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Le rêve fracassé de Nelson Mandela - Par Bruno Gollnisch

 

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Le décès hier  soir à son  domicile de  Nelson Mandela, 95 ans,  est l’occasion d’un concert mondial d’hommages divers et variés. En France même le microcosme politico-médiatique n’est pas avare de dithyrambes, dont l’unanimisme  n’est pas pour nous surprendre mais cache bien des non-dits.

Nous reproduisons ici l’article que nous lui avions consacré, publié en juin dernier sur le site de l’AEMN, au moment ou  l’ex premier président noir de la République d’Afrique du Sud (RSA), apparaissait déjà comme étant à l’article de la mort.

 Saint laïc, icône des apôtres de la société « arc-en-ciel » que la Caste souhaite étendre à la planète entière, Nelson Rolihlahla Mandela, est un personnage complexe, qui a eu ses faces d’ombre et ses faces de lumière, dont l’engagement d’une vie toute entière ne peut faire oublier le chaos, l’accroissement des violences, de la misère et des inégalités depuis la fin officielle de la politique dite de  développement séparé (« apartheid ») voici près d’un quart de siècle.

 Né en 1918, issu d’une famille de la noblesse Xhosa (la principale ethnie sud africaine avec celle des Zoulous), Mandela est le symbole mondial de la lutte contre l’apartheid.

 C’est à l’âge de 24 ans, tout juste licencié en droit, que les choses sérieuses commencent pour Mandela avec son engagement militant consécutif à  sa rencontre avec deux militants du Congrès National Africain (ANC, membre de l’Internationale Socialiste),  noyauté en profondeur par  le parti communiste sud africain (SACP).

 Mandela sera inculpé à l’âge de 45 ans pour sabotage et haute trahison, à un moment ou la RSA bénéficie du soutien plus ou moins implicite des chancelleries occidentales. La priorité est alors de faire contrepoids à une internationale communiste poussant ses pions et  bien décidée à déstabiliser le continent africain.

 Nelson Mandela restera en prison pendant 26 ans. Il  bénéficia d’un régime d’incarcération qui devint au fil des années  plutôt bienveillant puisque le gouvernement afrikaner estimait qu’il était un interlocuteur valable et moins extrémiste que ses autres compagnons de lutte.

 Il refusera en 1985 la libération que lui proposa le premier ministre P.W. Botha, en échange d’une déclaration par laquelle il rejetterait « de façon inconditionnelle la violence politique ».

 Cela explique, petite parenthèse, que quand Mandela fut accueilli en juin 1990 dans l’hémicycle à StrasbourgBruno Gollnisch s’étonna  que « le Parlement européen reçoive officiellement un homme qui refuse jusqu’ici d’abandonner la violence terroriste ».

 Devenu au fil des années l’incarnation de la lutte contre les discriminations, le racisme blanc et la domination colonialiste de l’occident sur les peuples du tiers monde, Mandela sera le chouchou d‘un camp progressiste qui ne trouvait pas les suppliciés du goulag aussi sexy, des idiots utiles du show biz et des « intellectuels » éclairés,  relayant plus ou moins consciemment la propagande communiste.

 C’est d’ailleurs au nom de la lutte contre la subversion communiste, du refus des mensonges sur la réalité de l’Afrique du Sud de l’époque, que le groupe FN à l’assemblée nationale dénonça en novembre 1987, par la voix de Jean-Pierre Stirbois et comme une large fraction du RPR, l’embargo contre ce pays qui pénalisait notamment  notre avionneur Dassault.

 Une nation où les ethnies noires jouissaient alors d’un niveau de développement et de prospérité  inégalé en Afrique noire. C’est aussi au nom de cette réalité que Jean-Marie Le Pen et le FN estimèrent à cette période que le régime afrikaner était alors de loin un moindre mal, un facteur de stabilité et de richesses, entouré par un océan de misère. La comparaison avec l’Afrique du Sud actuelle, nous allons nous y arrêter, permet difficilement d’affirmer le contraire.

 Lorsque Frederik de Klerk succéda à M. Botha, en 1989, le mur de Berlin s’apprêtait à tomber et avec lui un régime afrikaner dont la pérennité aux yeux des Etats-Unis et de leurs alliés n’était fondée que sur une politique d’endiguement de la menace soviétique.

