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Entretien avec Renaud Camus. Il faut prendre au mot tous ceux qui renient publiquement leur qualité de Français !

                    

Le 4 juin 2014

L’arrestation de Mehdi Nemmouche pose de façon brûlante la question des Français partis pour le djihad en Syrie et qui reviennent complètement “endoctrinés”. Que faut-il faire selon vous ?

L’arrestation de Mehdi Nemmouche pose surtout de façon brûlante la question du sens, du sens des mots, et d’abord de ce mot de français, un Français, trois cents Français, sept cents Français, dont le pouvoir remplaciste se gargarise et dont l’absurdité dans cette acception n’est plus tolérable. Le dogme antiraciste expire. Il n’avait pour lui que la légitimité du “plus jamais ça” qui le fondait. Mais cette légitimité, que nul ne conteste, ne peut pas imposer plus longtemps l’extravagance des contenus, soumis à un nominalisme délirant qui prétend que n’importe qui ou n’importe quoi peut être appelé n’importe comment, sur un coup de tampon. Nemmouche et ses pareils sont français au sens où Germanicus était germain : parce qu’il avait conquis la Germanie. L’antiracisme est un roi légitime, mais dément. On n’a vu longtemps que sa légitimité, incontestable ; on ne distingue plus que son délire.

Certains parlent de “déchéance de nationalité”. Un mal nécessaire ?

Un mal ? Pourquoi un mal ? Il n’y a qu’à gagner pour tout le monde à rendre aux mots leur poids et leur épaisseur de sens, et à retirer aux choses, aux êtres, aux significations, les appellations abusives dont on les a revêtus. Il n’y a aucun mal, même pour eux, à exaucer les vœux des djihadistes “français”, et de tous ceux qui renient publiquement leur qualité de Français. Ceux-là, il faut les prendre au mot : la remigration est à ce prix. Le pénible Mundial de football, qui s’annonce, devrait offrir de belles occasions, avec tous les matches prévus de l’équipe d’Algérie, de faire un tri, de mieux connaître les appartenances et les souhaits des uns et des autres, et d’agir en conséquence, en respectant soigneusement les affiliations affichées.

Apparemment, les prisons françaises seraient un terreau fertile pour la “ radicalisation”. En 2008, on chiffrait déjà à 60 % la part des détenus musulmans. Comment contrôler ce qui se passe à l’intérieur des établissements pénitentiaires ?

J’ai écrit quelque part que la France était comme une vieille fille qui élève (sans aucun succès) les enfants des autres ; elle sert aussi de garde-chiourme pour les délinquants d’autres peuples, d’autres nations, d’autres civilisations. Des conquérants gardés sous clef par leurs conquis : c’est une situation très originale, et même, je crois, inédite, qui montre à quel point, décidément, la conquête coloniale en cours ne ressemble à aucune de celles qu’a connues l’histoire jusqu’à présent. Telle est d’ailleurs la raison qui empêche la plupart des observateurs (et cela les arrange bien… ) de la reconnaître pour ce qu’elle est — une conquête coloniale. Mais cela ne change rien à sa nature.

François Hollande a annoncé hier qu’il souhaitait faire passer de 22 à 14 le nombre des régions en France. Certains dénoncent une “carte de France des copains”. Ultime tentative pour rebondir de la part d’un Président K.-O. ?

Geste d’autorité arbitraire, bâclé, typique des pouvoirs faibles en fin de course. Mais il faut la regarder, cette carte. Et l’on en revient à ce dont nous parlions pour commencer : absence de sens, nominalisme pur, défaut total d’inscription dans l’histoire, dans la culture, dans l’origine. La carte est traitée comme le territoire lui-même : sans amour, sans respect, sans prise en considération de l’épaisseur du temps. Je ne suis même pas sûr que les considérations pratiques, économiques, utilitaires entrent en jeu. Non, c’est l’arbitraire absolu : Nemmouche est français, et l’Auvergne est rattachée à la région Rhône-Alpes…

Je rappelle que le programme de l’In-nocence plaide pour la suppression des régions et des départements et pour le rétablissement des provinces, quitte à regrouper les plus petites, comme jadis l’Aunis et la Saintonge. D’ailleurs, la carte de Mgr le Comte de Paris est très bien.

BOULEVARD VOLTAIRE

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