De l’ouest vers l’est, au coeur de l’Afrique et de l’Arabie, se trouve l’autoroute de l’esclavage. Finalement, nous avons trouvé ce que nous cherchions depuis 6 mois dans le golfe Persique. Un marché d’êtres humains à ciel ouvert [...] Tous les esclaves ne proviennent pas d’Afrique noire. Certains sont aussi amenés de la péninsule Arabique. Parfois, tout ce que vous avez à faire est d’organiser une fête. De celles que les Britanniques appelaient fêtes de l’esclavage. Nous avons eu vent de l’une de ces fêtes au Qatar [...] Les femmes sortent d’un abri. Elles arrivent d’un village local. Les organisateurs [...] ont atteint leur but [...]. Ils cherchent celles qu’ils vont négocier à leur père ou à leur mari, celles qu’ils vont kidnapper.
Non, nous ne sommes pas avec Livingstone au milieu du XVIIe siècle dans la région des Grands Lacs. C’est ainsi que débute un reportage de la télévision américaine daté de 1964, et nous sommes au Qatar. Vous avez bien lu : 1964, Qatar.
Les propos gravement haram de Mariani ont engendré des salves de propos halal. Dans le fameux « tweet » de Mariani,
Nigeria. L’enlèvement par la secte Boko Haram rappelle que l’Afrique n’a pas attendu l’Occident pour pratiquer l’esclavage. #Déculpabilisation
le dernier mot est certes de trop. Cela n’empêche guère des siècles et des siècles d’esclavage en Afrique, non imputables à l’Occident, de rester rigoureusement impunis, censurés, sous l’œil vigilant de la redoutée milice antiraciste.
Demandez donc à madame Taubira. La question en filigrane posée par le « tweet » de Mariani est : quand commence-t-on le procès des autres esclavages (traite arabo-musulmane/traites internes) ? Des millions de gens attendent cela, à commencer par les âmes des millions de victimes, déportées une seconde fois par omission. « Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est pure coïncidence. » Formule figurant au générique de certains films, et que l’on nous somme depuis toujours d’intégrer à notre grille de lecture de l’histoire esclavagiste, lorsque (et seulement dans ce cas) mille ans de traite arabo-musulmane nous hurlent l’évidence contraire.
Je pense, quant à moi, que l’épisode Boko Haram, (ils sont bien musulmans ?) ne se distingue peut-être pas tant que cela de ce que nous apprend l’anthropologue Tidiane N’Diaye sur le sujet (Le Génocide voilé) et illustre au contraire ce que le continent africain a pu endurer pendant mille ans. Copé « regrette profondément » le rappel de ce fait (par-delà le mot « déculpabilisation », de trop). Ce n’est pas le moins inquiétant pour nous.
Je regrette que personne n’ait cru bon de rappeler ceci :
Bien qu’il n’existe pas de degrés dans l’horreur ni de monopole de la cruauté, on peut soutenir que le commerce négrier et les expéditions guerrières provoqués par les Arabo-Musulmans furent, pour l’Afrique noire tout au long des siècles, bien plus dévastateurs que la traite transatlantique (Tidiane N’Diaye, cité dans Le Nouvel Observateur, 2010).
Tiens ? J’entends les mouches voler…
Silvio Molenaar
BOULEVARD VOLTAIRE
Commentaires
Mariani s'est empressé de revenir sur ses propos, preuve qu'il n'est qu'un pleutre et qu'une lopette qui n'assume pas courageusement ses positions. Un UMP type quoi !
J'avais un camarade Mauritanien, élève de l'Ecole de journalisme de Lille, dont le père possédait des caravanes et qui nous expliquait qu'il possédait de nombreux esclaves noirs. C'était vers 1967- 68. Cela ne le choquait guère, ce qui nous surprenait fort quand même à l'époque.
Une autre vérité, plus ancienne il est vrai, sur l'esclavage et les spécialistes déjà bien identifiés à l'époque par Suétone :
"Cum Caesar in Galliam venit, factiones erant." (César, De Bello Galico) = "Quand César vint en Gaule, il y avait des factions." Le résultat est connu : des millions de morts et de braves gens, surtout femmes et enfants, vendus comme esclaves sur les marchés à chair humaine de Rome par les spécialistes de la chose qui seront les derniers à veiller la dépouille mortelle de César (Suétone, Vie des douze Césars, LXXXIV : "On remarqua surtout les Juifs, lesquels veillèrent, plusieurs nuits de suite, auprès de son tombeau." C'est ce qui s'appelle avoir de la reconnaissance pour son fournisseur).