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Tarascon : "Le soir dans les coursives de la prison ça sent fort le shit"

Arles Tarascon / Publié le Vendredi 28/02/2014 à 05H32
 

Pour le syndicat des agents pénitentiaires UFAP le récent démantèlement d'un réseau de trafic de stupéfiants au centre de détention n'est pas une surprise

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Un réseau interne, en lien avec des Toulonnais, à la prison alimentait les détenus de Tarascon en résine de cannabis.

Photo archives N.V

Le coup de filet antidrogue opéré mardi matin, simultanément à la prison Tarascon et Toulon, n'a pas surpris les agents pénitentiaires. Loin s'en faut. "On sait que la drogue entre en détention, et en plus grande quantité depuis la suppression des fouilles à corps après les parloirs" commente le représentant du syndicat UFAP, Éric Rouvière.

Le personnel pénitentiaire est d'ailleurs quotidiennement au contact avec la drogue. "Le soir, ça sent très fort le shit dans les coursives. L'odeur est omniprésente et s'imprègne. À telle enseigne que nous avons même des inquiétudes pour le personnel. L'odeur s'imprègne sur tout le corps et même les vêtements. Un contrôle de police ou de douane à l'extérieur sur nos camarades pourrait s'avérer être positif et des soupçons se porter sur eux" souligne encore le syndicaliste qui envisage même de porter la question devant le Comité d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT).

La drogue franchit les murs de la détention à l'occasion des parloirs, mais aussi par le biais des projections, des colis lancés par-dessus les murs et grillages d'enceinte. "On leur facilite quelque part la tâche, il y a une seule caméra de surveillance à l'extérieur. Et lorsque les "lanceurs" sont surpris par les agents postés aux miradors, ils ont le temps de s'enfuir" poursuit Éric Rouvière dont le syndicat réclame à l'administration pénitentiaire la création d'une brigade canine spécifique pour compléter celles des policiers qui investissement les lieux de temps à autre. Avec succès d'ailleurs, comme le souligne le commandant Hervé Louvel. "Ces opérations nous permettent de réaliser entre 70 et 80 saisies de drogue par an".

"Il faut imaginer que la prison est le reflet de la société extérieure, à l'intérieur c'est un microsociété, parfois avec un trait un peu grossi, notamment sur la question de la drogue" nous confie un autre gardien. Et il ne rentre clandestinement pas que de la drogue au centre de détention. Chaque année, entre 200 et 300 téléphones portables sont récupérés. Et même de la viande serait introduite.

"On n'a pas les moyens de contrôler tout ce qui rentre. La fin de la fouille ne nous sert pas. Et les nouvelles technologies sont aussi contre nous : les couteaux en céramique par exemple passent les portiques de détection, tout comme d'ailleurs certains téléphones portables qui ne sont pas détectés par la machine" note le syndicaliste UFAP.

Le problème c'est que toutes ces intrusions génèrent des trafics à l'intérieur, des conflits pouvant finir en rixe, avec parfois "des agressions de personnel" notre Éric Rouvière. L'UFAP a comptabilisé 200 agressions physiques et 18 prises d'otages. Et fait un parallèle entre les règlements de comptes extérieurs et les détenus. "On s'est rendu compte que beaucoup de victimes sont passées par le centre de détention de Tarascon" révèle Éric Rouvière.

La Provence


 

L'enquête

Agissant sur commission rogatoire, les policiers ont démantelé un réseau à l'intérieur de la prison de Tarascon. Sur les 11 personnes interpellées, 6 ont été mises en examen mercredi dont le chef présumé du réseau transféré à la maison d'arrêt de Nîmes.

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