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Le traumatisme des victimes de la Stasi, toujours vif 25 ans après

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Berlin - Musée de la Stasi

par Alexandra Hudson

COTTBUS, Allemagne (Reuters) - Si dimanche certains célébreront le 25e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, pour bon nombre de victimes du régime est-allemand, il est encore trop tôt pour fêter quoi que ce soit, car ils ne sont toujours pas sortis de leur traumatisme.

"Bien sûr, les anniversaires, c'est une occasion de se pencher sur le passé et de commémorer le passage de la dictature à la démocratie", reconnaît Rainer Wagner, à la tête de l'ONG UOKG, qui regroupe d'anciennes victimes du régime.

"Mais il est glaçant de voir d'un côté tous ces discours et, de l'autre, un Etat et une société qui hésitent à verser des dédommagements ou à traduire en justice les anciens persécuteurs", ajoute-t-il.

Quelque 250.000 personnes furent jetées en prison et interrogées pour des raisons politiques entre 1945 et 1989, souvent pour le simple fait d'avoir exprimé le désir de quitter la RDA. Des millions de personnes avaient, elles, pu fuir avant que la frontière ne se ferme totalement.

Aujourd'hui, nombre de ceux qui furent emprisonnés pour raisons politiques, ou se virent retirer la garde de leurs enfants parce que l'Etat ne les jugeaient pas aptes à être de bons parents, sont toujours sous le choc. Leur traumatisme est d'autant plus grand qu'ils attendent encore justice et reconnaissance, comme le rappelle l'UOKG.

A la réunification, en octobre 1990, le nouveau gouvernement s'était attelé à la mission herculéenne d'enquêter sur les crimes de l'ex-RDA, s'engageant à dédommager et à réhabiliter ceux à qui du tort avait été causé, et à expliquer leurs souffrances aux générations futures.

Tâche difficile : début 2013, le gouvernement allemand notait lui-même l'existence de "deux tendances préoccupantes concernant l'ex-RDA: d'un côté une tendance à minimiser la dictature, voire à l'idéaliser; de l'autre, une ignorance totale".

Nombre de ceux qui souffrent physiquement ou psychologiquement des suites de leur détention et autres persécutions sont incapables de travailler, et ils n'ont que de maigres subsides de l'Etat pour survivre alors que les anciens fonctionnaires est-allemands touchent de bonnes pensions, estime Rainer Wagner.

DÉDOMMAGEMENT

Lors d'une soirée-débat sur les effets des persécutions, près de la Porte de Brandebourg, où des milliers de personnes sont attendues dimanche pour fêter le 25e anniversaire de la chute du Mur, certaines anciennes victimes du pouvoir est-allemand ont raconté à quel point il était encore difficile de convaincre leurs enfants que l'opposition au régime avait été la meilleure voie à suivre, alors même que certains anciens membres du Parti bénéficient toujours d'un statut social enviable.

Rainer Wagner s'est fixé un cap : que les anciens persécutés du régime touchent des pensions ou des revenus au moins équivalents aux anciens fidèles du régime.

Parmi les injustices frappantes, il relève le cas d'anciens membres du parti est-allemand qui ont étudié les techniques de répression dans une université de la Stasi et qui ont toujours le bénéfice de leurs diplômes, touchant de ce fait de confortables salaires ou pensions de retraite.

Certains locaux de la Stasi ont été transformés en musées ou lieux de mémoire, tout comme plusieurs anciennes prisons du régime est-allemand. Les victimes du régime sont appelées régulièrement à intervenir devant des classes, et des services et des groupes de soutien ont été mis en place pour les aider à surmonter leur traumatisme.

La question des dédommagements financiers s'avère en revanche plus délicate.

Une série de lois de réhabilitation ont permis de blanchir les prisonniers politiques des accusations portées à leur casier judiciaire par le régime est-allemand, et leur ont alloué une somme sur la base de 306 euros par mois d'emprisonnement, de même qu'une "pension de victime" mensuelle de 250 euros s'ils ont été incarcérés pendant plus de six mois.

D'autres lois ont tenté d'apporter une réponse aux autres préjudices causés par le régime, décisions juridiques ou entraves au développement de carrières professionnelles. Mais les dossiers sont difficiles à établir, souligne l'UOKG. Selon les Länder, 50 à 67% d'entre eux donnent lieu à une réponse favorable.

D'après un rapport fédéral de 2013, l'Etat a versé au titre des dédommagements 1,2 milliard d'euros entre 1993 et 2011.

