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EDUCATION NATIONALE : LETTRE DE CADRAGE DE LA RENTREE 2014

 

EDUCATION NATIONALE : LETTRE DE CADRAGE DE LA RENTREE 2014 - Entre démissions et abandons
 

Entre démissions et abandons



Michel Lhomme
le 07/06/2014
Récemment, nous avons appris que la capitale française serait la seule capitale européenne à ne pas retransmettre sur des écrans géants le mondial Brésil 2014. Probablement par peur des troubles à l'ordre public, en clair par peur des drapeaux algériens. En fait, la préfecture de police de Paris ne veut pas prendre le risque de pillages comme ceux de l’an dernier au Trocadéro, lorsque le PSG y fêta son titre. Le message des pouvoirs publics est limpide : trois cents voyous risquent de venir troubler ces soirées de liesse. Le gouvernement décide tout simplement de les annuler.
 
Dans ce même ordre d'idées, la SNCF a retiré tous les chariots à bagages dans les gares parce qu'ils seraient systématiquement dérobés. On imagine les soucis prochains de nos touristes ou de nos estivants dans les gares bondées de l'été. Effectivement comme pour les écrans géants, c'est une démission.
 
En fait, on ne compte plus les démissions de l'Etat. Elles touchent tous les services, la santé mais aussi la Police nationale ou la Gendarmerie nationale devenue une annexe de Bercy et un simple service commandé en uniforme et, pire peut-être pour le futur, l'Education nationale.

Une lettre de cadrage inquiétante

A ce titre, il faut absolument lire dans son intégralité et malgré la pesanteur de son jargon administratif, la lettre de cadrage de la rentrée 2014, adressée à tous les personnels de l'Education nationale par Benoît Hamon, son nouveau ministre. Là, ce n'est plus seulement une démission, c'est l'abandon. La lettre révèle en filigrane l'état présent du système et il suffit d'en souligner  les grandes orientations pour énumérer toutes ses déficiences avec l'aveu implicite qu'on ne saurait plus y remédier. 

 
Dans l'introduction, l'Education nationale constate d'abord son piètre résultat : l'accroissement des inégalités sociales et territoriales. Malgré cinquante ans de collège unique ou de politique prioritaire de la ville, les dogmes du Ministère, les inégalités se sont creusées et amplifiées. Nonobstant, nulle part, la lettre ne remet en question le Collège unique. Ensuite, la priorité est donnée à l'école primaire. Pour cela, la recette est simple : on change les programmes. Autrement dit, on les revoie à la baisse mais surtout on introduit la fumeuse pédagogie par compétences. En clair, on suggère carrément la suppression des notes qui seraient pour les élèves forcément traumatisantes et discriminantes. Les élèves sont malades quasi analphabètes alors cassons le thermomètre et on ne verra que du feu ! Citons le texte : « Pour améliorer l'efficacité des apprentissages et la confiance en eux des élèves, il importe de faire évoluer les pratiques en matière d'évaluation des élèves. Il s'agit d'éviter que l'évaluation ne soit vécue par l'élève et sa famille comme un moyen de classement, de sanction, ou bien réduite à la seule notation ». On appellera cela «l 'évaluation formative ». La suppression de tout redoublement est annoncée en seconde et en première comme la prise en charge totale par les parents de l'orientation en classe de troisième.

Le texte énumère aussi par défaut les tares du système et en particulier le taux excessif de décrochage scolaire, symptôme d'un système de plus en plus inadapté mais qui a aussi tout simplement renoncé à instruire. Le Ministère reconnaît textuellement que les conclusions de l'enquête Pisa parue en décembre 2013 ont rappelé qu'en France, les écarts de performance entre les élèves se sont creusés et que la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance scolaire est particulièrement marquée. Pour cela, il est décidé une fois de plus de réinjecter à fonds perdus de l'argent dans les banlieues avec des REP + (Réseaux d'Education prioritaire renforcé) tout en reconnaissant au passage que le problème de la mixité sociale n'est qu'un doux euphémisme. 