 Le soutien certainement le plus fidèle à la RSA « blanche »  sera jusqu’à la fin l’État d’Israël qui entretient d’ailleurs toujours des relations suivies avec l’Afrique du Sud, pays comptant une  forte communauté juive notamment dans l’économie et le marché du diamant.

 Libéré en 1990, Mandela prend la tête de l’ANC qui est de nouveau autorisé et entame des négociations qui déboucheront sur la fin d’un apartheid  asseyant  l’hégémonie politique de la minorité  blanche.

 De Klerk et Mandela recevront alors  tous deux le Prix Nobel de la Paix en 1993. Elu l’année suivante président après la victoire de l’ANC (62,65 % des voix), Nelson Mandela proclame haut et fort sa volonté de créer des relations inter-ethniques harmonieuses, son souhait de  bâtir une « nation arc-en — ciel en paix avec elle-même et le monde ».

 Il occupera ce poste jusqu’en 1999 (avec deux vice-présidents à ses côtés, Thabo Mbeki et Frederik de Klerk), à la tête d’un gouvernement d’union nationale composé de l’ANC, du Parti National Afrikaner et du parti zoulou Inkhata.

 Trois ans avant le fin de son mandat, il divorcera de sa femme de sinistre mémoire, Winnie « la rouge », connue pour son racisme délirant, ses prévarications multiples, son  goût pour la torture dans son fief de Soweto. Notamment le terrible « supplice du collier », un pneu enflammé passé autour du corps de ses « opposants ». En 1998, Mandela épousera en seconde noces  Graça Machel, veuve de l’ancien président mozambicain Samora Machel.

 Thabo Mbeki (alors président de l’ANC) lui succédera à la tête de la RSA puis Jacob Zuma, actuel président qui se veut avant tout le président des noirs, sous la conduite duquel un apartheid anti-blanc et les tensions raciales, notamment entre ethnies noires,  se sont exacerbées.

 Peut-on douter de la sincérité de Mandela dans son souhait  de voir l’avènement d’une société plus juste — actée par l’antiracialisme officiel  de la constitution —, plus  pacifiée ? Lors de son premier procès très médiatisé au début des années 60, il proclamera : « Au cours de ma vie, je me suis entièrement consacré à la lutte du peuple africain. J’ai lutté contre la domination blanche, et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. » Ce courage force le respect. 

 Force est de constater que Mandela président a multiplié les discours et les actes  d’apaisements.  D’ailleurs, en janvier 2002, Jean-Marie Le Pen avait affirmé  tenir « en estime » Mandela pour sa « grande capacité à établir la paix et la réconciliation entre les Africains du Sud ». Il avait même manifesté le souhait  de rencontrer l’ex-président sud-africain, ce qui n’avait pu se faire du fait des pressions exercées par un certain Jacques Chirac.

 Le 26 juin dernier, sur  France Inter, Marine Le Pen avait également salué avec la même justesse une « figure d’apaisement », qui a mis fin  à « un système évidemment profondément contestable, condamnable et injuste ».

 Certes, même victime d’une politique d’épuration ethnique, de meurtres sauvages, soumis à  la loi de discrimination positive sur l’embauche équitable (Employment Equity Act) d’avril 1999 et celle sur la promotion des Noirs dans le secteur économique (Broadbased Black Economic Empowerment Act) de 2003, la minorité blanche reste de très loin la plus prospère.

 Mais elle ne représente plus qu’environ 10 % de la population  totale contre 20 % il y a vingt cinq ans. Et une partie des blancs chassés de leurs emplois ont plongé dans la misère. D’autres prennent le chemin de l’exil, comme les Pieds-Noirs en leur temps…

 Le grand photographe blanc sud africain Graeme Williams a affirmé dernièrement que  « Sans Mandela nous aurions connu un bain de sang en 1990. Il a vraiment porté le pays vers la démocratie. Avec lui, nous avons rêvé d’une transition parfaite, où les ennemis d’hier deviennent frères. Mais peut-être que cela n’était pas réaliste et que nous payons aujourd’hui le prix de ce rêve. »

 Le prix de ce rêve est certes  terrible. Bruno Gollnisch évoquait sur son blog un article du site congolais Inzocongo.net : « assiste-t-on aujourd’hui à une élimination massive des Blancs via des meurtres ciblés ? Chose tue par les médias traditionnels ? », dans une  République sud-africaine qui est désormais « la capitale mondiale du viol et du meurtre », avec dans les seuls années 90, 250 000 assassinats !