ENFANTS "CONFISQUÉS"

A une heure trente de route de Berlin se trouve la ville de Cottbus, dont le pénitencier du XIXe siècle a servi de prison aussi bien sous le IIIe Reich que sous le régime de la RDA.

A l'extérieur, Katrin Behr, qui a 47 ans et fut enlevée à sa mère alors qu'elle en avait quatre et demi, a affiché plusieurs centaines d'avis de disparition d'enfants et de parents qui sont toujours à la recherche d'un proche après en avoir été séparé par l'Etat est-allemand.

Certains de ces enfants sont nés en 1988, un an seulement avant la chute du Mur. Aujourd'hui encore, nombre de ceux qui recherchent un membre de leur famille se disent oubliés parce que leur condition n'a pas été reconnue officiellement et qu'ils n'ont reçu aucune forme de dédommagement.

Katrin Behr, qui a été adoptée par une famille fidèle au régime, n'a découvert qu'après la chute du Mur sa réelle identité et appris la vérité: sa mère avait été jetée en prison parce qu'on l'avait surprise en train de dire qu'elle voulait quitter le pays.

Aujourd'hui Katrin Behr dirige un service qui gère les cas de 1.700 cas d'enfants disparus ou de familles en quête d'un proche disparu.

"Il fallait trouver un moyen de me prouver que tout ce qui m'était arrivé ne l'avait pas été pour rien", dit-elle.

(Eric Faye pour le service français, édité par Henri-Pierre André)

Yahoo!Actu  07 11 14

 

Commentaires

  • Facile de s'en prendre à la défunte RDA ! Cela évite de combattre un totalitarisme bien plus redoutable qui envahit subrepticement tout l'Occident sous couvert de le protéger .
    Le " monde libre " n'assure pourtant pas le plein-emploi ,ni la protection de la population contre les risques sociaux , il ne parvient pas même à garantir la sécurité publique . Ajoutez que la population de l'Etat est-allemand était quasiment homogène .
    Etudiant un camarade de Khâgne m'entraîna à la découverte de cette partie alors décriée de l'Allemagne . Nous passâmes trois semaines à l'Université de Leipzig , découvrant une population disciplinée et ardente au travail . Quelques années plus tard j'ai enseigné deux ans à l'Université d'Iéna et j'en garde un souvenir plutôt bon . La propagande omniprésente m'a laissé , je l'avoue , de marbre .
    Ce qui me chagrina , ce fut de découvrir " fermée pour inventaire " la maison-musée " d'Ernst Haeckel , naturaliste darwinien à l'origine de l'écologie et dont les théories se concilient mal avec la vulgate démocratique imposée à l'Est comme à l'Ouest .
    Pire encore , déambulant dans les rues de la charmante petite ville de Rudolstadt je tombais sur une maison d'allure abandonnée , celle où Arthur Schopenhauer rédigea sa thèse de doctorat .
    Crime des crimes , tout ce qui évoquait ce géant de la pensée que fut Nietzsche était proscrit . L'un de mes étudiants , un architecte , m'accompagne tout au long de mon pèlerinage .
    C'était le secrétaire du SED de l'Institut qui m'employait .

  • La Stasi travaillant avec le KGB! Merveilleuse RDA, où les enfants étaient "confisqués" aux parents qui pensaient mal!
    Vous êtes un bolchevique dans l'âme (si tant est que vous ayez une âme) et vous ne manquez jamais d'étaler votre propagande pour les paradis soviétiques.
    Mais à quoi servait ce mur selon vous?

    Pardonnez-moi, mais vous devenez lassant.

  • Albert, boursouflure de narcissisme et d' égocentrisme ,juge de la qualité d'un pays en fonction de l' accueil qui lui y a été réservé.
    La RDA était un pays du tiers-monde, dans un état de délabrement très avancé. Les individus étaient traités comme du bétail, en particulier les sportifs tous dopés à mort pour cause de propagande communiste.
    L 'homogénéité ethnique était courante à l' époque dans toute l'Europe et personne ne se pressait pour vivre en enfer communiste.
    L' idéologie communiste prévoit la destruction des Nations et le métissage mondial. Arrêtez Albert votre shoutzpah ou takkia.
    Le monde libre, dit avec mépris, Albert n' assure pas le plein emploi et la protection contre les risques sociaux, contrairement à la RDA, hein..... le plein emploi en pays communists est fictif et la situation médicale est celle du tiers-monde.
    Mais consolez-vous , Albert, la France a tout d' un pays communiste même si vous vous plaignez qu'il n' y ait encore pas assez de social.

