Elections européennes 2014 Pour Janusz Korwin-Mikke, probable allié du FN au parlement européen, l'UE est un "projet communiste"
Pour former un groupe politique, le FN pourrait s'allier avec un parti polonais ultralibéral et réactionnaire. Un mariage qui s'annonce difficile.
| 11/06/2014, 10:43
Selon les informations parues mardi 10 juin sur le site Europolitics et confirmées à demi-mots ensuite par le FN et la FPÖ autrichienne, les conditions à la formation d'un groupe politique autour de Marine Le Pen au Parlement européen seraient réunies. On se souvient que pour former un groupe, il faut disposer de 25 élus issus de sept pays différents. C'est ce dernier point qui posait problème jusqu'ici au parti français car il lui fallait trouver des alliés, notamment en Europe de l'est et en Scandinavie.
Tâche difficile
Or, la tâche n'était pas aisée : beaucoup de petits partis nationalistes d'Europe centrale sont en effet très libéraux sur le plan économique et sont également très méfiants vis-à-vis de la Russie. La sympathie affichée par le FN pour Vladimir Poutine dans la crise ukrainienne et les tendances « colbertistes » du parti français ont donc de quoi effrayer plus d'un de ces partis qui ont préféré s'allier avec le UKIP britannique, malgré les critiques de ce dernier concernant l'immigration en provenance d'Europe centrale au Royaume-Uni.
Victoire lituanienne pour le FN
Concrètement, le FN pouvait compter sur quatre alliés « sûrs » : la FPÖ autrichienne, le PVV néerlandais de Geert Wilders, les Flamands du Vlaams Belang, la Ligue du Nord italienne. Manque donc deux alliés de deux pays différents. Il semble désormais acquis que le parti Ordre et Justice lituanien (TT) quittera le groupe EFD du UKIP pour rejoindre le groupe du FN. Ce parti a été fondé par l'ancien président Rolandas Paskas, destitué en 2004 après deux ans de mandat pour des soupçons de corruption en rapport avec un homme d'affaires russe. Le TT est un parti constitué autour de son leader, eurosceptique mais favorable en 2004 à l'adhésion à l'UE, libéral mais capable de s'allier à l'occasion avec les sociaux-démocrates. Le ralliement des deux députés du TT (qui a obtenu 14,3 % des voix le 25 mai) est une bonne nouvelle pour le FN. Mais il manque encore un parti.
Tout dépend de la KNP polonaise
Tout va donc dépendre de la décision de Janusz Korwin-Mikke. Cet homme de 72 ans est le leader du parti polonais KNP (Coalition de la nouvelle droite). Le 25 mai, ce parti est arrivé avec 7,15 % des voix en quatrième position en Pologne et il a obtenu 4 élus. C'est la première fois que ce parti créé en 2003 a réussi à glaner des élus. Janusz Korwin-Mikke, qui sait son pouvoir sur la formation des groupes a déjà évoqué une alliance avec le FN avant de se rapprocher d'EFD puis, donc, de flirter à nouveau avec le FN. Selon Jacek Pawlicki, journaliste à Newsweek Polska, qui l'a contacté pour La Tribune, « Janusz Korwin-Mikke affirme ce mercredi que les négociations sont encore en cours et qu'il ne peut ni confirmer ni démentir une alliance avec le FN. » Voilà qui expliquerait que le groupe constitué autour de Marine Le Pen ne serait annoncé officiellement que la semaine prochaine.
Peu de points communs
Mais qui est donc cet « ovni » de la vie politique polonaise ? On cherchera longtemps les points d'accord programmatiques avec le FN français. Certes, Janusz Korwin-Mikke ne cache pas sa fascination pour Vladimir Poutine, une étrangeté dans une Pologne très inquiète d'une renaissance possible de l'impérialisme russe. Certes, il veut aussi « démanteler l'UE. » Mais les comparaisons s'arrêtent là.
Un vrai libéral
Car Janusz Korwin-Mikke est d'abord et avant tout un ultralibéral radical. Pour lui, l'UE est un « projet communiste » qui érige des règles inutiles et promeut l'étatisme. La défense affichée par le FN de Marine Le Pen du « welfare state » à la française doit faire hérisser les rares cheveux qui demeurent sur la tête du leader de la KNP. Car son projet économique est beaucoup plus simple : en finir avec les aides sociales, avec la sécurité sociale, avec le droit du travail et baisser les impôts au maximum en réduisant le rôle de l'Etat au strict minimum. Janusz Korwin-Mikke se dit partisan de la pensée de Friedrich Hayek, mais ce dernier même serait bien embarrassé d'une telle descendance.
