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Le PS au bord de la crise de nerfs

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La hausse du chômage et la perspective d'une large défaite au second tour nourrissent les questions sur la ligne politique.

 
 

Le coup de grâce? À quatre jours du second tour des élections municipales, l'annonce d'une forte hausse du chômage en février semble sonner le glas des espoirs déjà bien minces des socialistes de réussir à inverser la tendance dimanche prochain. «Ça ne va pas jouer positivement, ça, c'est sûr», se désespérait un cadre de Solferino mercredi soir. Cette progression de 31.500 du nombre de chômeurs (+ 0,9%) tombe en effet au pire moment pour François Hollande, Jean-Marc Ayrault, son gouvernement et l'ensemble du PS. Elle signe en tout cas leur échec collectif au moment même où ils implorent des électeurs déjà désabusés de bien vouloir leur faire confiance à nouveau. Signe de l'embarras de la gauche, aucun responsable n'a pris la parole dans la soirée pour commenter les chiffres. Seul le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, a tenté d'expliquer qu'avec les mesures de «compétitivité économique» de «justice sociale» et d'«investissements massifs pour l'emploi», «jamais depuis dix ans un gouvernement n'a autant fait contre le chômage». Un peu osé.

Car la perspective d'une amplification de la défaite sur fond de hausse du chômage est en train de mettre le feu dans les troupes socialistes. Jusqu'à présent, les contempteurs de la politique de François Hollande s'efforçaient de se contenir pour ne pas perturber l'entre-deux-tours et amoindrir ce qu'il restait d'espoir au PS. Mais, dès dimanche soir, ce sera haro sur le quartier général et remise en cause générale de la politique du chef de l'État. «Compte tenu de la gravité de la situation, on ne peut plus continuer à jouer les élèves zélés de la rigueur budgétaire devant la commission libérale de Bruxelles. C'est fini», tranche le leader de l'aile gauche du PS Emmanuel Maurel. À ses côtés, le député Jérôme Guedj abonde: «La question est de savoir comment nous tirons les conséquences de ce qui se passe. Au soir du second tour, nous dirons que le sujet n'est pas le casting, mais la ligne politique.» S'il est désormais acquis que l'heure de l'après-municipales sera au remaniement, elle sera donc aussi aux règlements de comptes tous azimuts à gauche. «On est arrivés en mai 2012, et les comptables ont pris le pouvoir. Rien de risqué, qui ouvre une perspective. (…) Les citoyens ont eu le sentiment, avec leur bulletin de vote, d'avoir acheté un produit qui n'a jamais été livré chez eux», a ironisé le député Malek Boutih, qui avait mis en garde avant le scrutin contre un risque de «boucherie électorale».

 

Signe que l'incendie n'est cette fois pas circonscrit à la seule aile gauche du PS, c'est de partout que montent les récriminations. «Tout le monde se parle, s'interroge, cherche des solutions, mais pas du côté de Manuel Valls et de ses partisans», assure un cadre de Solferino. Recruté de haute lutte par le PS pour figurer sur ses listes pour les européennes, le syndicaliste Édouard Martin s'est lui aussi désolidarisé de la ligne politique du président de la République. François Hollande «a été élu par des gens qui espéraient un changement assez radical, on ne voit pas vraiment de différences entre avant et maintenant». Voilà donc le principal reproche adressé au chef de l'État, celui de n'avoir pas impulsé une politique de gauche depuis son élection. Ce qu'a expliqué Julien Dray sur son blog: «Sans politique, le risque est de laisser la place à une simple gestion, peu différenciée par l'électeur de la gestion de droite. Quand on abandonne la politique, on récolte la défaite.»

Cette agitation de la nomenklatura socialiste fait écho aux remontées du terrain, où le climat est encore pire. «Il y a de la colère, de l'écœurement, chez les militants socialistes, raconte un député. On va avoir du mal à les motiver.» Depuis dimanche soir, le PS s'efforce tant bien que mal de limiter la casse au second tour. Désormais, les socialistes attendent le coup de massue en espérant qu'il ne sera pas trop fort.

Maintenant que les listes sont bouclées pour le second tour, ils espèrent que leurs électeurs auront entendu, par-delà les chiffres du chômage, les messages distillés depuis lundi et se décideront malgré tout à les soutenir dans les urnes. Ils ont admis le vote sanction, promis des réponses avec plus de «justice sociale», rassemblé la gauche quand c'était possible, tenté le front républicain pour contrer le FN. «Je ne dis pas que ça va marcher, mais ce qui est sûr c'est que si nous ne faisons pas tout cela, ce sera encore pire dimanche», confie Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections. Et dire qu'il reste aux socialistes encore cinq scrutins à affronter d'ici 2015…

Le Figaro - 26 03 14

 

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