  • Gaëlle ,
    Je vous félicite car vous êtes une psychologue fort perspicace .
    Bolchevique dans l'âme ! Vous êtes la première à faire cette découverte et vous me flattez . Mille fois merci .
    Tel n'était pourtant pas l'avis de ma prof. de philo. de Khâgne , fille d'un dirigeant du PCF ( major à l'agreg. de sciences nat. qui termina au Collège de France comme prof. de biologie ) et dont la mère dirigea ENS de Sèvres .
    L'opinion de la majorité m'indiffère . La grande découverte de ma vie fut celle du monde sinisé , de Singapour en particulier .
    Enfin vous savez tout de même à votre âge que chacun d'entre nous renferme en soi son propre paradis ou son propre enfer .
    NB Ernst Haeckel , Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ne sont pas des lectures de bolchevique . Loin de là !
    - votre argument massue : le passage à l'Ouest . Seriez-vous favorable à l'immigration ? Peut-être ...
    Pour ma part j'y suis fort hostile . Les seules réserves que je ferais concerneraient des personnalités d'exception . La masse , je m'en fous .

    Cordialement

  • @Gaelle : étant l'épouse d'un allemand (de l'ouest), et ayant des amitiés avec des familles de l'ex RDA, je puis vous dire que le tableau est loin d'etre aussi manichéen que vous le pensez.
    Nombreux sont ceux, les "anciens" maintenant, de notre classe d'age, chère Gaelle, mais pas seulement, qui REGRETTENT j insiste, pour leurs enfants, précisément le taux de chomage à ZERO (confort inoui !) , la discipline, la population homogène, la SECURITE, le sens aigu de la solidarité parmi la population compte-tenu d'une pénurie matérielle (jamais alimentaire toutefois, c'est important de le signaler meme si le choix des produits était restreint, les quantités y étaient), pléthore de logements sociaux convenables et bien chauffés, ainsi que les cadences de travail. Pas de suicide là par surmenage ou harcèlement pour la productivité au travail, chacun pouvait "paresser" dans l'ordre à sa guise ou pas, selon son caractère.
    Nous connaissons certes les autres restrictions antipathiques qui nous paraissaient, en particulier avant 1968, tout à fait insupportables dans notre douce et belle France des trente glorieuses, avec le plein emploi, les écoles et lycées bien sévères, les murs propres, la petite délinquance très faible, on ne connaissait que la pègre ou les grands criminels qui n'affectaient quasiment pas l ensemble de la population à 95% FDS ou immigrés travailleurs de pays latins.
    Et en 2014 ? quand on habite certaines banlieues, ou pas d' ailleurs.
    Vous comprenez que la comparaison s'établit maintenant sur d'autres fondements et que seuls les Francais qui vivent des dans régions ou villes privilégiées (dont je fais encore partie), et surtout fonctionnaires ou encore aisés, peuvent continuer à aimer notre malheureux pays. Les victimes modestes, sans emploi, au coeur du "feu" et dans l'impossibilité de déménager, préfèreraient peut-etre bien ce modèle que vous fustigez.
    PS: La majorité des enfants restaient tout de meme chez leurs parents.

  • Décée, je ne fustige rien, je n'ai pas vécu en RDA. Il est évident qu'on préfère manger que de mourir de faim. Cela me fait un peu penser à la fable du loup et du chien...
    Mais on ne mourait pas de faim à l'Ouest!

    Tout dépendait de votre docilité au Parti, des services que vous lui rendiez... de votre obéissance, de votre soumission au régime.
    Il n'y aurait eu qu'un seul cas d'enfant "confisqué" en raison des opinions politiques de ses parents que ce serait déjà monstrueux.
    Mais puisqu'on pouvait vivre heureux en Allemagne de l'est, sans désir de s'enfuir, pourquoi la construction de ce Mur, pourquoi ces miradors, ces barbelés, ces check-points, cette Stasi, ces vopos ? Et pourquoi tant et tant d'Allemands de l'est se sont précipités à travers les brèches de ce Mur pour trouver la liberté "de l'autre côté" ???
    Et pourquoi aussi ces fêtes pour célébrer la Chute du Mur? - Des esprits manichéens sans doute...

  • Nietzsche, un géant ? Oui de la connerie pseudo philosophique, ennemi des fables, des petits, pour lui , seule la force comptait , il est mort fou.
    Le diable crève ses montures .

  • @ albert: votre ironie facile prouve que vous n'osez pas me répondre franchement: "oui je suis un communiste et je suis fidèle à mes convictions".

