Par Jean-Pierre Dickès / le 18 octobre
Le lecteur me permettra de citer une expérience personnelle. Nous avions en commun ma mère médecin et moi une patiente dont l’intelligence avait la taille d’un poids chiche. Elle présentait une béance du col utérin. Quand elle était enceinte, pour maintenir la grossesse, je lui faisais un cerclage du col. Mais si elle ne voulait pas de l’enfant, elle attendait simplement que celui-ci tombe tout seul de son utérus. Nous recueillions alors des bébés absolument minuscules et non-viables. Les larmes aux yeux nous voyions ces pauvres petits chercher désespérément à trouver leur respiration. Ma mère qui craignait le froid pour elle-même les entourait de coton. Nous les baptisions et nous les confions à la miséricorde divine.
Il se présente qu’un certain nombre de pays dont la France permettent des avortements immédiatement avant le terme de la grossesse. Rappelons que le Conseil d’état en France avait décrété que tant qu’un enfant n’était pas sorti du sein de sa mère et n’avait pas respiré, il était une sorte de non-être. Ni minéral, ni végétal, ni animal et même pas humain.
Or des situations comme celle décrite ci-dessus peuvent arriver dans le cadre des avortements légaux. Après des manœuvres abortives ratées, des fœtus peuvent arriver au monde tout à fait vivants. Ils sont alors considérés comme des enfants et doivent bénéficier de l’aide de la médecine. Or en Angleterre, ces enfants sont étouffés, jetés aux ordures comme déchets hospitaliers ou dans l’incinérateur alors qu’ils ont toutes les chances de survivre. Au moins 66 cas de ce genre ont été rapportés l’an dernier. Ce sont des infanticides légaux. L’Europe peut-elle les accepter ?
Le 31 janvier dernier un député espagnol du Parti Populaire Européen, Ange Pinto a soumis cette question au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe. Cette demande devait être appréciée en fonction de la Convention européenne des droits de l’homme. Apparemment, la réponse est tombée le 9 juillet après des mois de retard. C’est « Non ! ». Les sinistres ont montré une réticence à affronter le fait que les nouveaux-nés sont laissés agoniser sans soins, ou sont euthanasiés illégalement, ce qui soulève la question de l’avortement tardif au-delà du seuil de viabilité. Leur réponse à la question 655 de M. Pintado était qu’il y avait « un manque de consensus entre eux » sur cette question. Réponse à la Ponce-Pilate. « Je me lave les mains du sang de cet innocent ».
À ce stade, plusieurs délégations nationales ont suggéré une nouvelle réponse réaffirmant le principe fondamental du droit à la vie, l’interdiction des traitements inhumains et dégradants, et le droit d’accès aux soins de santé de chaque personne, sans discrimination en ce qui concerne les circonstances de la naissance. D’autres ont demandé que soit redéfini un seuil de viabilité du fœtus ; lequel avait été fixé par le code Napoléon à six mois de grossesse soit 28 semaines) alors que pour l’Organisation Mondiale de la Santé il est de 22 semaines. Peine perdue ! La patate chaude sera peut-être refilée au Conseil de l’Europe qui à la demande d’un particulier fera éventuellement cesser le massacre qui continue…
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