 « Si dans les années 1990, la Commission Vérité et Réconciliation avait été un exercice de catharsis extrêmement important pour baliser un chemin futur de paix et de cohabitation pacifique entre les différentes composantes sociales et ethniques de l’Afrique du Sud, la vérité est qu’aujourd’hui une frange de la population vit dans un mode de vengeance. Cela passe par des meurtres nombreux contre les Blancs sud-africains. Meurtres dont l’ampleur est très peu connue du commun des mortels car les médias internationaux sont très silencieux sur ce sujet comme si on ne pouvait pas critiquer le pays de Nelson Mandela. »

 D’après les statistiques établies par Netbank, 85 % des fermes attaquées dans ce pays n’ont pas été volées, le vol n’est donc pas la motivation première des attaques. Professeur de droit à la retraite, à la tête de « L’observatoire du génocide », le docteur Grégory Stanton, indique qu’il ya « un mobile de haine, dans ces meurtres de fermiers, ce sont des crimes de haine, des gens assassinés, violés, torturés de façons déshumanisés ».

 L’étude de Netbank affirme encore de son côté que « le taux de tués chez les fermiers blancs est le plus haut de tous les groupes de la planète », taux quatre fois plus important que pour le reste de la population. « D’après une estimation 35 000 blancs ont été tués sur les routes,dans leurs maisons et au travail en Afrique du Sud. »

 L’Afrique du Sud ravagée par les haines inter-ethniques et le sida, c’est annuellement environ 240 000 cambriolages chez les particuliers, 60 000 vols dans les magasins, les usines et les bureaux, 140 000 cas de dégradation lourde de matériel, aux alentours de 50 000 viols, 19 000 assassinats et autant de tentatives de meurtre. Le taux d’homicide dépasse les 40 pour 100 000 habitants, vingt fois plus que dans n’importe quel pays occidental. Seule la Colombie (où la criminalité a fortement chuté ces dernières années) et le Salvador font pire.

 Une situation qui découle directement de la corruption des forces de police mais aussi et surtout de la désorganisation des structures de l’État et de la société sud-africaine, consécutive à la discrimination positive mise en place par l’ANC qui a eu pour effet de faire fuir des dizaines de milliers de cadres compétents.

 Si 79 % des 50 millions de Sud-Africains sont noirs, 9,5 % blancs, 9 % métis et 2,6 % asiatiques, le déclin de la population blanche dans la décennie 1995-2005 est estimé à 16,1 %. En octobre 2006, l’Institut Sud-Africain des Relations Raciales (SAIRR) révéla que près de 900 000 Sud-africains blancs, représentant un quart des Blancs, avaient quitté le pays depuis 1994.

 Quant aux villes encore majoritairement blanches comme Prétoria, Bloemfontein, Swellendam, plus vieille ville d’Afrique du Sud avec Le Cap et Stellenboch, ou encore  Potchefstroom, ancienne capitale des Boers (dont  les rues portant les noms des héros Boers ont été débaptisées…) elles font  les frais d’un redécoupage territorial.

 Concrètement, celui-ci a eu pour objet de systématiquement noyer ces communes blanches dans une entité administrative plus vaste comptant au minimum 70 % de noirs. Celles-ci sont alors  livrées à des gestions disons  beaucoup plus chaotiques et corrompues…

 Comme l’affirmait l’africaniste renommé Bernard Lugan sur le plateau de I-télé, interrogé par Robert Ménard le 11 juin 2010, la situation ne cesse de se  dégrader depuis l’arrivée de l’ANC au pouvoir.

« Le chômage a doublé depuis la fin de l’apartheid (de 20 % à 40 %) et à cette époque au moins la criminalité était jugulée, l’électricité fonctionnait et les noirs des différentes ethnies étaient des citoyens à part entière dans les Bantoustans (les Etats noirs indépendants) ».

La « seule solution » estime-t-il, pour éviter le chaos actuel aurait résidé dans « un partage territorial équitable », ce que le pouvoir blanc de l’époque n’a pas su ou voulu faire, en lieu et place du « projet mondialiste de melting pot » actuellement en vigueur avec les conséquences dramatiques que l’on sait pour tous les sud-africains. »

Si un arbre se juge à ses fruits, et une doctrine à ses réalisations pratiques,  le rêve arc-en-ciel  de Nelson Mandela, personnalité exceptionnelle sans successeurs de son envergure,  est en miettes.

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