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L’Eurovision, symbole du crépuscule de l’Occident !

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Le 12 mai 2014
Le propre de la décadence est de confondre l’art royal de la politique avec les paillettes du spectacle. Néron, déjà…  
         

Jamais autant qu’aujourd’hui le mot « Occident » n’a signifié le crépuscule. C’est l’heure où la lumière fait s’estomper les différences, les distinctions salutaires pour que tout s’endorme dans une froide pénombre. Ainsi l’Eurovision a été une caricature de cette Europe qui va voter on ne sait trop pourquoi dans quelques semaines. C’est la confusion des genres qui l’a emporté. Mais la confusion la plus grave est d’attacher la moindre signification aux fêtes et aux agitations du show-biz. On a scruté la vedette, emblème de l’idéologie du genre. On a failli voir dans la chansonnette ukrainienne qui ouvrait le cirque une réponse à Vladimir Poutine. Le microcosme du spectacle a ses marottes, ses idoles et ses sorcières. Le propre de la décadence est de confondre l’art royal de la politique avec les paillettes du spectacle. Néron, déjà…  

Pendant ce temps, les choses sérieuses ont lieu ailleurs. Toute décadence est marquée par des fêtes brillantes et souvent vulgaires. Les époques de reconstruction sont plus austères. Elles sont réactionnaires, et donc salutaires. De Gaulle, c’était la tragédie permanente. Avec Hollande, on est davantage dans le vaudeville. Samedi, un travesti barbu autrichien et chantant en anglais a été couronné à l’Eurovision. Pendant ce temps, Poutine était en Crimée, et ne poussait pas la chansonnette mais entonnait l’hymne russe.

Le spectacle actuel du naufrage de l’Europe « occidentale » dans le monde est angoissant. Un continent vieillissant dont l’avenir semble passer nécessairement par une immigration de masse, une civilisation qui renie son passé et ses valeurs, des nations qui ont coloré le monde de leurs identités diverses, et qui disparaissent dans la grisaille d’un échafaudage technocratique, un géant économique et démographique incapable d’une politique indépendante de celle des États-Unis, telle apparaît l’Europe dont on voudrait qu’elle suscite l’enthousiasme de ses « citoyens ».

De plus en plus, l’Europe se résume à n’être qu’un ventre, qui fonctionne assez mal, d’ailleurs. La mauvaise foi outrecuidante et la partialité systématique de l’Europe alignée sur les États-Unis face à la Russie dans les questions syrienne et ukrainienne sont inquiétantes. On en est venu à soutenir objectivement les djihadistes en Syrie et à opposer le bon droit des nationalistes ukrainiens de Maïdan aux manipulations dont seraient victimes les russophones du Donbass.

Pour peu, on brandirait la démocratie occidentale face à la résurrection de l’URSS. La Russie n’est sans doute pas une démocratie parfaite. Mais c’est un immense territoire, très riche, dont la dimension ouvre de nouvelles frontières à conquérir. L’espace y soulève l’espoir. On menace la Russie de sanctions, voire d’un désastre économique. Or, la Russie, contrairement à l’Europe de l’Ouest, ne se résume pas à des données économiques. La fierté nationale y vibre encore intensément. Sa puissance militaire retrouvée est impressionnante. À sa tête, il y a un homme qui fait de la politique, pas du commerce, et qui ne néglige pas le retour de la spiritualité orthodoxe. Face à cette renaissance, l’Occident crépusculaire fait-il le poids ?

Christian Vanneste

BOULEVARD VOLTAIRE

Commentaires

  • Très juste analyse de Vanneste.
    On ne peut s’empêcher de comparer la situation actuelle de l’Europe avec les deux derniers siècles de l’Empire romain, alors en pleine décadence. Pendant ce temps « l’élite romaine » ne pensait qu’aux jeux du cirque, fonctionnariser tous les citoyens pour maintenir un ersatz de paix dans l’empire, et ne voyait pas ou ne voulait pas voir l’invasion des barbares qu’on laissait passer aux frontières de l’empire ; cette invasion était certes plus ou moins pacifique mais tout aussi dévastatrice qu’une invasion militaire et elle a conduit en moins de 200 ans à la ruine de Rome. Il fallu attendre un millénaire pour sortir du Moyen-Age qui s’en suivit, et retrouver un niveau de civilisation comparable à celui de la Rome antique : Mille ans de perdus ; mille ans de souffrance ; mille ans de malheur !

  • @abad,
    Les mille ans du Moyen-âge (de la chute de Rome jusqu'à la découverte de l'Amérique, mais c'est une définition conventionnelle) n'ont pas été une période sombre et barbare, mais une extraordinaire période de gestation culturelle et spirituelle en Europe, ce cycle historique ayant succédé à d'autres cycles historiques, l'histoire n'étant pas linéaire.
    Vanneste dénonce la décadence actuelle, il n'est pas le premier, mais surtout, il fait très bien de faire la comparaison avec Poutine, qui lui, n'est certainement pas un décadent ! C'est physique, il suffit de le regarder !

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