Le 2 janvier 1492, la reddition de Boabdil, dernier rejeton de la dynastie nasride, met fin au royaume musulman de Grenade.
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C'en est fini de la présence musulmane en Espagne, active pendant sept siècles.
- C'en est fini aussi de la première croisade engagée par les chrétiens d'Occident contre les envahisseurs musulmans, la Reconquista (Reconquête).
Celle-ci avait débuté sous le règne de Charlemagne et l'un de ses premiers faits d'armes avait été la mort de Roland au col de Roncevaux, victime de pillards basques.
Les grands vainqueurs de la conquête de Grenade sont les souverains de deux royaumes anciennement rivaux, l'Aragon et la Castille.
Par leur mariage puis par la conquête du royaume de Grenade, Ferdinand II d'Aragon et Isabelle 1ère de Castille conduisent la péninsule ibérique vers l'unité. Celle-ci sera complète (à l'exception du Portugal) avec la soumission de la Navarre en 1515.
La prise de Grenade vaut à Isabelle et Ferdinand de recevoir du pape Alexandre VI Borgia (un Espagnol) le titre émérite de «Rois Catholiques».
À peine ont-ils reçu la reddition du roi Boabdil que les deux souverains ordonnent l'expulsion de tous les juifs de leurs royaumes à moins qu'ils ne se convertissent avec sincérité au catholicisme. Cette mesure d'expulsion prend effet le 31 mars 1492. Elle viole, notons-le, l'engagement de respecter les juifs de Grenade, engagement inscrit dans le traité conclu avec Boabdil.
Pas moins de 160.000 juifs quittent précipitamment la péninsule et vont chercher refuge en Afrique du nord ou auprès du sultan ottoman (dans leur pays d'accueil, ils se feront connaître sous le nom de Sépharades, du nom donné à l'Espagne en hébreu). L'Inquisition, tribunal religieux au service de la monarchie, se charge de traquer les faux convertis.
Le sort des musulmans n'est guère meilleur. Francisco Ximenez, ou Jimenez de Cisneros, un prêtre devenu sur le tard confesseur de la reine et archevêque de Tolède, convainc Isabelle de Castille de les convertir de force.
En 1499, les habitants de Grenade sont rassemblés sur la place publique, aspergés d'eau bénite et dès lors considérés comme baptisés. Ceux qui refusent ouvertement leur nouvelle condition sont expulsés du pays comme les juifs une décennie plus tôt.
Beaucoup de musulmans préfèrent néanmoins rester sur place et continuent de pratiquer leur foi en secret. Ces faux convertis, appelés Morisques, seront expulsés un siècle plus tard, en 1609, dans des conditions dramatiques, à l'initiative du duc de Lerma, conseiller du roi. Ces expulsions successives vont parachever l'unité religieuse de la péninsule mais aussi priver le pays d'éléments dynamiques et l'entraîner dans un irrépressible déclin.
En attendant, heureuse de sa victoire sur les Maures de Grenade, Isabelle se rend disponible pour de nouvelles conquêtes. C'est ainsi qu'elle reçoit Christophe Colomb et soutient son projet démentiel de rejoindre l'Asie des épices en traversant l'océan Atlantique.
Commentaires
"Ces expulsions successives vont parachever l'unité religieuse de la péninsule mais aussi priver le pays d'éléments dynamiques et l'entraîner dans un irrépressible déclin."
Lol, c'est pour ça que le siècle suivant la reconquista sera appelé le siècle d'or, incohérence quand tu nous tiens...
L'islamophilie et la judéophilie hystérique d'Hérodote n'est de tout façon plus à démontrer.
Voilà une belle page de l’histoire européenne et de la chrétienté : quel contraste avec les évènements d’aujourd’hui !
@ abad: j'aurais aimé être à Grenade cette année-là. Pas vous ?
Le point de vue politiquement correct d'Hérodote démontre que nous sommes entrés dans une période de falsification cynique de l'Histoire dès qu'il est question des "pauvres Arabes" et des "pauvres Juifs" ! Comme le dit Monsieur T, l'Espagne allait connaître un exceptionnel et flamboyant Siècle d'Or sous le règne d'Isabelle et de ses successeurs, dont son petit-fils, notre Keizer Karel (Charles Quint pour nous Flamands qui cultivons encore sa mémoire), ceci notamment après la découverte de l'Amérique et de ses fabuleuses richesses.
Hérodote fait honte au grand Hérodote de l'Antiquité et démontre une fois de plus qu'en matière d'Histoire, la vigilance s'impose et le révisionnisme est un devoir, quelqu'en soit le sujet !
Dirk: c'est le seul site où j'ai trouvé un article illustré sur le 2 janvier 1492... en dehors de Wikipédia. Il faut trier, bien sûr, éliminer...
Ces personnes prétendument si indispensables à un pays (les mauresques et les autres) nous font penser au prechi precha pseudo humaniste sur l' enrichissement par l' immigration .
Pourquoi ne pas rebaptiser ce Herodote en Heradote ?
Etonnant qu' il ne parle pas de la cohabitation (soi disant) harmonieuse entre Espagnols de souche et les Sémites !