 
Une autre partie de la Lettre est ensuite consacrée à la formation des enseignants. Face à la crise du recrutement ou à l'ennui des bancs scolaires, le Ministère croit au numérique éducatif. C'est sa nouvelle lubie, la prochaine panacée comme si l'informatique apprenait à penser ! C'est l'esquisse de l'Utopie 2035 d'un think tank progressiste que nous avons eu entre les mains qui envisage des collèges super-connectés où l'on imagine un pool d'enseignants réduits, des classes de soixante-dix élèves sur postes informatiques, des examens par QCM. 

Le quatrième axe que définit cette lettre de cadrage donne tout l'esprit de la prochaine « révolution »  éducative. Son mot clé : la bienveillance. Une école à la fois exigeante et bienveillante. Traduction : on dicte des directives mais on fermera les yeux sur vos résultats ou vos comportements. Le 29 mai, une circulaire elle aussi publiée au Bulletin Officiel a de fait été adressée à tous les proviseurs. Elle vise à éviter les sanctions d'exclusion, insistant sur les mesures alternatives, permettant même d'être exclu mais, de quand même venir dans l'établissement, inventant ainsi un nouvel oxymore, la « sanction inclusive»  ! 

Dans toute cette phraséologie nouvelle de la « bienveillance» , on insiste aussi sur le programme à inculquer : droits de l'homme, antiracisme, lutte contre l'homophobie, charte de la laïcité, confusion de l'histoire avec l'histoire mémorielle dite « mémoire collective» , nazisme, libération, résistance. On fait allusion à la collectivité mais de quelle collectivité parle-t-on ? En fait, l'expression est à la mode : « faire communauté» . Est-ce bien républicain que de s'exprimer ainsi ? L'idée de République n'implique-t-elle pas qu'on oppose « être universel»  et « être communauté» ? A chaque fois, on ne cesse de prendre des gants. On affirme la laïcité mais on demande à être bienveillant avec les parents ou les élèves voilés. On notera mais sans noter. 

C'est cet esprit-là, l'esprit de l'abandon. C'est cet esprit là, la bienveillance pédagogique qui est l'aveu de la démission. En fait, on ne gouverne plus. Le roi est nu. Mais qu'est-ce par définition qu'un pouvoir faible ? Un pouvoir qui n'existe plus. Quand un État renonce à ce point à exercer dans tous les domaines son autorité, parce qu’il craint les remontrances ou la réprobation, quand une autorité n'ose plus gouverner, c'est alors l'État qui se destine tout doucement au désastre et au grand enterrement. Nous ne lui enverrons pas des fleurs ! 

Illustration en tête d'article : Photographie de Doisneau
 
METAMAG

Commentaires

  • Inutile de se torturer les méninges, tout est conforme au Plan, ce n'est qu'un moment dialectique, la continuation de la destruction forcenée et "obligatoire " de la France, la seule, la Grande, cette France qui refuse de crever et encore moins de mourir, celle qui au final, va leur coller ses poings sur la gueule et leur dire un Merde retentissant.
    Ni hommes de l'ombre, ni FuMier, ni ordo, ni chaos, n'auront raison d'Elle.
    Le Peuple Français sait qu'il ne doit compter que sur lui-même avec l'aide de Dieu uniquement, il y a assez de prophéties pour notre Patrie, et son Histoire est jalonnée des chutes de ses ennemis, la gueule dans la poussière.
    Le gros lardeux occupé à découper nos régions, les guen-illes de service, finiront dans les poubelles de l'Histoire comme l'a si bien écrit Raspail dans son livre : SIRE !

  • "faire une communauté" d,abrutis et de dégénérés ,impeccable !! plus facile à manipuler . .!!
    quant à l,état , il a cessé d,exister . .!!
    salutations.

Les commentaires sont fermés.