« (…) Nous continuons. Les sommets, maintenant que le soleil se couche dans les vallées de l’Ouest, sont couverts de reflets. Ils prennent un aspect ancien et glorieux. Ils sont dorés et pourpres, dans un ciel pur qui a l’air encore plus haut et lointain. La masse diaphane des vapeurs qui émanent des vallées et des forêts montent lentement jusqu’à eux, qui se dérobent tout à coup à nos regards quand la route plonge dans la forêt. Nous ne pouvons les voir de nouveau que lorsque nos voitures, sortant de la forêt après avoir négocié de nombreux virages en épingle à cheveux, entrent dans San Martino di Castrozza.
De là, la vue est féérique : seuls, suspendus entre les vapeurs et le ciel de couleur cendrée et filigranée, les sommets flottent dans un fondu. Clarté désincarnée, ils ont l’air de souvenirs ou d’échos immatériels. Ils sont là, incroyablement hauts, alors que l’air devient froid, sec et mordant. »
Julius Evola, Méditations du haut des cimes.
Crédit photo : settebart via Flickr (cc)