Accusés du meurtre d'un enfant et de trafic d'organes, deux touristes, dont un Français, puis un Malgache ont été massacrés par la foule à Nosy Be. Les gendarmes ont procédé vendredi soir à 14 arrestations.
Nosy Be retrouve doucement son calme. Placée sous couvre feu pour la nuit de vendredi à samedi, la petite île, station balnéaire réputée à l'ouest de Madagascar, se met à réfléchir après le lynchage jeudi, de deux touristes, un Français et un Italien, puis d'un Malgache accusés du meurtre d'un enfant sur fond de trafic d'organes.
La gendarmerie a indiqué vendredi soir avoir arrêté quatorze personnes, toutes poursuivies pour «des infractions multiples». Les certitudes sont rares. Elles tiennent dans l'attaque jeudi matin d'un commissariat de Hell-Ville, la capitale de Nosy Be, par environ trois cents personnes. Elles exigent qu'on leur livre un homme arrêté la veille sur le soupçon d'avoir tué son neveu, âgé de 8 ans, pour vendre ses organes. Les gendarmes refusent d'ouvrir les portes de leur caserne et finissent par ouvrir le feu pour disperser les manifestants. On relève un mort et deux blessés.
Jeté au feu sous les vivats
Le soir, la découverte du corps de l'enfant sur la plage d'Ambatalaoka relance la haine. Une foule envahit les environs et s'empare de ceux qu'elle dit être les tueurs. Selon les autorités locales, Sébastien J. est lynché puis son corps est jeté dans un brasier. Ce Français de 48 ans, décrit comme un homme fatigué par la vie, un peu marginal, était un habitué de l'île et de retour depuis deux semaines.
Dans la foulée, un Italien, Roberto G., est lui aussi assassiné et brûlé. Les émeutiers se lancent alors sur les traces de l'oncle, tout juste libéré par les gendarmes. Il est finalement capturé, traîné dans une Renault 4 dans le quartier de Dar es-Salam avant d'être torturé et jeté au feu sous les vivats.
Vendredi, les enquêteurs se montraient discrets sur les raisons du massacre. Certains témoins affirment que les deux étrangers auraient été désignés comme complices du meurtre. Ils auraient été traqués jusque chez eux. Pour d'autres sources, les malheureux n'auraient été que des victimes expiatoires, ramassées au hasard de la rage contre des «trafiquants blancs» introuvables.
Les circonstances de la mort du petit garçon sont tout aussi mystérieuses. Un responsable local avait d'abord assuré que l'enfant avait été mutilé, la langue et les parties génitales tranchées. Désormais, les gendarmes se taisent et attendent les résultats de l'autopsie.
Les éventuelles mutilations du garçonnet seraient plutôt le signe de rites magiques
Seule certitude, la possibilité d'un trafic d'organes à Nosy Be apparaît aux yeux des spécialistes très improbable, même si de telles filières ont déjà été découvertes à Madagascar. Les éventuelles mutilations du garçonnet seraient plutôt le signe de rites magiques, de sorcellerie, qui affectent la Grande Île. Nosy Be, paradis touristique en pleine déshérence, est durement touché par le commerce du sexe et se voit dénoncé comme un haut centre de pédophilie par les associations.
Si rien ne démontre que les trois victimes du lynchage soient impliquées dans ces dérives, ces comportements, associés à une misère sans cesse plus noire, poussent les populations à bout.
LE FIGARO - 04/10/13
Commentaires
il est évident que dans cette tragique affaire , la bien-pensance excluera toute forme de racisme anti-blanc.. !! cela de soi. .!!
salutations.