Manifestation samedi à Los Angeles
Conseillé par Moscou et Téhéran, Damas sort provisoirement conforté de son bras de fer avec Washington.
, renouant ainsi avec le vocabulaire belliqueux de son père Hafez el-Assad pour qualifier Israël.
Interrogé par
Le Figaro, son vice-ministre des Affaires étrangères Faysal Moqdad a taxé la France d'être «irresponsable», en soutenant une intervention armée contre la Syrie, accusée d'avoir utilisé des armes chimiques dans des attaques qui ont tué, selon Washington, plus de 1400 personnes le 21 août dans plusieurs endroits de la banlieue de Damas, bastions des insurgés. «Les responsables français ont trompé le peuple français en fabriquant des preuves», selon Moqdad.
Après les tergiversations américaines, le régime syrien a remporté un succès, fût-il provisoire. D'autant que ses alliés ne lui font pas défaut. Téhéran a d'ores et déjà averti qu'une attaque américaine contre la Syrie embraserait le Moyen-Orient. Derrière la bravade, les États-Unis prennent la mise en garde au sérieux. Washington a dépêché la semaine dernière à Téhéran le sultan d'Oman Qaboos, qui a l'habitude de jouer les intermédiaires. Quelques jours auparavant, un haut responsable américain, Jeffrey Feltman, qui occupe le poste stratégique de responsable des affaires politiques auprès du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, était déjà en déplacement à Téhéran.
Téhéran a d'ores et déjà averti qu'une attaque américaine contre la Syrie embraserait le Moyen-Orient
«L'Iran observera l'ampleur d'éventuelles frappes américaines contre son allié syrien avant de réagir», souligne un analyste politique à Beyrouth. Téhéran, qui vient d'élire un nouveau président, Hassan Rohani, soucieux de rétablir le dialogue avec les États-Unis, est embarrassé par cette crise qui intervient moins d'un mois avant l'Assemblée générale de l'ONU. «Or Rohani comptait sur son déplacement à New York pour rencontrer des responsables américains», affirme à Téhéran un observateur local. «En privé, ajoute cette source, il dit même qu'il veut parler au chef du village», sous-entendu Barack Obama.
Pour que New York ne soit pas un fiasco, encore faut-il contenir la crise. Pour cela, l'Iran compte sur l'appui de la Russie, autre alliée de la Syrie, qui va accueillir à partir de jeudi le G20. Vladimir Poutine, qui a qualifié de «non-sens» les accusations américaines contre Assad, veut mettre à profit le forum pour faciliter une issue négociée à la crise. Mais à ses conditions: c'est-à-dire sans demander à Assad de quitter le pouvoir au début d'une transition négociée à Damas.
«Les Russes ont des preuves que les rebelles djihadistes ont eux aussi utilisé des armes chimiques à Khan al-Assal au printemps», affirme un diplomate européen. «Iront-ils jusqu'à les montrer?»
Quoi qu'il en soit, ces derniers développements attestent d'une réelle cogestion du dossier entre Moscou, Damas et Téhéran. Des responsables sécuritaires iraniens occupent des postes stratégiques pour conseiller la direction syrienne. La Russie, de son côté, dépêche, le cas échéant, Mikhaïl Bogdanov, son vice-ministre des Affaires étrangères, auprès de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, troisième pilier du triangle soutenant Damas.
Selon nos informations, l'entrée en jeu du Hezbollah en juin au côté de l'armée syrienne pour reprendre la ville stratégique d'al-Qussayr aux rebelles avait été avalisée deux mois plus tôt par une rencontre secrète Bogdanov-Nasrallah. Et juste après la défaite des rebelles, les États-Unis ont demandé à Moscou de convaincre Assad de ne pas lancer un assaut contre Alep au nord. «Ce qui fut fait par Moscou et Bachar a écouté ses alliés russes», souligne un diplomate onusien.
Le Figaro- 01/09/13