux sont, en l'état de l'enquête, âgés de 36 et 38 ans, et ils avaient déjà été condamnés pour infraction à la législation sur les stupéfiants. Les armes étaient-elles destinées à les protéger d'éventuels rivaux dans le cadre de quelque "guerre de territoire" sur fond de stups, surtout quand on sait que les réseaux brassent des recettes quotidiennes qui dépassent parfois les 20 000 à 30 000 euros ? "Nous sommes très satisfaits d'avoir mis hors du circuit ces 14 armes de guerre, destinées à se retrouver entre des mains très dangereuses",a insisté hier le procureur Barret.

Les six auteurs interpellés ont été mis en examen par la juge d'instruction Isabelle Coudert pour "association de malfaiteurs, fabrication ou commerce de matériel de guerre en bande organisée, importation d'armes ou de munitions de 1er et de 4e catégorie et recel".

Cinq d'entre eux ont été écroués mercredi soir, le sixième a été déféré hier. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison. Outre les deux militaires, les quatre autres hommes sont des civils. Interrogés, ils ont minimisé le sens de leur présence sur les lieux. Mais les armes ont été découvertes soigneusement conditionnées et emballées. Du travail "propre", qui est rarement la signature de béotiens du banditisme.


Des pistolets mitrailleurs vendus de 1 400 à 1 600 euros

À combien devaient se monnayer les pistolets mitrailleurs de type Scorpio saisis cette semaine à Plan-de-Campagne ? Selon nos sources, ils devaient être vendus de 1 400 à 1 600 euros pièce. Combien devaient encaisser les fournisseurs ? Entendus, ils auraient, au moins pour certains d'entre eux, contesté qu'ils devaient toucher quelque commission que ce soit. Un scénario peu crédible.

On sait aussi que des kalachnikovs par dizaines traversent l'Europe dans les camions ou par la mer, parties de Croatie ou de Serbie, puis sont retrouvées dans les caves des cités de Marseille. Un fusil d'assaut, qui se vendait 3 000 euros il y a encore quelques années, se brade aujourd'hui 1 000 euros, voire la moitié du prix si on n'est pas trop regardant sur la qualité. Certains trafiquants marseillais vont même jusqu'à traverser l'Europe pour aller chercher en Albanie des kalachnikovs à petits prix.

 

"La kalach', c'est devenu un Opinel"

"La kalach', c'est devenu un Opinel", nous confiait récemment un syndicaliste policier, pour dire que l'arme s'est banalisée et qu'on la trouve presque partout. Les uns s'en serviront pour "monter au braquage", comme disent les "flics" marseillais. Les autres l'utiliseront comme "bouclier" pour préserver leur vie contre les appétits de la concurrence sur fond de marché parallèle.

"Ceux qui avaient de la drogue mais pas d'armes, le Maroc et l'Espagne, ont rencontré ceux qui avaient des armes et qui voulaient de la drogue, les pays de l'Est", analysait il y a peu Me Pierre Caviglioli, avocat et fin connaisseur de la matière. La France ayant une position centrale, elle a "profité" de ces échanges, facilités par la porosité des frontières." Un pistolet Glock s'achète environ 500 euros et se revend jusqu'à 3 000 euros. Un kilo de dynamite peut dépasser les 4 000 euros.

 

La Provence - 05/07/13

 

Commentaires

  • rien que du bisness , cela agrémente leur pauvre solde de militaire !!
    salutations.

  • rien que du bisness , cela agrémente leur pauvre solde de militaire !!
    salutations.

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