Ecrit le 12 avr 2014 à 16:41 par Olivier Bault dans Nouvelles d'Europe
Ce pourrait notamment être le cas des contrats pour la défense antimissile à courte et moyenne portée dans laquelle la Pologne envisage d’investir 13 Mds $ après avoir pris la décision d’accélérer à cette année le choix du fournisseur en raison du déploiement de missiles russes Iskander-M dans l’enclave de Kaliningrad, capables avec leur portée de 500 km d’atteindre quasiment n’importe quel point sur le territoire polonais, mais aussi du fait de l’annexion rondement menée de la Crimée par la Russie accompagnée de nouvelles provocations russes dans l’est de l’Ukraine, en Moldavie et dans les régions frontalières des pays baltes.
En effet, le gouvernement polonais de Donald Tusk, ainsi que je l’expliquais dans cet article, a dû se rendre à l’évidence que l’éventualité d’une attaque russe contre certains pays de l’OTAN, Pologne comprise, n’est pas du tout aussi irréaliste qu’il se l’imaginait. Outre la volonté affichée de renverser la vapeur après six ans de coupes budgétaires dans les budgets de la défense et six ans de reports successifs des décisions concernant l’acquisition de systèmes de défense modernes, par exemple de systèmes antimissiles et anti-aériens de dernière génération pour remplacer la défense anti-aérienne polonaise qui date encore de l’époque soviétique, la Pologne s’efforce aussi d’obtenir une présence militaire américaine conséquente sur son territoire. D’autres pays de la région, comme les Pays baltes ou la Roumanie, exercent d’ailleurs eux aussi des pressions en ce sens. La Lituanie a elle-même annoncé qu’elle allait augmenter ses dépenses militaires dans les années qui viennent en les faisant passer de 0,8 % (!) à 2 % de son PIB, et la Roumanie a pris la décision de remplacer enfin ses antiques MIG-21, certes modernisés, par des F16 d’occasion.
Pour revenir à la défense antimissile polonaise, celle-ci doit assurer la défense
du territoire polonais contre les missiles d’une portée inférieure à 1000 km tandis que la défense contre les missiles de portée supérieure sera assurée par le bouclier antimissile de l’OTAN en cours de déploiement. Il s’agira donc pour la Pologne d’acheter 8 batteries antimissiles à moyenne portée et 19 à courte portée, ainsi que les systèmes de détection et de communication qui vont avec. Des contrats portant sur une valeur double de celle des quarante-huit F16 américains en service dans l’aviation polonaise depuis 2006. Parmi les cinq concurrents encore en lice, il y a, outre les systèmes Patriot et MEADS américains les missiles Aster français. Il semblerait néanmoins, d’après le quotidien conservateur Gazeta Polska Codziennie, que le gouvernement polonais ne ferait pas confiance à l’offre française en raison de la coopération militaire entre la France et la Russie. Ces mêmes missiles Aster auraient été dans le passé proposés à la Russie et la France est en passe de livrer à ce pays deux navires porte-hélicoptères d’assaut de classe Mistral avec transfert des technologies. Deux autres navires du même type doivent être construits dans les chantiers navals russes. Comble du comble, les deux navires livrés par la France porteront les noms de Vladivostok et… Sébastopol ! Rien ne garantit donc à la Pologne que la technologie des missiles Aster pourrait ne pas être parfaitement connue de l’attaquant potentiel contre lequel ces missiles seraient censés la défendre. La Géorgie avait eu le problème avec ses drones israéliens en 2008 car les codes de ces drones auraient paraît-il été vendus par Israël à la Russie. C’est pourquoi l’offre israélienne de systèmes antimissiles sera elle aussi probablement exclue et il est vraisemblable que la Pologne choisira des systèmes américains, et ce d’autant plus qu’elle pourrait devenir partenaire du programme MEADS aux côtés des États-Unis, de l’Allemagne et de l’Italie.
Quant à la politique française vis-à-vis de la Russie et de ses alliés de l’OTAN, n’est-il pas extrêmement curieux que la France, qui livre ses technologies militaires à la Russie, propose parallèlement d’envoyer des avions Rafale patrouiller le ciel des Pays baltes pour les protéger contre une éventuelle agression russe ?
Rappelons que le commandant en chef de la marine russe lui-même avait déclaré après l’invasion en 2008 de la Géorgie que des bâtiments du type Mistral avaient alors cruellement manqué à la Russie.
Et que penser de l’aspect commercial d’une opération par laquelle la France, quatrième exportateur d’armements dans le monde, vend ses technologies au deuxième plus gros exportateur ?
L’image de la France n’en sort pas grandie dans les pays de l’ex-bloc de l’Est.
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Commentaires
La Pologne s'est empressée, le lendemain de son adhésion à l'UE d'acheter des F16 américains plutôt que des Rafale ou des avions équivalents anglais et européens ! Par ailleurs, cet article trahit - mais il n'y a que les gogos qui l'ignoraient - la véritable mission du bouclier anti-missiles déployé en Pologne, soi-disant contre l'Iran ! C'est bien la Russie qui est visée et la Pologne n'est qu'un porte-avions US au coeur de l'Europe et pointé contre la Russie !
Preuve supplémentaire de la sujétion de l'UE aux intérêts US !
La réponse est simple : la France n'est qu'une fiction juridique , parfois encombrante, pour ceux qui décident du sort des hommes .
Inutile de s'illusionner : Pologne , Etats baltes et autres sont logés à la même enseigne .
Et n'en soyez pas dupes , le peuple américain n'est pas composé des Supermen qui régissent le monde mais des ilotes de la finance apatride .
La France, est-il dit, ne sort pas grandie dans les pays de l'est.
Faux, la France c'est nous, rien à voir avec les sagouins qui la maquent.
Qu'on nous La rende, ou qu'on la reprenne par la force, elle redeviendra la Grande Nation d'antan.
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