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Marseille : il y a 70 ans, le déluge de bombes

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Ce qu'il reste de l'école des Maristes, rue Villeneuve, dans le quartier du Chapitre, après le passage des 250 forteresses volantes...

 

 
Marseille / Publié le Mardi 27/05/2014 à 05H31
 

Ce 27 mai 1944, Sylvette et Mireille Suzanne n'ont que 18 et 9 ans quand leur vie bascule en quelques secondes

                
 
 

La journée s'annonçait magnifique...

Ce samedi 27 mai 1944, Marseille vaque à ses occupations, ne prêtant guère attention aux hurlements des sirènes qui ont commencé à retentir vers 10 heures du matin. Il faut dire que depuis plusieurs mois, leur déclenchement quasi-quotidien, systématiquement suivi d'un avis de fausse alerte, avait fini par endormir la vigilance de la population.

Les bombardiers américains

Or ce jour-là, la cité phocéenne a été désignée comme cible prioritaire d'un raid massif de l'aviation alliée. À bord de 250 forteresses volantes venues d'Italie, les bombardiers américains tiennent la ville dans le réticule de leur collimateur. Les trappes s'ouvrent, libérant près de 800 bombes de 250 kg et 500 kg qui chutent en sifflant. Au sol, c'est l'apocalypse.

En quelques secondes, la vie de Sylvette et Mireille Suzanne va basculer dans l'horreur la plus totale. Miraculeusement épargnées car absentes de leur domicile ce matin-là, elles ne découvrent à leur retour que ruines, mort et désolation.

"Je me trouvais à l'école Sainte-Marie de Fuveau, raconte Mireille, 79 ans, encore très émue à l'évocation de ces heures terribles. À 10 h, nous sommes sortis en récréation et à 10 h 15, des vagues d'avions sont passées au-dessus de nos têtes, très haut dans le ciel. Des enfants se sont mis à crier à plusieurs reprises : 'Ils vont bombarder Marseille !' J'ai quitté la cour et me suis réfugiée dans un coin du préau en pensant très fort à mes parents qui étaient là-bas..."

De retour d'un week-end dans les Basses-Alpes où la nouvelle du bombardement ne lui est pas parvenue, sa grande soeur Sylvette se rend normalement le mardi suivant, 30 mai, à sa maison située au 143, du boulevard National, afin d'y retrouver ses parents.

"Je suis arrivée devant l'immeuble qui n'existait plus"

"Je suis arrivée devant l'immeuble qui n'existait plus, se souvient Sylvette. Il ne restait qu'une partie de la façade où était accrochée la machine à coudre de ma mère, le poste de radio et le portrait de notre père sur le mur. Notre immeuble a été l'un des premiers atteints par la première vague. Mes parents n'ont pas eu le temps de descendre se mettre à l'abri, et surpris, ont subi une première attaque. Puis quelques secondes plus tard, une deuxième vague lâchait d'autres bombes qui ont complètement détruit la maison."

 

Ernest, le père de Sylvette et Mireille, est tué sur le coup. Parti la veille au soir à son travail, il n'aurait dû rentrer qu'en fin d'après-midi mais était revenu plus tôt en raison d'une grève surprise des trains. Marthe, leur mère, est précipitée au bas de l'immeuble où elle reste ensevelie pendant huit heures sous les décombres.

"En fin de journée, poursuit Sylvette, les équipes de sauveteurs avaient abandonné tout espoir de retrouver des survivants dans l'immeuble totalement détruit. Mais le curé de l'église du Bon Pasteur était persuadé d'entendre des appels. Il a alors demandé de l'aide à deux jeunes hommes qui passaient par là. C'étaient deux frères, dont l'un, Marcel Siterre, avait travaillé à la mine de Gardanne et possédait quelques connaissances pratiques pour étayer les galeries. Ils se mirent à creuser et sécuriser un petit tunnel jusqu'à notre mère."

Mais la pauvre femme ne se remettra jamais totalement de ses blessures et décédera quatorze ans plus tard, ajoutant son nom à celui des milliers de victimes de ce raid incompréhensible.


Quartier martyr

Un hommage aux victimes et aux sauveteurs sera rendu ce soir à 19 h 30, devant le monument des Mobiles, sur La Canebière ; cérémonie précédée à 18 h 30 d'une messe en l'église des Réformés. Selon le bilan établi par le bataillon de marins pompiers de Marseille dont 10 militaires sont morts ce jour-là à bord de leur véhicule écrasé par un pan de mur, le raid aurait fait 1 752 morts et 2 760 blessés, détruit 404 immeubles et déclenché 46 grands incendies.

Chiffres confirmés par l'association des Anciens de la Défense passive dont 64 volontaires et 47 démineurs ont perdu la vie en 1944. Un autre décompte macabre souvent cité lors des cérémonies officielles, fait état de 3 000 morts et 6 000 blessés. L'épisode le plus dramatique de cette matinée infernale reste l'effondrement de la voûte du tunnel du boulevard National, touchée par un coup direct alors que des centaines de Marseillais s'y étaient réfugiées, pensant y être en sécurité. Là encore, le bilan fut très lourd : 100 morts et près de 150 blessés.

