21/12/2013 – 16h00
BEZIERS (NOVOpress) - Défenseur acharné de la liberté d’expression, que ce soit au sein de Reporters sans frontières ou dans d’autres cadres, journaliste poil à gratter victime de la bien-pensance, Robert Ménard a décidé de se jeter dans l’arène politique en se présentant à la mairie de Béziers. Novopress l’a rencontré à cette occasion.
Vous avez accepté de présider le “comité de soutien aux 4 de Poitiers”, ces 4 jeunes militants identitaires mis en examen et placés sous un régime de contrôle judiciaire strict leur interdisant toute activité politique notamment depuis l’occupation du chantier de la mosquée de Poitiers en octobre 2012. Pour vous, cette démarche s’inscrit-elle d’une certaine manière dans la continuité de vos engagements passés au service de la liberté d’expression ?
Tout à fait. En acceptant de présider ce comité de soutien, il ne s’agissait pas dans mon esprit d’acquiescer à l’initiative des militants identitaires mais de protester contre le sort qui leur était réservé. Et surtout de m’élever contre le « deux poids deux mesures » qui caractérisait, une fois de plus, le traitement par la justice de militants classés par elle à l’extrême droite. Je vous rappelle qu’à la même époque, les Femen, qui s’étaient introduites dans Notre–Dame de Paris et avaient endommagé les nouvelles cloches, n’avaient pas fait l’objet du moindre contrôle judiciaire… Je suis révolté contre ces différences d’attitude des magistrats selon qu’il s’agisse de militants dont ils partagent ou non les engagements.
Vous avez raison, c’est au fond le fil conducteur de ma vie : me battre pour la liberté d’expression de tous, quels qu’ils soient, que j’approuve ou non leurs choix et leurs idées. Je l’ai fait pendant 23 ans à la tête de Reporters sans frontières. C’est pour cela que nous avons créé, avec Dominique Jamet, le site Boulevard Voltaire. S’y expriment des personnes avec lesquelles je suis en profond désaccord. Mais j’aime à les lire et à polémiquer avec elles si nécessaire… Seules limites à cette liberté de dire et d’écrire : les appels à la violence et les attaques ad hominem. Pour le reste, c’est carte blanche…
Qu’est-ce qui vous a décidé à passer de l’autre côté du miroir en vous présentant aux élections municipales de Béziers ?
Tout simplement parce que c’est ma ville et que j’y suis très attaché. Je commente la vie politique depuis des années comme journaliste sans jamais avoir envisagé de me lancer dans l’arène politique. Mais je suis fidèle à Béziers où j’ai passé mon adolescence – je suis pied-noir, d’Oran exactement – et je ne pouvais me résigner à la voir sombrer dans une léthargie, dans un désarroi, dans un désespoir qui la minent et la détruisent. Je ne pouvais rester les bras croisés. D’où cette candidature. Oui, je veux être maire de Béziers pour lui redonner du souffle, la sortir de la misère – un tiers de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté -, renouer avec un passé florissant : elle était baptisée, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, la « Bayreuth française »…
Votre liste a reçu le soutien officiel de Debout La République et du Front National ; on vous a vu lors d’un colloque aux côtés de Jacques Bompard (député-maire d’Orange, leader de la Ligue du Sud) ; vous avez reçu le soutien de Xavier Lemoine (membre du Parti Chrétien Démocrate et maire de Montfermeil) et de Philippe de Villiers (président du MPF et créateur du Puy du Fou) ; et on a pu lire dans la presse que des Identitaires faisaient partie de votre équipe de campagne locale ; vous êtes sans doute le seul candidat à rassembler ainsi l’ensemble de l’arc patriote. Comment expliquez-vous une telle réussite ?
