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Droit du sol, droit du sang: comment fon t les autres pays développés ?

Atlantico : L’affaire Leonarda a paradoxalement réveillé parmi d’autres questions autour de l’immigration et du droit qui la régit en France et en Europe, celle du droit du sol et d droit du sang. Comment se définissent ces deux concepts ? Sont-ils opposés et/ou complémentaires ?

Maxime Tandonnet : Dans la tradition française, ils sont complémentaires. Le droit du sang bénéficie dès la naissance à toute personne dont l’un des deux parents au moins est français. Le droit du sol est plus compliqué. Il s’applique grosso modo à une personne née en France et y ayant résidé 5 ans, soit par déclaration anticipée à l’âge de 16 ans, ou de 13 ans avec l’accord des parents, soit automatiquement à la majorité de 18 ans. 30 000 jeunes obtiennent chaque année la nationalité française par ce biais.

Quelles sont en France les pratiques quant à l’attribution de la nationalité française ? Parmi ces pratiques, certaines sont-elles typiquement françaises, et si oui comment l’expliquer ?

L’acquisition de la nationalité française s’effectue pour l’essentiel par la naturalisation, sans rapport avec le droit du sol, et qui bénéficie chaque année à environ 80 000 personnes en moyenne avec des écarts d’une année sur l’autre. Cette forme d’acquisition de la nationalité s’obtient par décision du gouvernement. Le décret de naturalisation est conditionné à certains critères : 5 ans de résidence légale, assimilation, connaissance du français, respect de l’ordre public, absence de commission d’infraction grave. Ensuite, le gouvernement est à peu près libre de l’accorder ou non. La troisième manière d’acquérir la nationalité française pour un étranger – après le droit du sol et la naturalisation –  est par mariage avec un Français (30 000 par an).

Qu’en est-il chez nos voisins européens et américains ?

Aux Etats-Unis coexistent comme en France le droit du sang et le droit du sol. Les Etats-Unis, comme la France, ont aussi une pratique étendue des naturalisations soumises à différentes conditions : 5 ans de statut de résident permanent, connaissance de l’anglais et de l’histoire et des institutions américaines. Le système allemand se distingue des deux précédents par le fait qu’il s’est longtemps limité au droit du sang. Depuis 2000, il s’est ouvert partiellement au droit du sol : peut devenir allemand une personne de nationalité étrangère née en Allemagne dont l’un parent est aussi né en Allemagne. Enfin, la procédure de naturalisation est soumise à un test de connaissance de langue et de civilisation allemande.

A quoi sont dues ces variations dans les pratiques ? Que disent-elles du rapport des pays à leur immigration et de leur image d’eux-mêmes ?

Les modes d’acquisition de la nationalité sont profondément liés à la conception que la nation a d’elle-même. Le poids de la naturalisation en France exprime l’image du contrat social : on devient national par un accord de volonté entre l’Etat et le ressortissant étranger. Le droit du sol aux Etats-Unis  correspond à un pays qui s’est constitué par des vagues successives d’immigration. En Allemagne, l’importance classique du droit du sang et la limitation des autres formes d’acquisition de la nationalité reflète la conception d’une souche d’origine d’où sont censés être issus les Allemands, mais comme on l’a dit, cette sensibilité a beaucoup évolué depuis 25 ans dans le sens de l’ouverture.

 


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