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Marseille : reportage au coeur des cités de la drogue

 

Marseille / Publié le Lundi 20/10/2014 à 07H08 - mis à jour à 10H56
 

Deux reporters de "La Provence" ont sillonné les cités, se faisant passer pour des "clients" pour mieux comprendre le phénomène.

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A la cité les Micocouliers, la vente se fait "sur la place publique", devant une épicerie...

Photo Patrick Nosetto

 
 

Un reportage sur les trafics dans les cités de Marseille. Un de plus. Quel intérêt ? C’est vrai que tout semble avoir été dit sur les marchés florissants de la drogue. Mais cette fois, nous avons décidé d’approfondir. Ou plutôt d’élargir en allant au contact des trafiquants, en jouant les acheteurs pour mieux les approcher et comprendre. Bassens, Castellas, Micocouliers, Paternelle, Lauriers, Solidarité et Castellane. Combien sont-ils par réseau ? Règnent-ils sur la cité ? Puis que proposent-ils ? À quel prix ? Reportage...

Par où commencer ? Le trafic est si florissant. Les dealers sont partout. Cap sur le 15e. Notre périple débute par une cité tristement réputée. Bassens où les guetteurs sont aux aguets lorsqu’ils aperçoivent notre véhicule. Alors qu’on décide de sortir à deux, c’est le blocage. Un jeune d’environ 17 ans s’interpose et lance : "Oh, vous faites quoi là ? Si c’est pour toucher (acheter, dans le jargon du deal), il y en a un qui reste dans la voiture, l’autre qui y va, c’est la règle.

L'ambiance est tendue

Sous bonne escorte, on s’avance vers un hall d’entrée, où se tient un autre jeune. "Tu veux quoi ? On a du bon shit. C’est qui lui là-bas dans la voiture, c’est ton père ? T’es jamais venu toucher ici toi", indique-t-il, partagé entre instinct commercial et méfiance. L’ambiance est tendue.

On repart rapidement avec trois barrettes de shit pour 30 euros, alors que les guetteurs semblent de plus en plus circonspects. Direction le Castellas (15e), où l’accueil est radicalement différent. Un jeune d’une vingtaine d’années, casquette et survêtement du Real Madrid, nous oriente avec le sourire vers une petite impasse. "Vous pouvez pas vous tromper, tout droit, après le snack", lance-t-il, jovial, avant de nous demander une faveur étonnante. "Tenez, voici 2 euros, quand vous voyez mon collègue, dîtes lui de m’acheter une part de pizza, et donnez-la moi quand vous redescendez. Vous êtes cool merci !" Ça donne faim le deal.

La vente sur la place publique

On s’engouffre dans un cul-de-sac plus loin. Là, un vendeur déboule, synchro ! Cette fois, on demande un pochon d’herbe. "On est en rupture, mais on a du shit, de la CC (cocaïne), et de l’héroïne très pure, à 150 euros le gramme", clame-t-il. On lui prendra finalement une petite barrette de shit à 10 euros. "Merci, revenez quand vous voulez et dites à mon collègue que pour la pizza c’est mort, le snack est fermé".

En partant, on recroise le guetteur qui s’approche et nous glisse un petit bout de shit. "C’est cadeau, à bientôt".

On reprend la route vers Les Micocouliers (14e), un haut lieu du trafic. L’atmosphère y est pesante. Trois jeunes qui squattent une vieille voiture sans permis s’approchent, menaçants. On baisse la vitre conducteur. "Soulevez-vos t-shirts, montrez-nous vos poches !", intime l’un d’eux. Au cas où on serait armés. "Je vais vous fouiller le coffre", ajoute-t-il. Après avoir montré patte blanche, on roule vers le haut du quartier jusqu’à un magasin qui n’a d’alimentation que le nom. Là, des ados en survêts de foot nous accostent, sympas. Un pochon d’herbe svp ! "C’est 20 euros, je vous cherche ça. Vous ne voulez pas de la coke, 80 euros le gramme ?" On refuse et il s’éloigne pour chercher le pochon dans un vieux frigo placé sur le trottoir, au vu de tous les habitants. C’est ce qui s’appelle régner sur la cité. "Vous verrez, c’est de la bonne. Revenez me voir si besoin, je travaille toute la journée, et même le soir".

On enchaîne avec la Paternelle (14e) et son décor apocalyptique...

Retrouvez la suite de ce reportage dans notre Edition Abonnés. Mais aussi : "Le trafic générerait 10 à 12 millions d'euros par mois" et "Voilà comment tout a commencé, à la fin des années cinquante"

 

La Provence

Commentaires

  • Hallucinant ! Il est impossible que la police n'en sache pas infiniment plus sur ce marché que ces simples reporters ! Conclusion : le marché de la drogue est devenu un moyen officieux, (et quasi officiel !) de contrôler la paix sociale et ethnique.
    On le savait, mais la démonstration est incontestable !
    Pourriture en haut, pourriture en bas : tout concorde !

  • Dirk, la police ne peut entrer en uniforme et voiture dans ces cités réellement interdites! Mais ils ont été trompés par les reportes déguisés en clients...

    Je crois que seul Mussolini était venu à bout de la mafia en arrêtant tous les chefs en même temps et en les déportant aux îles Lipari? Mais il n'y avait pas téléphone portables à l'époque...

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