Aucune une cible stratégique ne fut touchée...

La Provence

NdB: Ajoutons que les soldats et infirmiers allemands aidèrent au déblaiement des ruines et au sauvetage des blessés.

Commentaires

  • si c,était le port qui était visé , quel résultat ??
    à l,époque on ne parlait pas de dommages collatéraux , d,ailleurs les victimes civiles ne devaient pas trop donner d,états d,âmes aux puissants de l,époque , bien que cela n,a guère changé , malgré les cris d,orfraie de nos hypocrites bien-pensants .!!!
    salutations.

  • Gaelle,
    Vous faites bien de le rappeler!
    Ces bombardements odieux , qui ose en parler?
    Par contre , certains evenements nous sont rabaches quotidiennement..
    Ont-ils eu droit a des dedommagements ces pauvres rescapes?
    Bravo pour votre courage d'ajouter que les soldats et infirmiers allemands ont aide au sauvetage des blesses..

  • Soixante-dix ans après la "Libération"...

    Lorsque l'on contemple ce champ de ruines qu'est devenu Marseille après le bombardement allié du 27 mai 1944, un certain nombre de questions, auxquelles on ne trouve aucune réponse dans les ouvrages historiques officiels, se posent:

    1° Quel était l'intérêt de bombarder Marseille situé à environ plus de 1000 km du lieu choisi pour le débarquement du 6 juin1944?

    2° La France a-t-elle été réellement "libérée" par les Alliés, ou est-elle passée d'une occupation allemande à une autre occupation que nous avons eu malheureusement tout le temps d'observer durant les 70 années écoulées depuis 1944?

    3° Des historiens ont clairement établi qu'à l'occasion de l'armistice de 1940, une grande quantité d'armement provenant de l'armée française avait pu être soustraite aux Allemands et que nombre d' officiers restés fidèles au régime légalement élu par le Parlement le 10 juillet 1940, préparaient une insurrection armée devant aboutir à la libération de la France par ses propres moyens et sans ingérence alliée. Il est essentiel ici de rappeler le rôle du Général Maxime Weygand: "Au sein du gouvernement de Vichy, Weygand reste hostile aux Allemands, et conçoit la Révolution nationale comme un moyen pour la France de se redresser moralement et matériellement et de prendre un jour sa revanche contre l'Allemagne" (source Wikipédia). En Afrique du Nord, le Général Weygand s'emploie à la préparation de la reprise des hostilités par la France (source Wikipédia). Le Général Weygand fait dissimuler certains effectifs et armements aux Commissions d'armistice italienne et allemande. Il s'efforce aussi, après les attaques de Mers-El-Kébir et Dakar, de renforcer l'Armée française d'armistice en Afrique, et donne son accord à René Carmille pour l'équipement mécanographique des bureaux de recrutement. (source Wikipédia)

    Alors la France aurait-elle pu faire l'économie de cette fort coûteuse (en dévastations gratuites) "libération" par nos "alliés"? La France serait-elle parvenue tôt ou tard à se libérer par elle-même de l'occupation nazie? Il n'est pas interdit de le croire!

  • l,Armée Française , malgré de vaillants combats , était mal en point , une insurrection se prépare bien à l,avance et cette période était plutôt aux dysfonctionnements tous azimuts , les forces Allemandes commençaient à bien s,implanter sur une bonne partie du territoire , donc je pense que cette solution aurait été très hasardeuse . .!!
    salutations.

  • @ Nelly: je ne sais pas si ces pauvres gens ont eu droit à des dommages de guerre. C'étaient les "Alliés" venus nous délivrer... préparer le terrain pour le débarquement en Provence...

    Ce n'est pas du courage, c'est la vérité historique, tout simplement! Il y avait des brancardiers et des médecins. Mon père m'avait raconté tout ce qu'il avait vu en revenant à pied de son travail, son trajet lui faisait traverser la ville.

    Amitiés

  • @Philippe : "La France a-t-elle été réellement "libérée" par les Alliés..."
    Vous posez là une excellente question. Mon opinion est que ce que nous vivons aujourd'hui dépend des événements d'hier et en particulier des années 1944-1945 !

  • Gaelle,
    Mais si, il faut du courage! Car en principe il ne faut parler que de la "barbarie allemande"!
    Rappelons nous de la remarque de J.M. Le Pen sur l'occupation allemande...qui lui a cause des deboires.
    http://www.huffingtonpost.fr/2013/06/19/jean-marie-le-pen-occupation-allemande-condamnation_n_3465224.html

  • @ Nelly: je ne refuse pas de parler de la barbarie allemande si s'il y a lieu de le faire. Pour les bombardements du 27 mai 44 à Marseille, dans ce cas précis, on ne peut parler que la barbarie des Alliés.

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