Un étonnant film de guerre
Jean Ansar
le 02/11/2013
modifié le 02/11/2013 à 13:07h
C’est un bon film de guerre à regarder au premier degré. La preuve, c’est qu’il a été couronné au Festival des films du monde de Montréal et au Festival international du film de Moscou. C’est un film russe. En fait, il s’agit de l’histoire d’un char tigre allemand pendant la campagne de Russie.
Après une bataille de chars, un tankiste de l'Armée rouge est découvert brûlé à 90 %, mais en vie, dans la carcasse de son char. Il est soigné mais ne se souvient pas de son identité. On lui donne alors un nouveau nom, Naïdenov, et il récupère de ses blessures. Pendant ce temps, sur le front, des rumeurs font état de l'existence d'un char allemand invulnérable et mystérieux qui apparaît soudainement et disparaît aussi soudainement, réussissant à détruire des dizaines de chars soviétiques. Ce char, qui ressemble à un tigre, est surnommé le « Tigre blanc ».
Naïdenov est choisi pour trouver et détruire le « tigre blanc » d'autant qu'il est doué d'un flair mystique. Il indique qu'il est en mesure d'«écouter» les chars et qu'il est capable de détruire le « White Tiger». Au cours de l'une des batailles, l'équipage de Naïdenov se retrouve face à face avec le « tigre blanc » dans un village déserté. Le char allemand est touché mais pas détruit. Alors qu'il va lui donner le coup de grâce, le canon du char de Naïdenov explose. Le « Tigre Blanc » disparaît et on ne trouve aucune trace de lui.
Après la capitulation allemande, Fedotov tente de convaincre Naïdenov que la guerre est finie. Celui-ci indique que la guerre ne sera pas finie tant que le « Tigre blanc » ne sera pas détruit. Naïdenov et son char disparaissent mystérieusement. Voilà pour le scénario entre réalisme et fantastique.
Les scènes de combats sont réalistes et la mystique du soldat rouge pendant la guerre patriotique assez « Poutinienne ». Le film n’est pas à notre connaissance visible dans le circuit des salles de cinéma mais est en vente partout en DVD. Les censeurs ont été vigilants mais pas assez.
Ce film se termine d’une manière assez stupéfiante. C’est Hitler qui parle avec un homme dans l’ombre. On se demande à quoi sert cette scène, puisque le film est fini. Et le Führer explique comment, une fois la guerre perdue, il sera chargé, avec le peuple allemand, par ceux qui vont écrire l’histoire, de tous les péchés du monde, assimilé au mal absolu et son peuple condamné à payer à jamais pour son passé.
Un véritable discours révisionniste qui tend à décrédibiliser la présentation admise de l’histoire. Cet entretien n’a rien à voir avec le film lui-même. C’est une pièce rajoutée, un message russe bien sûr autour de la lecture de l’histoire. On s’étonne de cette fin, de son maintien au montage et on s’interroge sur les buts du réalisateur, Karen Shakhnazarov.
Commentaires
Mouais... je connaissais et bien que ne l'ayant pas vu j'émettrais des doutes. En premier lieu, dans le film ce n'est pas le superbe Tigre que l'on voit sur la photo de l'article mais un machin qui ne ressemble à rien, la réplique du Tigre prévue au départ étant tombé en panne? Ensuite même nationaliste les Russes sont anti fascistes, souvenir des ravages de l'opération Barbarossa et de décennies de propagande. Si l'occasion ce présente, je le regarderais mais bon...
J'adore les engins de guerre.
La technique me fascine.
Je vais donc me procurer ce film de toute urgence!
raul, moi aussi j'ai une grande envie de voir ce film!
Je me suis laissé tenté. Un curieux film en fait, assez inégal, et on ne sais pas trop où le réalisateur veut en venir. Les scènes les plus réussies ne sont pas forcément celles d'action : le passage de la reddition allemande et du repas qui suit est assez singulier.
Un film assez étonnant que Pharamond décrit bien, effectivement.
Le tank, c'est l'esprit de la guerre lui même.
Dès la minute 10.30, plane l'onde diffuse de l'ouverture du Tannhäuser sur fond de carcasses de char détruites par le tigre blanc. Elle nous accompagnera, inopinément, jusqu'à la fin.
C'est une métaphore de l'esprit de la guerre. Ce dernier est immortel, incarné dans le cuirassé. Si le tank peut être touché, il ne peut pas être détruit. La guerre est le fil conducteur de la Vie, elle en est le principe actif. Sur le plan technique, l'armement du tigre blanc, peut être dépassé, mais ce n'est pas ce qui compte.
Connaissant le rapport imposé d'un système dominant au nazisme, on ne peut en dire plus sur la fin.
L'hystérie du site "métamag" est une démonstration amplement suffisante.