Peut-être parce que je ne sais partie d’aucun de ces partis… Et vous oubliez le Rassemblement pour la France de Christian Vanneste, les nombreux militants de l’UMP et tous ceux qui, comme moi, n’ont de carte dans aucune formation politique ! Cette « réussite », comme vous dites, doit s’expliquer également par mon parcours : les uns et les autres sont témoins de mon engagement en faveur de la liberté d’expression et les risques personnels – à la tête de Reporters sans frontières – comme professionnels – dans les médias où j’ai travaillé et qui ne m’ont pas fait de cadeaux – que j’ai pris en son nom. Ils doivent en retenir un a priori favorable… Plus sérieusement, je crois que les Français (et pas seulement les Biterrois) aspirent à l’unité de tous ceux qui ne veulent pas du pays qu’on nous dessine : un pays privé de sa spécificité, de ses traditions, de son histoire, de son génie. Il est temps d’oublier les intérêts de partis, les égoïsmes de chapelle pour se rassembler. Il finira par être trop tard.
Quel est votre rapport avec les partis politiques ? “Mon parti c’est Béziers”, qu’est-ce que cela signifie ?
Si je sais l’importance des partis politiques, j’en connais les limites. J’ai de la sympathie pour plusieurs d’entre eux – j’ai voté pour Nicolas Dupont Aignan au premier tour de la dernière présidentielle, je suis d’accord avec 80 % des idées défendues par Marine Le Pen – mais je vois comment les logiques partisanes peuvent prendre le pas sur l’intérêt des Français et de la France. Devant la gravité de la situation, je crois nécessaire des regroupements mais aussi d’autres configurations, plus souples, moins contraignantes, plus ouvertes, moins hiérarchisées. Une élection municipale s’y prête d’ailleurs admirablement. Ceci dit, j’ai besoin d’eux à Béziers. Et ils ont répondu présents.
« Mon parti, c’est Béziers » est une façon de dire, de synthétiser tout cela. Sur le plan national, je dirais bien : « Mon parti, c’est la France ! »
Maire de Béziers, quelles seraient vos trois priorités ?
Elles sont, en réalité, au nombre de six : combattre l’insécurité, diminuer les impôts, lutter contre les « quartiers-ghettos », redonner vie au centre-ville, assurer la propreté de nos rues, relancer l’économie et développer l’emploi. Un programme qui devrait obtenir l’assentiment de tous si les uns et les autres ne s’en tenaient pas aux étiquettes politiques… Un programme de bon sens qui, je le vois jour après jour lors des porte-à-porte, convainc une majorité de Biterrois. Un programme enfin qui prend en compte la situation réelle de la ville et des moyens dont elle dispose ou, plutôt, dont elle dispose pas. Moins de 40 % de ses habitants ne paient pas d’impôts faute de revenus. Elle compte plus de 16 % de chômeurs. La ville est endettée, les taxes y sont trop élevées.
Mais Béziers dispose aussi d’atouts réels : outre sa situation géographique – au cœur d’un réseau autoroutier, à proximité de l’Espagne, de la mer et de la montagne – elle est surtout riche d’une histoire construite autour d’un véritable esprit de résistance : de la révolte des Cathares à celles des vignerons de 1907, des républicains refusant le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte au fils de Béziers qu’était Jean Moulin. C’est sur ce socle que l’on peut redonner vie à une ville. On pourrait dire et faire la même chose pour notre pays…
Crédit photo : Novopress (c)
Commentaires
vu l,état du pays ,et donc aussi de la bonne ville de Béziers , vaste programme qui l,attend avec son équipe , mais on ne peut que lui souhaiter une belle réussite . .!!
salutations.
Il semble que Robert Ménard réussisse à rassembler tous les patriotes : bravo, c’est ce qu’il faut faire. Et notons que le fer de lance de ce rassemblement reste le FN !
@ parvus: je pense qu'il réussira!
Ménard a un rôle fondamental - comme Zemmour - pour la défense de la liberté d'expression contre l'étouffant politiquement correct. C'est en ce sens qu'il est précieux pour décontaminer l'opinion publique. Il a su rassembler du monde autour de sa personne. Je lui souhaite le succès dans son entreprise de conquête de Béziers.
@ abad: je comprends qu'il faille jeter du lest pour arriver au pouvoir, mais que le FN ne s'édulcore pas trop!