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Les Grands Entretiens de Novopress – Bruno Favrit : “Nietzsche est le penseur de l’anti-système” (3/3)

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  Les Grands Entretiens de Novopress - Bruno Favrit : "Nietzsche est le penseur de l’anti-système"

La demeure de Nietzsche à Sils Maria, village du canton suisse des Grisons.Crédit photo : Bruno Favrit.

18/01/2013- 18h00
PARIS (NOVOpress) –
Homme des hautes cimes, qu’elles soient minérales ou intellectuelles, Bruno Favrit a construit patiemment une œuvre réellement originale. Brillant par ses nouvelles, qui concentrent un certain élixir de l’âme européenne, il s’est également distingué par ses essais sur le paganisme ou plus récemment par la publication de Midi à la Source 1980-2011. En 2002, il rend hommage à celui qu’il considère comme un grand éveilleur en signant une biographie de Friedrich Nietzsche dans la collection Qui suis-je ? des éditions Pardès. C’est à la rencontre de l’homme de montagne, de l’écologie radicale et des plus profondes racines, que nous sommes allés.


S’attaquer à un géant de la pensée philosophique demande un certain courage et de solides motivations. Quel était le mobile de ce travail ? Aviez-vous l’idée de solder une dette que vous auriez contractée auprès du sage de Sils Maria ?

Du courage, de la motivation… je ne sais trop. Nietzsche m’a paru tellement essentiel que je me suis trouvé naturellement enclin à examiner son œuvre de près avec les modestes facultés d’autodidacte qui sont miennes… et, partant, un regard “neuf”. Je pense qu’il ne pouvait pas en être autrement, tellement sa vision du monde – et des arrière-mondes – me correspondait. Il ne multiplie pas les préceptes mais encourage avant tout à penser par soi-même.

Vous insistez dès l’introduction de votre biographie sur deux écueils à éviter lorsqu’on souhaite plonger dans l’œuvre nietzschéenne. La première est de considérer cette dernière comme un système et d’en attendre ce qu’elle ne peut apporter : une parfaite cohérence. La seconde est de faire de Nietzsche un maître, alors que toute sa pensée invite au dépassement de tous les maîtres, au cheminement solitaire. Pouvez-vous développer ?

Nietzsche, le penseur de l’anti-système (dans tous les sens du terme) : cela me paraît évident. Je note cependant dans ma biographie que Gilles Deleuze avait déterminé qu’il y a un système nietzschéen au centre duquel est la force et que sous-tendent, entre autres, des rapports maîtres-esclaves ou action-réaction. Mais c’est un fait que le fragment tel que Nietzsche en use ne prédispose pas à des développements logiques, hégéliens, ou sur le mode spinoziste du C.Q.F.D. De même qu’il est courant de voir Nietzsche aller au gré de ses humeurs, ainsi quand il règle ses comptes avec ceux qu’il avait auparavant adulés (Wagner, Schopenhauer), il entretient des rapports ambigus avec les juifs, les femmes, Goethe, Platon… Chez lui, rien n’est jamais définitivement tranché ou démontré. Ce qui plaide bien en tout cas pour la non constitution d’un système.

Pour ce qui est d’un “cheminement solitaire”, Nietzsche se garde de prêcher des “vérit锑. Il préfère s’ériger en visionnaire intempestif. Quand il écrit dans Ecce Homo « On récompense mal un maître en restant toujours son élève », il parle aussi pour lui et, très logique avec lui-même, encourage ses semblables à le dépasser. Ce qui n’est pas, convenons-en, chose facile.

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Commentaires

  • "Nietzsche le penseur de l' antisystème" : c'est très bien vu et mériterait un développement dans le contexte actuel. On ne peut mieux résumer ce génie…qui ne voulut créer aucun système lui-même ! Je pense quand même qu'il faut commencer la lecture de Nietzsche par son Zarathoustra, avant d'aborder le reste. Sur un plan littéraire, c'est une juxtaposition époustouflante d'aphorismes, comme d'ailleurs la plupart de ses écrits. Et la poésie n'y est pas absente. Je l'avais négligé en classe de philo (chez les bons pères!) puis y suis revenu vers la trentaine et ne plus le quitter.
    A lire et relire, le crayon ou le surligneur à la main !

  • @ Dirk: B.F. est un ami, un grand ami, que je connais depuis longtemps déjà. Je vous conseille aussi ses recueils de nouvelles, qui sont de merveilleuses bouffées d'air pur!

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