    Il n'y a pas d'immigration entre Allemands de l'Est et Allemands de l'Ouest: c'est le même peuple !!!

    Vous n'êtes pas un peu las de répéter toujours les mêmes choses et de servir toujours les mêmes tartines de confiture soviétique ?

  • Lisez , je vous ai répondu .
    Non , je ne suis pas communiste . Je ne suis pas marxiste non plus . Cela ne m'interdit pas d'admirer le sociologue économiste que fut Marx . Le philosophe , c'est zéro .
    Ma prof de philo de CPGE ne m'aimait pas car je n'acceptais rien .
    " La citation que je vous ai livrée il y a deux jours était incomplète . Permettez-moi de la compléter :
    " le christianisme est essentiellement égalitaire et communiste " ( Clémence Royer )
    S'il y a lieu de chercher un communiste , il n'est pas là où vous le croyez !
    Mes convictions ! Je ne veux pas de l'Islam ou de l'Afrique en Europe . Pire encore : je crois que les races humaines sont inégales et que nous n'avons pas besoin d'aller quérir un prolétariat en Afrique . La natalité pléthorique des moins doués des nôtres nous a suffisamment bien pourvus en prolétaires .
    Je ne donne pas dans le sublime . Désolé !
    Amicalement , en dépit de nos petites divergences .

  • Voilà à peu près ma profession de foi.

    http://www.youtube.com/watch?v=Z1OUbJnPMwI


    Un conférencier remarquablement perspicace, proche me semble-t-il de l'AF.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/11/10/p-y-rougeyron-poutine-et-la-chine-5485251.html

  • Sans vouloir m'immiscer dans l'échange de commentaires,je me souviens avec effroi de témoignages d'amis allemands et roumains (eux aussi,sans "mur" ont vécu le règne du génie des Carpates,où les enfants espionnaient leurs parents pour les dénoncer). L'homme est faible et le jouet des systèmes puissants et l'on peut comprendre qu'asservi comme il le fut par les états totalitaires communistes,il ait préféré du pain et la gratuité des services médicaux,sociaux,etc.
    La fable du loup et du chien que vous évoquez,Gaëlle,est l'image que je trouve la plus juste pour décrire l'univers bolchévique.

  • Chère tania, merci pour votre témoignage! J'en ai assez d'entendre chanter les louanges de ces dictatures communistes abjectes, sous lesquelles les gens vivaient dans la terreur et la misère. Bien sûr, si on faisait partie des apparatchiks, le point de vue change!

    Amitiés

  • C'est truffé de cocos ici.
    Un seul point tranche le débat: on ne cherchait pas à fuir l' Ouest, on cherchait à fuir l' Est.
    Le reste , c'est du baratin d' anciens apparatchiks qui se gargarisent de leur culture livresque et de leurs fréquentations hyper diplômées.
    Cet éloge des dictatures les plus abjectes de l' histoire de l' humanité est révoltant.
    @ turigol
    Nietzche est un géant, mais qui aurait classé Albert et Cie dans la catégorie des araignées venimeuses tapies dans leur grotte.

  • Anonyme ,
    ça vole bas , bien bas .
    Il m'est pénible de me voir attribuer des idées que je n'ai jamais eues .
    - vous avez bien mal lu Nietzsche . Je n'ose pas reproduire ses arguments .
    J'ai reçu " Zarathoustra " en 1961 comme premier prix de philo à l'issue de ma classe de " Math. Elem " . Rassurez-vous , d'autres prix et accessits me furent alors attribués .
    Et depuis je n'ai point changé . Je ne fais aucun cas du populo .
    ça me gêne un peu la déchéance des hommes de ma race .
    Des théories socialistes , je retiens surtout l'eugénisme .
    Soyez certain que je me fous de ce que vous pensez ou pas !

  • @ Gaelle et anonyme : aucun système, religion, peuple ... n'est jamais tout noir. Le monde ne comprend à quelques rarissimes exceptions, que des nuances de gris. Comme nous sombrons dans le plus en plus foncé dans l'Occident (nouvelle définition), nous pouvons tout de meme nous interroger concernant les différents modes de souveraineté.
    Et je persiste par mes relations personnelles à comprendre (sans adhérer à l'ensemble) comment on pouvait trouver certains avantages à la RDA, je ne puis parler d'autres pays que je ne connais pas personnellement, mais je connais la contre-propagande en revanche !
    Le modèle le plus adapté pour nous ce qui me concerne fut, certainement pas le communisme, mais celui du début de la démocratie parlementaire et des 30 glorieuses.

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