Un vrai réactionnaire
Car l'homme a une autre facette : un conservatisme social et politique qui confine à la réaction. La KPN veut ainsi en finir avec le droit de vote des femmes. Pour une raison simple : « les femmes sont plus stupides que les hommes et ne devraient pas être autorisée à voter. » On imagine l'ambiance lorsque Janusz Korwin-Mikke devra s'afficher aux côtés de Marine Le Pen ! Autre particularité, le leader de la KNP a beaucoup de mépris pour la démocratie, « le régime le plus stupide qui n'a jamais existé. » On est loin de la volonté du FN de « rendre la parole au peuple. »
Janusz Korwin-Mikke promet « un bruit d'enfer »
« Beaucoup de Polonais le considèrent comme un fou dangereux », estime Jacek Pawlicki. « Son programme, c'est de la science-fiction politique, mais il est parvenu à séduire les déçus du discours dominant et il a notamment beaucoup de succès chez les jeunes », poursuit-il. Selon le journaliste, Janusz Korwin-Mikke « va utiliser le parlement européen comme une plate-forme pour la politique intérieure polonaise. » Son ambition sera d'entrer au parlement l'an prochain pour devenir l'allié incontournable des conservateurs du PiS de Jaroslaw Kascynski. En 2011, la KNP n'avait obtenu que 1,06 %. Son succès aux Européennes lui donne donc de l'espoir. Mais pour cela, il va devoir se faire entendre. Janusz Korwin-Mikke a ainsi promis qu'il fera « un tel bruit d'enfer » au parlement durant les trois premiers mois de son mandat que ses collègues « vont se souvenir de lui pendant longtemps. »
Allié encombrant
Cet allié pourrait donc devenir rapidement encombrant pour Marine Le Pen qui devra expliquer pourquoi elle défend le protectionnisme devant les ouvriers du nord de la France et s'allie au parlement européen avec un ultralibéral forcené comme Janusz Korwin-Mikke. Elle devra aussi prendre garde aux sorties verbales de cet homme qui ne semble guère préoccupé par un souci de « dédiabolisation » et ne semble pas reculer devant une certaine clownerie. Faire taire Janusz Korwin-Mikke sera donc sans doute plus difficile que faire taire Jean-Marie Le Pen… Bref, le FN prend un risque en acceptant un tel allié. Mais il n'a guère le choix. Une alliance avec les néo-nazis d'Aube Dorée, du NPD ou de Jobbik serait pire sur le plan de l'image. Et il n'existe aucune autre alternative pour trouver des partis issus de sept pays différents. Reste que ce nouveau groupe d'extrême-droite, qui pourrait compter 44 membres, devra trouver les moyens d'une unité bien bancale.
LA TRIBUNE
Commentaires
Toutes ces tractations ayant pour but de constituer des "groupes parlementaires" au sein de cette nouvelle "Tour de Babel" que constitue l'assemblée de Strasbourg apparaissent ubuesques! Cela rappelle les problèmes stupides de ppcm et de pgcd auxquels nous étions confrontés dans les problèmes de mathématiques au lycée!...
La démocratie, décidément, mérite bien son surnom de médiocratie!
Evidemment que l'UE n' a rien de libéral !
Malgré les outrances sur certains sujets, comme le vote des femmes, cet homme est le premier à dire la vérité sur la nature de l'UE qui est bien un projet communiste.
Obliger les membres de l'UE à accepter tous les clandestins de la planète et à les entretenir à vie à ne rien faire n'a rien de libéral.
Marine devrait se rapprocher de lui. L'UE est bel et bien un projet communiste, la nouvelle Union Soviétique comme le disait Vladimir Boukovsky dans une vidéo déjà postée sur mon blog il y a quelque temps mais que je crois bon de mettre de nouveau en ligne.
Gaelle
L'UE pratique notamment la "redistribution" forcée tant entre pays européens qu'au bénéfice de pays extra-européens, par exemple en imposant l'immigration de peuplement, et non de travail.
Ce qui aboutit à la misère généralisée; c'est la définition même du communisme.
L'UE , c'est le troskisme en application.
D'ailleurs le passé des dirigeants français en est une preuve flagrante.